(Québec) Le gouvernement Couillard prétend que les jeunes sont au coeur des priorités de l'État, mais force est de constater qu'il s'y prend mal pour s'en faire des alliés, même lorsqu'ils ne sont pas cagoulés, même lorsqu'ils ne manifestent pas dans la rue. Seule l'employabilité des jeunes semble le préoccuper. Comme si la vie de ces derniers se résumait à combler les besoins de main-d'oeuvre d'un Québec vieillissant.
Québec a annoncé cette semaine l'abolition des 19 forums jeunesse qui existaient depuis 15 ans. Les fonds dont ceux-ci disposaient seront transférés aux 110 carrefours jeunesse-emploi. Bien des gens ignorent le rôle, voire l'existence de chacun. Ce qu'ils savent cependant depuis mercredi, c'est que le gouvernement a réussi une fois de plus à susciter la grogne avec un changement de structures. Des voix de jeunes et de «vieux» s'élèvent contre cette décision à travers le Québec. Avec raison. Le tollé soulevé précédemment par la disparition des conférences régionales des élus incitait pourtant à veiller au fond et à la forme.
Le courant passait difficilement entre les jeunes et les libéraux de Jean Charest au printemps 2012. Les communications semblent également déficientes avec l'équipe de Philippe Couillard. Vendredi, des organisations jeunesse ont invité le gouvernement au dialogue et à la transparence.
De nouveau, Québec impose sa vision et sait ce qui est bon pour toutes les régions. Les forums jeunesse n'ont pas été consultés sur le brassage de structures. Ils ont appris à la dernière minute qu'ils étaient rayés de la carte. Le gouvernement vient de rater une belle occasion de valoriser et de mobiliser à son avantage les moins de 35 ans.
Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, défend le nouveau modèle en répétant qu'il sera plus efficace ainsi de favoriser l'intégration professionnelle et sociale des 200 000 jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni aux études ni en emploi. Il rappelle que des centaines de milliers de postes sont à pourvoir au cours des prochaines années.
Il s'agit là bien sûr d'un défi que le Québec doit relever. Les carrefours jeunesse-emploi peuvent sans aucun doute faire le travail et fournir le soutien nécessaire aux jeunes pour qu'ils s'intègrent au marché du travail, reprennent des études ou se lancent en affaires. Ils ont l'expertise. Là n'est pas le problème. C'est plutôt que les forums jeunesse et les carrefours jeunesse-emploi n'ont pas la même mission.
Rappelons quelques objectifs des forums jeunesse : favoriser la représentation des jeunes en région; encourager et maintenir la concertation entre les représentants des jeunes et les partenaires locaux et régionaux; exercer un rôle-conseil en matière de jeunesse; promouvoir l'implication sociale des jeunes et soutenir financièrement des actions jeunesse structurantes. Les forums présentaient des mémoires sur des projets de loi et travaillaient avec le Directeur général des élections du Québec pour intéresser les jeunes aux élections et à la participation citoyenne. Ils s'apprêtaient à faire de même avec Élections Canada.
Ces objectifs n'ont plus leur raison d'être? Si les jeunes travaillent ou étudient, ils prendront forcément leur place et feront entendre leur voix dans leur communauté et dans les débats publics?
M. Hamad souligne que le Secrétariat à la jeunesse existe toujours. Il existe, mais que fait-il? Des groupes de jeunes déploraient hier que le premier ministre, responsable des dossiers jeunesse, tarde à dévoiler ses intentions. Ils jugent que la jeunesse est absente des débats publics et se plaignent d'avoir du mal à obtenir l'écoute du gouvernement.
Lorsqu'on dit travailler pour les jeunes, ce genre de reproches ne devrait pas être. Gare au fossé.
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