Intégration positive normale

Cohérence du système d’éducation en français, les cégeps en français ?

Une approche pragmatique libérale

Cégep en français


L’analyse de l’évolution de la situation linguistique et des conditions
d’intégration à la société francophone situe nettement que l’actuel libre
choix de la langue d’enseignement au cégep contribue à fragiliser un peu
plus la vitalité du français. L’importance relative de la fréquentation des
cégeps francophones par les jeunes Allophones est maintenant précisée, elle
mène vers le transfert à la langue anglaise.
Nous avons vu ailleurs ( Vigile, mai 2010; section 2.4.3 de Un passé un
destin ou l’avenir d’un peuple, 2010; et, article à paraître, avril 2011)
que, qu’importe l’angle d’analyse -données démolinguistiques, vérités
d’expérience, études des transferts linguistiques, comportements
linguistiques des étudiants du collégial, continuum du développement
cognitif, étude comparative du régime scolaire au Canada-anglais- tout
indique la pertinence et la justesse d’étendre au moins en partie
l’enseignement en français aux cégeps pour les Allophones et les
Francophones. Il est alors possible de proposer un compromis raisonnable sur
un spectre potentiel étendu allant du libre-choix à l’extension de la loi
101 pour tout le régime des études collégiales. Ce compromis serait non
seulement pragmatique, mais cohésif.
À la lumière de cela, tout observateur indépendant pourrait se demander quel
est le problème de ce peuple minoritaire qui jongle avec l’évidence et porte
à risque l’évolution déjà précaire de sa pérennité.
Ainsi la proposition d’inclure la première année du cégep à l’enseignement
en français universel serait raisonnable; elle répondrait au sens commun
professé par la pratique anglo-saxonne; et, elle serait cohérente sous
l’analyse de l’apprentissage psycho-éducatif, la première à la douzième
année formant un continuum du domaine du développement cognitif. Cette
approche correspond à une ouverture sur la québécité et la francité dans un
sens large et inclusif, et concorde avec l’essentiel renforcement de
l’intégration identitaire des nouveaux-arrivants.
Une approche en accord avec le libéralisme politique
L’idée que la première année des études du régime des cégeps, ou une partie,
soit complétée en français pour tous est compatible avec la conception
libérale (libéralisme politique, et liberté j’entends). En effet, il n’y a
pas de société viable et démocratique, soutenue par des citoyens libres et
responsables, sans le partage d’un ensemble cohésif de valeurs communes. Or
les cours de philosophie, de littérature, d’histoire, par exemple, portent
justement sur un contenu éducatif, qui informe et instruit certes, mais
ouvre plus fondamentalement la voie à une éducation morale et culturelle
indissociable de l’intégrité de l’être social et culturel. Ces enseignements
contribuent à la fois à la cohésion sociale et à la démocratie non seulement
en inculquant un certain nombre de valeurs aux jeunes mais aussi par effet
d’émulation sociale naturelle de l’ensemble des citoyens que ces jeunes
fréquenteront. Une portion du curriculum des études collégiales relève de
l’éducation à des valeurs communes, et cette portion tout au moins devrait
être enseignée en français au sein d’une société francophone distincte qui
se veut stable et viable.
Et le libre choix des études collégiales pour les jeunes adultes? Déjà nous
portons notre attention sur la deuxième année des études collégiales, et là
le libre choix serait plausible. Il le serait d’autant plus qu’alors
l’enseignement porte sur des contenus plus formatifs (techniques,
scientifiques, professionnels ou autres). Le libre choix naît de la
cohérence du système d’éducation; l’exemple du pragmatisme anglo-saxon ou
les connaissances issues de la compréhension du développement cognitif
nous donnerait les justes balises.
Au sein d’une société stable, surtout si
elle est minoritaire, le libre choix apparaît après l’enseignement de toutes
les matières à valeurs éducatives ou portant sur des valeurs communes. En
fait, qu’importe la manière dont on retourne la question, on revient à la
juste mesure qui ferait que les douze premières devraient être enseignées en
français. Il est fort regrettable qu’une organisation structurelle ait
arbitrairement introduit la rupture du continuum normal, auquel toute
société stable aurait le droit de prétendre pour tous ses futurs jeunes
concitoyens. Ce faisant, comme en d’autres domaines, des structures
organisationnelles auront contribué à tresser des difficultés arbitraires
sur la voie de la cohésion et de la loyauté à des valeurs communes dont le
français, langue commune, est le véhicule indispensable d’une coopération
naturelle, pour une société stable, distincte et unique en Amérique du Nord.
Voilà le lieu d’un argumentaire que tout citoyen dominant des impulsions
partisanes peut accepter pour mieux servir les intérêts de la Patrie
canadienne-française, dans un sens large et cohésif.
Michel Pagé
Montréal, février 2011

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Résidant de Montréal. A fait plusieurs mandats en coopération internationale, et a travaillé dans plusieurs provinces anglophones. Formation académique en sciences, gestion et littérature.





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