LA COLÈRE PRINTANIÈRE
Je pourrais discourir longuement sur mon rapport avec la langue française, via la langue québécoise, le joual et son utilisation dans mon quotidien.
Mais élaborer sur le sujet ne m’interpelle pas en ce moment. Il n’y a pas urgence. Comment écrire alors que la colère monte. C’est elle qui me transmettra les mots dont j’ai besoin pour dire l’indignation, la mienne, celle ma génération, comme celle de la jeunesse québécoise.
Oui, j’en veux à ce gouvernement de ne pas défendre notre langue, de ne pas agir pour elle, de laisser cet état d’anglicisation grandir à vue d’œil, monter avec une telle facilité, jusqu’à nos oreilles. Je déteste cette mollesse de nos dirigeants, pire cette façon arrogante de s’assoir en vainqueur et de regarder le Québec se détériorer, contribuer ouvertement à cette détérioration. En morceaux, il est le Québec présentement, en courbe ascendante et que font nos gouvernants?
Retrouvent leur âme fédéraliste, leur appétit grotesque en s’entêtant à passer chez nous des lois destructrices. La photo est là, en noir et blanc. Pas besoin de couleurs pour comprendre. On se congratule, on se tape dans les mains, on s’applaudit. Les indépendantistes, les séparatistes, les souverainistes, on aura leur peau, on les éliminera. Ce n’est plus qu’une question de temps. Le Québec anglicisé, ils n’auront d’autre choix que celui de se taire.
Et là maintenant, à l’ordre du jour : la hausse des frais de scolarité. Celle-là on l’a votée et on la maintiendra coûte que coûte. On musèlera cette masse de jeunes manifestants sillonnant les rues de Montréal et les rues des régions du Québec.
Attention messieurs-dames, la colère, notre colère ne s’éteindra pas de sitôt.
Elle a pris naissance il y a trop longtemps déjà et je le retrouve intacte dans le mouvement étudiant actuel. J’y retrouve là, racines et raisons communes.
Cette colère s’est manifestement levée ce 22 mars dernier. Elle n’aura de cesse que si vous consentez à ce face à face avec la jeunesse étudiante. Vos minces compromis ne feront pas le poids. Car oui à mon sens, la colère des étudiants-es et celle des citoyens attachés à la langue ont les mêmes sources. Il s’agit d’un ras-le-bol général de ce gouvernement trahissant sans honte et sans regret nos valeurs et nos idéaux sociaux. Colère contre ce gouvernement qui mène le Québec comme s’il était seul à bord, comme s’il était Dieu et maître.
Exit les étudiants et leurs réclamations de gel des frais de scolarité, exit les travailleurs, les ouvriers, les sans-abri, les familles moyennes, les personnes âgées, exit les immigrants (ceux-là, on veut leur vote d’abord). Exit nos terres, vendues au plus offrant, exit nos richesses naturelles, vendues au plus offrant. Exit le français (donnons des cours d’anglais aux allophones, recevons-les en anglais s’ils en font la demande)
Et bravo les P.P.P., les grosses compagnies, les banques, les alliances, etc… Bienvenue au Québec, il est à vous. Écouter les Québécois? Pourquoi faire? Ils se tairont. On les fera bien se taire. On a les moyens politiques, économiques, la puissance, les amis qu’il faut.
Mais la jeunesse actuelle voit rouge. Elle porte haut cette révolte, cette dénonciation. Rouge colère, rouge rébellion, rouge flamboyant, rouge absolu, rouge cœur, rouge sangria pour le partage et la solidarité. Rouge enthousiasme aussi, rouge joyeux et optimiste. Rouge espoir.
Les étudiants savent faire. Marcher, crier, dire haut et fort. Inventer. Dénoncer. Ne pas abandonner surtout, tel est le mot de ralliement.
C’est cet enthousiasme et cet espoir que nous ressentons chaque jour depuis huit semaines. Je regarde agir notre jeunesse et mes yeux s’agrandissent, se solidarisent. Ils admirent ce nouveau paysage. Ils sourient de contentement. Notre révolte, notre colère populaire a trouvé des acteurs, des leaders efficaces et puissants. Je salue leur détermination.
Le 22 avril sera un autre moment privilégié pour à nouveau manifester notre mécontentement.
Nous y serons tous et toutes. Le combat continue. Le peuple sera présent. La colère printanière garde ses ailes. Elle s’exprime là dehors, tout l’espace elle prend et partage. Un vent de liberté l’emporte et l’anime. Vive le printemps 2012!
Colère printanière
Le 22 avril sera un autre moment privilégié pour à nouveau manifester notre mécontentement.
Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012
France Bonneau39 articles
France Bonneau est professeure de français auprès des adultes-immigrant-e-s . (MICC)
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
8 commentaires
Renaud Guénette Répondre
9 avril 2012Je partage ta colère. Il me reste encore la force de m'offusquer. Si la destinée me le permet, je serai là le 22 avril. Et si je peux appuyer cette colère, j'y serai aussi à tous les jours.
Archives de Vigile Répondre
9 avril 2012...la moindre allusion?...
..."Charest osera-t-il, comme le pleutre de Bourassa en soixante-dix, demander l’aide de l’armée canadienne pour mater la démocratie"...(nous avions alors pressé fort sur le crayon de la démocratie, puis, vint la peur, et de nouveau, des jeunes qui n'ont plus peur)
Allez, souriez, on est du même bord!
Pardon, France Bonneau, pour cette digression.
Archives de Vigile Répondre
9 avril 2012@ O Euh... erreur sur la personne...
La petite notice s'adressait @ M. Meloche.
Histoire de ne pas créer un quiproquo qui nuirait à tous.
Archives de Vigile Répondre
9 avril 2012@ O qui ne se nomme pas.
http://www.cyberpresse.ca/debats/chroniques/pierre-foglia/201010/01/01-4328856-le-passe-qui-ne-passe-pas.php
Pierre Foglia publiait en ocotobre 2010
"Et puis Laporte est mort. Et l'indépendance aussi. Est-ce bien nécessaire de la retuer tous les 10 ans?"
Et pour tout le monde:
À l'aube de la cinquantaine, vivement que notre jeunesse prenne le flambeau pour défendre correctement la démocratie. La vraie démocratie, celle qui représente les citoyens québécois. Sans crainte et solidaires. Pas contre quelques idéologies mal fagotées mais pour... pour une société forte, équilibrée et autonome. Riche de par sa communauté articulée, consciente et instruite. Riche par sa volonté à défendre ses valeurs dont les racines sont profondes. Enfin! Nos jeunes et moins jeunes se relèvent et cessent d'avoir peur d'être accusé de terrorisme parce qu'ils parlent haut et fort.
Archives de Vigile Répondre
8 avril 2012@ O.
Où avez-vous vu, dans mon commentaire, la moindre allusion à une quelconque séquestration? Je fais référence à l'histoire, non à la violence. L'armée n'existe pas qu'au Moyen-Orient, je le rappelle...
Archives de Vigile Répondre
8 avril 2012@ A.M.
Vous craignez l'armée de Harper...Lequel des ministres minables avez-vous choisi de séquestrer?
Archives de Vigile Répondre
8 avril 2012Le vingt-deux avril deux mil douze, il faut être quatre cent mille dans les rues du Québec et montrer à ce gouvernement, qui n'a pas d'armée - Charest osera-t-il, comme le pleutre de Bourassa en soixante-dix, demander l'aide de l'armée canadienne pour mater la démocratie -, que c'est le peuple, et non une bande de minables qui a profité de ce régime capitaliste, qui dirige ce pays, le Québec...
Archives de Vigile Répondre
8 avril 2012Oui, ces étudiants nous font honneur. Et ils ont ajouté à leur coffre à outils, l'absence de la PEUR !
Pourquoi avons-nous avorté la révolution tranquille? Parce qu'on a réussi à nous faire PEUR ! "Avons-nous les moyens de partir à notre compte?" Alors que la vraie question est "Combien de temps encore pourrons-nous nous payer la compagnie de ce Kénada qui a toujours les mains dans nos ressources naturelles?"
Charest peut envoyer ses chiens contre les jeunes d'aujourd'hui, avec toutes les menaces connues: ILS NE RECULENT PAS !
Le renard peut encore quelques crocs-en-jambe contre notre avenir d'ici le 22 avril... en prévention, joignons-nous donc aux jeunes dès demain à la place Émilie-Gamelin:
Bloquonslahausse.com