La tragédie qui a mis Dallas à feu et à sang est épouvantable et les gestes posés par le forcené, Micah Johnson, sont impardonnables.

Cela dit, c’est ce qui arrive lorsque la population commence à perdre confiance dans ses forces policières.

LE REMPART S’EFFRITE

La police est censée être le dernier rempart contre l’anarchie.

Regardez ce que l’on fait quand un pays dévasté par la pauvreté et des guerres intestines sombre dans le chaos, la violence et la sauvagerie. On leur envoie des flics afin d’aider les autorités en place à mettre sur pied une force policière digne de ce nom.

Pas de police, pas de civilisation.

Voilà pourquoi les policiers doivent être au-dessus de tout soupçon. Ils incarnent (ou ils devraient incarner) les valeurs les plus nobles d’une société.

L’honnêteté, la justice, l’intégrité, le courage.

Quand tes forces policières, qui sont censées tenir à bout de bras les valeurs fondamentales de ta société, sont gangrenées par la corruption et le racisme, tout fout le camp.

Rien de pire qu’une population qui a perdu confiance dans ses institutions – surtout dans ses forces policières.

Or, c’est ce qui est en train de se passer aux États-Unis.

On ne parle pas ici d’un pays du tiers-monde, de l’Irak ou de la Somalie, mais de la plus grande puissance sur Terre.

«Si Dieu n’existe pas, alors tout est permis», disait Dostoïevski. De même, on pourrait dire: «Si la police en tant que force morale n’existe plus, si elle ne joue plus son rôle de gardienne des valeurs les plus élevées de notre pays, alors tout est permis. Il n’y a plus de loi qui tienne...»

O. J. SIMPSON ET LE RETOUR DU BALANCIER

Voilà pourquoi le racisme qui gangrène les forces policières américaines est si dangereux.

Parce qu’il est injuste, bien sûr. Parce qu’il présuppose que tout Noir est un criminel en puissance. Parce qu’il ramène le pays 60 ans en arrière. Parce qu’il est profondément immoral.

Mais aussi parce qu’à terme, il menace la société américaine au grand complet.

Pensez à ce qui s’est passé lors du procès d’O. J. Simpson.

Tout le monde savait que l’ex-footballeur vedette avait tué sa femme et son ami (l’extraordinaire série The People versus O. J. Simpson le démontre clairement). Mais les Noirs qui siégeaient au jury ont refusé de le déclarer coupable.

Pourquoi? Parce qu’ils en avaient marre de voir des policiers racistes frapper des Noirs sans raison et s’en sortir sans le moindre blâme.

Pendant des années, ils ont vu des flics dont la culpabilité ne faisait aucun doute être innocentés par la Justice. Alors ils se sont dit: «Même si nous savons qu’O. J. est coupable, nous allons l’innocenter quand même. Comme ça, vous aurez enfin une petite idée de ce que nous vivons tous les jours. C’est à votre tour de vous sentir lésés par le système de justice!»

LA COLÈRE GRONDE

C’est ce qui est en train de se passer chez nos voisins du Sud.

Les gens ont de moins en moins confiance dans leurs forces policières et leur système de justice.

Alors la colère gronde, et le presto (gonflé à bloc) menace d’exploser.