En vue des élections législatives du 9 septembre, le premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, se fait chauffeur de taxi - devant la caméra, bien sûr, s'associant ainsi à l'image prolétarienne de ces braves artisans. Cherchant à s'ancrer à bâbord, Philippe Couillard réaffirme que le véritable progressisme loge chez les libéraux face à la «social-démocratie de pacotille» du Parti québécois.
Mais peut-on voir aussi le taxi de Stoltenberg comme un artifice de marketing populiste vide de substance, ce qui n'est pas d'habitude associé au progrès? Et le progressisme de Philippe Couillard, qui garde résolument «le portefeuille à droite», est-il vraiment de gauche?
Tout cela donne le tournis...
Quoi qu'il en soit, le chef du Parti libéral du Québec se trouvait en fin de semaine en compagnie de ses jeunes militants. Lesquels ont adopté des résolutions sur l'attribution des places en garderies subventionnées (prioritairement aux plus démunis); des baisses d'impôt pour les moins nantis; l'octroi de congés payés aux parents d'enfants malades; un cadre réglementaire protégeant les itinérants de la prison pour amendes impayées; une bonification de l'aide juridique.
Ce sont des propositions de nature égalitariste et étatiste, un tandem que l'usage courant désigne comme progressiste.
Tout en l'agrémentant d'un souci économique, Philippe Couillard s'est coulé dans ce décor, qu'il avait lui-même ébauché lors du conseil général de juin dernier. Il avait alors parlé de sa formation comme étant «le plus grand parti progressiste de l'histoire (du Québec)».
C'est pour ainsi dire son taxi à lui.
***
Deux remarques.
D'abord, le chef libéral participe ainsi à la bousculade qui existe depuis des années du côté gauche de l'échiquier politique, comme si se situer ailleurs, et dire franchement en quoi cela consiste, était déshonorant. Ce déséquilibre n'est peut-être pas unique au Québec, mais il y est certainement plus accentué.
Ensuite, et il s'agit d'une constatation que nous avons souvent faite ici, c'est que les grandes «marques» politiques mises en vitrine sur l'axe gauche/droite n'ont plus grand-chose à voir avec la réalité.
C'est pour cette raison que la posture de Philippe Couillard est à ce stade-ci sans conséquence.
La teneur en progressisme réel d'une recette de gouvernance ne se mesure pas uniquement par la quantité d'égalitarisme et d'étatisme versée dans la marmite. Ou par de vagues considérations sur l'économie. On la juge à ses effets: l'action globale d'un gouvernement a-t-elle, la plupart du temps, des retombées surtout positives pour le plus grand nombre possible de citoyens (ce qui est une définition potable du progrès)? C'est pourquoi l'aspirant sérieux au pouvoir présente éventuellement un programme détaillé, chiffré, étudié au point de vue de sa faisabilité.
À la mi-août, nous n'en sommes encore qu'aux images et aux mots.
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