La démission du Parti québécois de Louise Beaudoin, Lisette Lapointe et Pierre Curzi constitue un coup terrible pour l'opposition, et en particulier pour Pauline Marois, qui voit son leadership remis en question par ces départs fracassants.
Car les trois démissionnaires sont de très grosses pointures.
Louise Beaudoin est une souverainiste de la première heure, et son nom est lié au PQ depuis les tout débuts du parti qu'elle a servi comme fonctionnaire politique et députée. Ancienne titulaire de ministères-clés comme la Culture et les Communications et les Relations internationales, ancienne déléguée générale à Paris, Mme Beaudoin était une valeur sûre, et l'une des rares porte-parole du PQ d'aujourd'hui qui soit parfaitement à l'aise sur la scène internationale.
Pierre Curzi n'a pas la même stature, mais l'ancien président de l'Union des artistes est un homme attachant, et l'un des politiciens québécois les plus populaires. C'est avec un enthousiasme communicatif qu'il a porté le dossier prioritaire de la langue, que Mme Beaudoin défendait avec une égale conviction mais de façon moins impétueuse.
Tant M. Curzi que Mme Beaudoin étaient assurés de siéger au Conseil des ministres dans un futur gouvernement péquiste. Ils étaient incontournables.
Lisette Lapointe n'était peut-être pas a priori ministrable, quoiqu'elle aussi soit une péquiste de très longue date. Mais c'est l'épouse de Jacques Parizeau, dont elle partage les idées. Son départ est un signal fort, qui indique que l'ancien chef péquiste - de loin la personnalité la plus admirée au sein du parti - ne fait plus confiance à Pauline Marois.
La raison immédiate du départ des trois dissidents est leur opposition au projet de loi privé sur le Colisée de Québec - un projet piloté par Mme Marois, qui soustraira l'entente entre la Ville de Québec et Quebecor à toute contestation juridique. Beau cas de collusion politique, le gouvernement Charest inclura ce projet de loi à un «bill omnibus» pour se soustraire à la règle de l'unanimité.
Cette honteuse initiative, en soi, justifiait une démission. Le PQ, un parti qui se targue d'être le champion de la morale civique, se fait ainsi l'instigateur d'une loi qui permettra à un empire financier d'échapper à tout contrôle public dans la gestion d'un amphithéâtre financé par les fonds publics, et ce, sans que le contrat ait fait l'objet d'appels d'offres et sans même qu'on en connaisse les tenants et aboutissants!
Le scandale est de taille, et l'on peut comprendre la colère des trois députés, tous des gens venus au PQ par idéalisme davantage que par ambition personnelle.
Toutefois, la politique étant ce qu'elle est, il est clair qu'il n'a pu suffire d'un seul événement pour mettre le feu aux poudres et pousser des députés promis à un avenir de ministre à quitter un bateau qui se dirige, quoi qu'on en dise, vers les rives enchantées du pouvoir.
Ils ont d'ailleurs été assez clairs sur ce qu'ils reprochent à la direction du parti, lors de leur conférence de presse. «Autoritarisme outrancier», dit Mme Lapointe. «Partisanerie qui alimente le cynisme de la population», dit Mme Beaudoin. «Manque de sens de l'éthique», dit M. Curzi.
Tous ont lu les sondages qui montrent la désaffection de la population envers la politique traditionnelle...
Mme Marois, qui s'était pliée en quatre à l'époque où elle cherchait désespérément à obtenir un vote de confiance supérieur à 80%, aurait-elle changé depuis qu'elle peut se reposer sur le score enviable de 93% obtenu au dernier congrès?
Chose certaine, la tiédeur présumée de son engagement souverainiste fait partie de la toile de fond. Comme l'a dit hier Lisette Lapointe, l'affaire du Colisée a été «la goutte d'eau»... Le vase était déjà plein.
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