C’est plus fort que lui. Après s’être montré plus premier ministre que jamais dans les heures suivant la tuerie de la mosquée, il ne peut plus s’empêcher d’utiliser une grande tragédie pour faire de la politique.
Il a récidivé cette semaine, à partir de la Chine. Revenant sur les événements du 29 janvier, il a établi un lien entre la montée des crimes haineux et le débat sur la question identitaire.
Il y a quelque chose de choquant dans cette manière de récupérer une histoire aussi dramatique, non pas pour réunir les Québécois dans la commémoration, mais pour pointer du doigt et nous diviser encore.
Pas le moment
Le maire Labeaume s’est fait prendre également, en mentionnant les animateurs de radio qui lui sont défavorables pour expliquer la perception selon laquelle Québec serait une ville plus raciste que les autres.
On pourrait sans doute débattre longuement du bien-fondé de cette déclaration. La vérité, c’est simplement que le moment serait terriblement mal choisi pour le faire.
On dirait que nos élus ne saisissent pas à quel point nous manquons encore de sérénité lorsque vient le temps de parler du vivre-ensemble. C’est excessivement malheureux, mais la seule question de la commémoration de la tragédie de la mosquée soulève des échanges orageux dans les discussions en ligne.
Passer leurs messages
Dans un tel contexte, la dernière chose dont on a besoin, c’est bien de politiciens qui utilisent cette tension pour passer leurs messages.
Venant de M. Couillard, l’intervention est encore plus lourde de conséquences. Ne manquant jamais une occasion de criminaliser quiconque ose évoquer des questionnements intimement liés à l’expérience québécoise, il se trouve en fait à renvoyer vers La Meute tous ceux qui ont des inquiétudes qui sont légitimes.
La communauté musulmane de Québec a beaucoup souffert au cours de la dernière année. La vraie solidarité, ce serait de ne pas utiliser son drame pour soustraire des enjeux politiques au débat.