PARIS | Les hydrocarbures enfouis dansle sous-sol de l’île d’Anticosti n’inspirent aucune ambition au premier ministre Philippe Couillard, qui aimerait enterrerle projet initié par le gouvernementde Pauline Marois.
Piqué au vif par la question d’une journaliste qui lui demandait comment il pouvait à la fois se faire le promoteur de la lutte contre les changements climatiques et de projets d’exploitation de gaz et de pétrole, dont celui d’Anticosti, Philippe Couillard s’est fait catégorique: «Anticosti, moi, je n’ai rien à voir avec ça. Je l’ai trouvé à mon arrivée au gouvernement. J’aurais préféré ne pas le trouver, parce que j’étais contre ce projet-là quand j’étais dans l’opposition.»
M. Couillard a indiqué que son gouvernement était désormais lié par un contrat signé par le gouvernement précédent avec les pétrolières Junex et Pétrolia. S’il annulait le contrat, le Québec encourrait des pénalités, a dit M. Couillard.
« Le moindre risque »
Le gaz et le pétrole d’Anticosti sont contenus dans du schiste. L’exploitation nécessiterait la fracturation de ces roches par le jet puissant d’un liquide polluant. Le projet est actuellement dans sa phase d’exploration. «Il n’y a pas de précédent de fracturation hydraulique dans un endroit stratégique comme le golfe du Saint-Laurent [...] S’il y a le moindre risque pour ce milieu extraordinaire qu’est Anticosti, le projet n’aura pas lieu.
«On parle de moi comme si j’étais le promoteur d’Anticosti, ce qui est l’opposé de la réalité [...] Je suis tanné», a martelé le chef du gouvernement, qui entamait hier à Paris la seconde portion de sa participation à la 21e Conférence des parties (COP21) sur le climat.
Jamais le premier ministre Couillard ne s’était montré aussi opposé au pétrole et au gaz. «Je n’ai aucun enthousiasme pour les hydrocarbures. L’avenir du Québec ne repose pas sur les hydrocarbures. L’avenir du Québec est dans notre richesse extraordinaire, 3 % des réserves mondiales d’eau douce, quatrième producteur d’hydroélectricité; les autos électriques qu’on va être capables de produire chez nous, c’est comme ça qu’on va développer notre économie.»
Au sujet du projet Énergie Est de transport de pétrole par pipeline, le chef du gouvernement a promis de l’évaluer, notamment sur la question des émissions de GES. «Il n’y a aucun préjugé favorable de notre part sur les projets de pipelines, mais c’est un projet qui mérite d’être évalué à sa juste valeur.»
Cimenterie
Philippe Couillard s’est de nouveau porté à la défense du projet de cimenterie qui est en construction à Port-Daniel, en Gaspésie. La future cimenterie émettra 1,7 million de tonnes de GES par année.
Le gouvernement entend faire de la cimenterie un projet pilote pour des expériences de captage d’émissions de CO2. «On va prendre des entreprises québécoises, on va leur dire: “Venez faire une expérience de captation de carbone”, on va définir l’expertise québécoise et l’exporter.»
Ce qu'ils ont dit
« Est-ce qu’on veut l’exploiter nous-mêmes ou l’importer et avoir, comme on a actuellement, une balance commerciale négative qui fait mal à notre économie? » – François Legault, chef de la CAQ
« Le contrat est signé et il faut aller jusqu’au bout de l’exercice d’exploration. il est presque terminé. » – Pierre Karl Péladeau, chef du Parti québécois
« On parle de moi comme si j’étais le promoteur d’Anticosti, ce qui est l’opposé de la réalité [...]. Je suis tanné. » – Philippe Couillard
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