Commercialisation de Noël. Et alors?

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Un rite qui force à se souder autour de la famille


Chaque Noël, on a droit à des articles dénonçant l’orgie commerciale. Tant de cadeaux inutiles, insignifiants qu’on doit recycler ou ranger au fond des tiroirs.


Personne ne niera que le temps des Fêtes permet de faire marcher l’économie. Aucune personne ne peut prétendre que Noël n’est pas vidé de son sens premier, essentiellement religieux.


Mais posons un regard à contre-pied, si l’expression n’est pas trop boiteuse. Noël, c’est aussi l’occasion pour nombre de gens de s’extirper de leur nombrilisme en se sentant obligés – une fois n’est pas coutume – de se donner la peine d’offrir un cadeau, peu importe qu’il soit insignifiant ou pertinent.


Les gens généreux ne courent pas les rues. Si c’était le cas, cela se saurait. Pour faire de l’effet, se rendre intéressantes ou critiques, plusieurs personnes se vantent d’ignorer Noël. Ou alors elles vont prétendre que cette histoire du petit Jésus dans la crèche, réchauffé par l’haleine de l’âne et du bœuf et entouré de ses parents au regard délavé, devrait être reléguée dans le grenier des artefacts religieux d’une période révolue.


Rite de passage


Personnellement, je crois que Noël, que l’on soit croyant ou athée, est un rite de passage essentiel, ne serait-ce que parce qu’il nous oblige à tenir compte des autres. À rappeler aussi que la venue d’un enfant sur terre symbolise plus qu’aucun autre événement le triomphe de la vie et de la perpétuation de l’être humain.


Noël oblige aussi les fratries à se réunir autour des parents. Non pas tous les membres puisque les liens familiaux si puissants dans le Québec traditionnel, par exemple, sont désormais distendus et trop souvent rompus, à la manière des vies de couple qui finissent en séparation ou en divorce.


À Noël, plusieurs font un effort et participent dans une atmosphère plus ou moins fraternelle, conviviale et chaleureuse, certes, au repas traditionnel. Mais après la mort des parents, tout change. Les frères et sœurs ont tendance à s’éloigner des « vieilleries » qu’animait autrefois la mère, préférant retrouver leurs amis, quel que soit le sens du mot aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux.


Trêve


Pourtant et malgré tout, il existe encore des gens qui observent une trêve à cette période de l’année. Des gens qui refusent l’effilochage social, affectif et familial et qui se mettent en frais pour recevoir ceux qui ne reçoivent pas. Pour offrir des cadeaux à ceux qui prétendent n’en avoir pas les moyens ou qui se sentent incapables de se placer dans le stress d’avoir à magasiner.


À Noël, on découvre des hommes et des femmes habités par un altruisme inoxydable, une générosité spontanée, qui éprouvent un plaisir aigu dans l’acte de donner. De leur personne et de leurs talents. Qui passent des heures à préparer des mets qui n’existent plus sur la carte des restaurants : la dinde farcie, la tourtière, le ragoût de pattes et boulettes, le gâteau à étages des grands-mères d’antan.


Ces hôtes sont dans la lignée des traditions qui ont nourri et réjoui tant de Québécois. Mais combien s’en souviennent encore ?