Renaissance du Parti Québécois

Contrer l'affairisme de la CAQ

Grave lacune dans l'équipe de PSPP

Chronique de Pierre Gouin

J’ai été très heureux de découvrir les qualités du nouveau chef du Parti Québécois lors de la dernière campagne électorale. La rupture fondamentale avec les orientations des deux décennies précédentes réside dans l’affirmation claire de la raison d’être du PQ, soit la création du pays du Québec. Paul St-Pierre Plamondon a ranimé l’espoir de voir surgir un leader qui pourrait finalement concrétiser le rêve de René Lévesque.


Cependant, ce qui a permis au PQ de gagner la confiance des gens et de prendre le pouvoir dans les années 70 et 80, ce fut la grande compétence économique de son équipe, incarnée principalement par le professeur Jacques Parizeau. À ce chapitre, l’équipe de PSPP n’est absolument pas à la hauteur. La CAQ et le PLQ peuvent gouverner sans grande expertise économique. L’idéologie mondialiste néolibérale constitue leur bible, ils sont connectés aux milieux d’affaires et ils considèrent que les recommandations des chambres de commerce représentent la base idéale de leurs politiques économiques.


L’idéologie trouve sa crédibilité dans les théories économiques des années soixante-dix sur l’allocation optimale des ressources par le mécanisme des prix de marché. On les a cependant purgé des conditions nécessaires pour empêcher les profits excessifs et on a minimisé le rôle de l’État dans la réglementation des marchés, la redistribution des revenus et la prestation des services publics. En fait, la grande majorité des dépenses de l’État sont considérées comme non productives par les élites économiques. Évidement, les cultures et les identités nationales sont perçues comme des obstacles au bon fonctionnement de l’économie.


Même si la lutte à ce mondialisme constitue une bataille politique essentielle, les indépendantistes québécois doivent être réalistes et reconnaître que le pays du Québec naîtra dans un monde encore dominé par l’idéologie néolibérale. C’est dans ce contexte que le Parti Québécois doit avoir une compréhension profonde du système économique, afin de promouvoir et faire triompher son option dans un univers médiatique généralement hostile, sans perdre sa crédibilité.


Les déclarations du chef du PQ concernant les hausses de taux d’intérêt par la Banque centrale ou les augmentations requises du salaire minimum minent sa crédibilité. Ce sont des questions techniques qui doivent être laissées au ministère des Finances et à une future Banque centrale du Québec. Ce n’est pas vrai que toute hausse du salaire minimum, que toute baisse des taux d’intérêt, profitent aux Québécois des classe moyenne ou pauvre. Ces déclarations ne servent qu’à grignoter quelques votes à QS.


Le Parti Québécois devrait consacrer son énergie à un dossier économique fondamental pour l’avenir du Québec, soit celui de la stimulation excessive de l’économie par le gouvernement de Pierre Fitzgibbon. Maintenant que les surplus de main-d’œuvre ont fait place à des pénuries, ce n’est plus vrai qu’il faut stimuler au maximum les entreprises du Québec. Le gouvernement utilise des milliards de dollars pour soutenir la croissance des entreprises québécoises, attirer des entreprises étrangères en bradant notre électricité et développer des infrastructures publiques non essentielles, alors que cet argent pourrait être dépensé pour rétablir la qualité des services publics. On est loin de l’idéal d’entreprises privées qui méritent leurs profits parce qu’elles ont risqué leurs propres capitaux. Cependant, le plus important pour la survie du peuple québécois, c’est que la stratégie économique de la CAQ force une immigration massive qui rend tout à fait irréaliste son discours officiel sur l’immigration. Il faut prévoir en outre qu’un jour les pressions seront irrésistibles pour donner la citoyenneté aux travailleurs temporaires installés depuis plusieurs années.


Il faudrait une solide équipe économique pour attaquer le gouvernement sur ses subventions massives à l’industrie tout en identifiant les subventions qui sont souhaitables, comme celles pour la modernisation qui permet d’économiser la main-d’œuvre ou celles pour le déménagement à l’étranger d’activités de fabrication d’entreprises québécoises. C’est un projet de modération de la croissance économique que proposerait ainsi le Parti Québécois. Cette idée suscite des craintes, alimentées par les milieux d’affaires, que l’économie québécoise se retrouve en récession permanente. En réalité, une économie bien gérée serait moins affectée par les fluctuations économiques que notre économie stimulée artificiellement en permanence, dont le gouvernement ne peut se permettre de soutenir davantage l’économie quand une récession mondiale survient.


On peut seulement espérer que le renouveau du projet indépendantiste attire bientôt au Parti Québécois les grands économistes dont il a besoin.



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