Le premier ministre du Québec Jean Charest se défend d'être indûment influencé par le président-directeur général du conglomérat Power Corporation, Paul , comme le soupçonnait encore récemment l'ambassadeur américain à Ottawa, David Jacobson.
Il affirme qu'il se tient debout devant le gouvernement fédéral lorsque vient le temps de défendre les intérêts des Québécois.
Le premier ministre réagissait à un article du quotidien Le Devoir, qui rapporte le contenu d'une correspondance diplomatique divulguée par WikiLeaks et dans laquelle l'ambassadeur Jacobson s'interroge sur l'influence du milliardaire canadien auprès de M. Charest.
Dans sa correspondance, écrite en décembre 2009, l'ambassadeur Jacobson se demande pourquoi le premier ministre Charest a cessé de critiquer la position d'Ottawa en matière de lutte contre les changements climatiques à la fin de la conférence de Copenhague, alors qu'il n'avait pas hésité à le faire au départ.
L'ambassadeur note que des éditoriaux publiés dans le quotidien La Presse, propriété de Gesca, filiale de Power Corp., ont critiqué la sortie virulente du premier ministre Charest, ce qui a engendré une guerre de mots ente La Presse et Le Journal de Montréal au sujet des liens financiers de Power Corp et son influence sur les positions de M. Charest.
L'ambassadeur Jacobson note que La Presse a défendu la position d'Ottawa dans un éditorial du 17 décembre, et en particulier sa position dans le dossier des sables bitumineux. Bien que le quotidien soit fédéraliste note Jacobson, il est « rarement aussi rapide à se porter à la défense du gouvernement fédéral ».
Est-ce que M. Charest a été influencé par Power Corp. Pour baisser ainsi le ton de ses critiques à l'endroit du gouvernement fédéral, ce n'est pas clair, mais l'influence sur le milieu fédéral et provincial de cette société est indéniable.
— Extait de la correspondance diplomatique de l'ambassadeur Jacobson
Le représentant de Washington au Canada souligne ensuite que Power Corp. a des intérêts financiers substantiels dans les sables bitumineux. Il souligne que le holding de la famille est le principal actionnaire privé (4,5 %) de la pétrolière française Total, et que Paul Desmarais fils siège au conseil d'administration de la firme.
« Il est difficile de dire, note la correspondance, si Charest réagissait à la position de La Presse, à une pression de la famille Desmarais, ou en fonction d'autres facteurs, mais à la fin de la conférence, il a adopté un profil bas, laissant passer plusieurs occasions médiatiques de critiquer le gouvernement Harper. »
Attendu par les journalistes dans les corridors de l'Assemblée nationale en prévision de la période des questions, M. Charest n'a pas répondu directement aux questions des journalistes au sujet de ses liens avec Power Corp.
Il a plutôt brandi un article intitulé « Charest repasse un savon à Ottawa », publié le 12 janvier 2010, soit quelques semaines après la fin de la conférence. Le journaliste du Devoir qui a écrit l'article sur la dépêche diplomatique de WikiLeaks, a dit M. Charest, « aurait dû lire » cet article.
Le premier ministre en a lui-même lu quelques extraits aux journalistes présents, notamment ceux où il se défend d'avoir adouci le ton à l'égard d'Ottawa lors de la conférence de Copenhague et où il dit ne pas comprendre pourquoi on lui reprocherait de défendre les intérêts du Québec.
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