En France, citoyens, députés et membres du gouvernement sont au aguets devant la montée effarante d’actes de violence et de profanation qui visent les lieux de culte chrétiens.
Depuis le début de l’année, quelques médias français, Libération, Le Figaro par exemple, ont relevé l’inquiétante tendance de l’augmentation des profanations de lieux de culte chrétiens.
Vandalisme, incendie, saccage, graffitis haineux, les gestes qui visent la collectivité chrétienne se sont accumulée en 2018. Plus de mille de ces délits ont été rapportés. Ce qui sème l’inquiétude jusqu'à l’Élysée.
Chez la population aussi. Une brève ici qui ne laisse aucun doute à l'émoi que causent ces délits haineux...
On parle désormais d’un fléau de «christianophobie».
Aujourd’hui, le quotidien Le Temps sonne l’alarme dans un texte coup de poing. En voici quelques extraits.
«Peu médiatisées, les insultes et profanations contre des lieux de culte chrétiens se multiplient et atteignent des proportions effrayantes. En février dernier, le gouvernement français recensait 1063 délits de ce type rien que pour l’année 2018. Un phénomène passant quelque peu inaperçu, notamment face aux scandales de pédophilie qui plongent l’Église catholique dans la tourmente. Pourtant, le nombre de ces actes délictueux est sensiblement en hausse par rapport à 2017.
Le mois dernier, quatre lieux de culte ont été saccagés en moins d’une semaine dans l’Hexagone. Le 4 février, c’est l’église Saint-Nicolas à Houilles, dans les Yvelines, qui était touchée, puis la cathédrale Saint-Alain-de-Lavaur le lendemain. Notre-Dame-des-Enfants le 6 février. Notre-Dame à Dijon le 9 février. Une liste préoccupante et qui ne représente qu’une petite partie du phénomène. [...]
De nombreux élus et personnalités publiques français dénoncent une «christianophobie» grandissante, s’exprimant notamment sur les réseaux sociaux. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs demandé des mesures de protection pour les lieux de culte chrétiens. Annie Genevard et Philippe Gosselin, députés Les Républicains, ont réclamé mardi une mission d’information sur «la multiplication des actes anti-chrétiens» au président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand.»
Omerta sur la « christianophobie »?
Plusieurs personnalités en France se questionnent sur le peu de couverture médiatique que suscitent ces centaines d’actes délictueux qui visent les lieux de culte chrétiens.
Pourquoi ce quasi-silence dans les médias?
On trouve bien quelques brèves ici et là, mais rien qui ne sache rendre l’ampleur de la problématique.
Questionné à ce sujet dans les pages du Figaro , l’historien et essayiste François Huguenin a eu quelques éléments de réponse intéressantes :
«Je ne sais pas si les chrétiens tendent plus la joue que les autres... car ce sont des hommes et des femmes comme tout le monde! Mais c'est vrai que les évêques de France ont peu réagi. Cela s'explique à mon avis par une situation nouvelle tout à fait paradoxale: d'une part les croyants sont aujourd'hui une petite minorité: seuls 5 % des Français sont encore catholiques pratiquants aujourd'hui. Et d'autre part, l'Église a autrefois été dominante, et pendant de très longs siècles le christianisme était une religion d'État! Je ne pense pas que les évêques soient timorés, mais ils se trouvent dans une situation nouvelle où l'image de l'Église est brouillée et du coup, la réponse à ses actes est devenue complexe. Il y a un décalage entre l'importance de l'Église aujourd'hui et l'importance qu'elle a eue autrefois, et le souvenir de cette grandeur passée perdure. L'image met plus de temps à se défaire que la réalité. L'Église, aujourd'hui encore, est visible, exposée. [...]
Et sur le peu de couverture médiatique spécifiquement :
«Il faut bien reconnaître en effet qu'on en parle assez peu compte tenu de la réalité des actes anti-chrétiens. Cela s'explique pour partie à mon avis par les raisons que je viens d'évoquer: on a du mal à considérer l'Église dans sa faiblesse et sa vulnérabilité. Une autre raison tient également selon moi à des oppositions idéologiques bien connues, notamment de la part d'un certain laïcisme intégriste qui n'a rien à envier aux intégrismes religieux: «chassons l'Infâme»! La rengaine est assez éculée, mais toujours entonnée par les tenants d'un laïcisme sectaire. Je pense néanmoins que ces actes de violence antichrétiens sont de mieux en mieux repérés, et la sobriété des réactions des chrétiens permet d'en parler sereinement, sans verser dans la surenchère identitaire. Il faut, en tout cas, que nous prenions bien conscience de l'ampleur de ce problème: les malveillances à l'encontre des chrétiens se multiplient, c'est un fait sur lequel les pouvoirs publics doivent être vigilants »
Au moment même où j’écris ces lignes, avec effroi, on apprend qu’un prêtre a été agressé à l’arme blanche en pleine messe à Montréal...
La recrudescence des violences religieuses, en France dans le cas dont je traite ici, mais partout sur la planète, est très inquiétante.
Si un attentat comme celui de ChristChurch en Nouvelle-Zélande est immensément médiatisé –comment faire autrement, cette tragédie mérite couverture -, n’oublions pas que les violences et les attentats qui visent des collectivités religieuses de toutes confessions se produisent partout dans le monde, et trop fréquemment.
Ce retour du religieux dans l’espace sociétal n’augure rien de bon.