COVID-19 : l'Alberta pourrait faire fi de Santé Canada, selon Jason Kenney

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L'Alberta, allié du Québec dans la lutte contre le centralisme d'Ottawa


L'Alberta pourrait faire fi des directives de Santé Canada et utiliser des tests et des médicaments contre la COVID-19 approuvés par d'autres pays, selon son premier ministre, Jason Kenney. De leur côté, Santé Canada et les experts de la santé ne sont pas du même avis.




L'Alberta n'attendra pas que Santé Canada approuve les médicaments, les vaccins ou les tests avant de les déployer si d'autres pays les ont déjà approuvés, soutient son premier ministre, Jason Kenney.


J'ai donné comme direction à nos fonctionnaires de suivre les agences de régulations de médicaments des pays hautement crédibles, dans une juridiction identique, comme l'Union européenne, l'Australie ou les États-Unis, qui a approuvé un test, un vaccin ou des médicaments, a déclaré Jason Kenney.



Nous ne devons pas attendre que Santé Canada comble son retard.


Jason Kenney, premier ministre de l’Alberta


Mardi, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a répondu à son homologue albertain.



Je reconnais que nous sommes dans une situation sans précédent, et que des gens peuvent devenir anxieux et impatients, mais nous allons rester ancrés dans les recommandations de nos experts en santé publique.


Justin Trudeau, premier ministre du Canada


Santé Canada


De son côté, Santé Canada répète qu'aucun médicament ou produit de santé ne peut être commercialisé au Canada sans son approbation.



Pour que les Canadiens aient accès le plus rapidement possible aux produits de santé efficaces contre la COVID-19, Santé Canada accélère l’évaluation de toutes les présentations liées à cette maladie.


Santé Canada


Santé Canada invite les professionnels de la santé qui prescrivent ou qui offrent des traitements expérimentaux à des personnes atteintes de la COVID-19 à communiquer avec lui pour amorcer un essai clinique.


Des spécialistes déconcertés


L'administratrice en chef de la santé publique du Canada, Theresa Tam, a affirmé que Santé Canada dispose déjà d'un mécanisme pour évaluer rapidement l'innocuité et l'efficacité des produits de santé approuvés dans d'autres pays développés.


Plan épaule de la Dre Tam en conférence de presse.

L'administratrice en chef de la santé publique du Canada, Theresa Tam.


Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld




Elle a également déclaré que Santé Canada avait des « inquiétudes importantes » quant à la qualité de certains des kits de test rapide d'anticorps existants et que ces produits nécessitent un examen canadien indépendant.


La situation n'est pas aussi simple que le dit le premier ministre de l’Alberta, affirme Lorian Hardcastle, professeure à l'Université de Calgary et spécialiste du droit de la santé.



Les provinces n’ont aucune expérience en matière de tests de sécurité et d’approbation de médicaments. Je pense que c'est faux d'envoyer ce message aux Albertains.


Lorian Hardcastle, spécialiste du droit de la santé


L’annonce de Jason Kenney a également déconcerté le professeur de droit de la santé de l'Université de l'Alberta Timothy Caulfield.


Cela crée de la méfiance. Cela contribue à renforcer l'idée qu'il ne faut pas faire confiance à Santé Canada pour le moment, souligne-t-il.


Plan épaule de Timothy Caulfield devant une bibliothèque dans un bureau.

Selon Timothy Caulfield, les médicaments, les vaccins et les dispositifs médicaux devraient faire l'objet d'un examen canadien indépendant avant d'être approuvés pour utilisation au Canada.


Photo : Radio-Canada / Sam Martin




La mise en marché d'un test inefficace pourrait être plus problématique que le retard entraîné par l'attende de la validation d'un test efficace, selon lui.



Il y a une raison pour laquelle nous avons un système de réglementation.


Timothy Caulfield, professeur de droit de la santé, Université de l'Alberta


Quel pouvoir pour la province?


Le service de communication du gouvernement provincial n'a pas répondu aux questions sur les méthodes que compte utiliser la province pour évaluer l'efficacité ou l'innocuité des médicaments ou des appareils non approuvés par Santé Canada, ou si l'Alberta a le pouvoir de le faire.


La Dre Lynora Saxinger, professeure en maladies infectieuses à l'Université de l'Alberta, explique dans un courriel que les laboratoires peuvent déjà adopter des tests médicaux sans l'approbation de Santé Canada.


Les tribunaux canadiens n'ont pas tranché quant au droit de l'Alberta d'approuver des médicaments.




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