Je dois dire que je suis dégoûté d'entendre, à gauche, au centre et à droite, ceux qu'on croyait des alliés critiquer vertement le Bloc québécois et annoncer sa mort imminente. Ces gérants d'estrade, dont certains proviennent du milieu culturel, ne font qu'encourager les tenants du statu quo et du fédéralisme à détruire encore davantage le mouvement souverainiste, le vrai camp du changement, qui œuvre encore et toujours, est-il besoin de le rappeler, dans l'adversité totale, à contre-courant, encore plus si on le fait depuis la tranchée ontarienne, en plein cœur du parlement canadien, où notre statut de minoritaires francophones est encore plus criant et nous rend des plus vulnérables.
Parmi ces prophètes de malheur et ces donneurs de leçons, il s'en trouve qui reprochent aux souverainistes de n'avoir pas fait leur «mea culpa» à la suite de la défaite électorale du 7 avril 2014, de n'avoir pas fait «un vrai bilan», de ne pas s'être regardé «réellement dans le miroir», de ne pas avoir renouvelé «réellement son discours», de ne pas donner «de réels pouvoirs aux jeunes qui montent». On parle d'establishment qui refuse la transition et d'absence de projet emballant, en passant sous silence la solidarité sociale. Et ces reproches sont en général recueillis dans La Presse, qui ne se fait jamais prier pour écraser les souverainistes. Wow!
Mais sur quelle planète vivent ces critiqueux à temps plein? Un rapide coup d'œil sur la liste des candidats du Boc aux prochaines élections fédérales montre clairement que les jeunes y sont bien représentés. La seule chose qu'on peut déplorer, c'est qu'il n'y a que vingt-deux femmes parmi les soixante-dix-huit candidats que présente le Bloc québécois. Il faut dire que dans l'inconfortable posture où se trouvait le Bloc au moment du déclenchement des élections, il est normal que les candidats ne se sont pas bousculés au portillon. D'où le courage et l'audace de ceux et celles qui se sont lancés dans l'aventure, sans filet et sans grands moyens. Pour ma part, ils ont toute mon admiration et ma gratitude, peu importe les résultats finaux.
Mais je me demande: est-ce que le NDP/NPD, dont on dit qu'il est en avance au Québec, ce parti du double discours dirigé par le grossier Tom Mulcair (vous vous souvenez de sa remarque à l'ancien ministre péquiste Bernard Duhaime: «J'ai hâte de te voir en prison, vieille plotte», pour laquelle il fut condamné à payer 95 000 $ à l'insulté), a renouvelé «réellement» son discours, et qu'il offre de réels projets emballants aux jeunes?
Est-ce que le vieux PLQ de Couillard a renouvelé son discours et a donné des réels pouvoirs aux jeunes, ce qui lui aurait permis de gagner les dernières élections?
Foutaise que tout cela. Ces deux vieux partis n'ont pas inventé le bouton à quatre trous et ils n'ont en rien renouvelé le discours électoral. Ils ne font que faire tourner la bonne vieille machine à propagande, avec leurs promesses réchauffées et leurs mensonges habituels, avec l'appui des grands médias de communication. C'est dans cet appui sans équivoque des médias qu'il faut chercher la raison de leur succès.
Dans le cas du PLQ, il y a, en plus, les retours d'ascenseurs, les caisses occultes, alimentées par les grandes firmes bénéficiaires des juteux contrats gouvernementaux. On apprend ainsi que la seule firme Dessau a versé illégalement quelque 100 000 $ au PLQ pendant une dizaine d'années. Si je sais bien compter, ça doit friser le million de dollars. Est-ce ainsi qu'on renouvelle le discours? C'est plutôt ainsi qu'on gagne ses élections.
Faudrait être aveugle pour ne pas voir que La Presse et Radio-Canada ne sont pas neutres dans cette bataille. Ils affichent leurs couleurs et leur parti pris, sans crainte de représailles. Ils sont résolument pour le maintien du Québec dans ce Canada où tous les jours, pourtant, nous perdons du terrain. Ces deux gros joueurs ne ratent jamais une occasion d'affaiblir le camp souverainiste. On passe sous silence les sondages qui donnent nettement en avance le Bloc québécois dans les régions du Québec pour privilégier les «sondages nationaux» où le Bloc apparaît, bien évidemment, comme une quantité négligeable. On parle de «lente agonie» alors qu'en région, le Bloc est bien présent et livre une lutte de terrain, avec l'huile de coude et le bénévolat de centaines de militants.
Quand ces amis nationalistes, qui sont toujours prompts à donner des leçons de faire aussi bien au PQ qu'au Bloc, oseront critiquer ce grand employeur qu'est Radio-Canada pour son rôle partisan qu'il joue dans cette campagne électorale, au risque, peut-être, de perdre leur job ou de se voir placés sur une liste noire, alors je me dirai qu'ils commencent «réellement» à changer leur discours.
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