L’Assemblée nationale vient de terminer sa consultation sur la marijuana. Pendant plusieurs jours, des organisations de tous les domaines sont venues soulever des préoccupations relativement à la légalisation. Constat : beaucoup d’interrogations complexes vont rester sans réponses d’ici l’été prochain.
Il est devenu évident que la légalisation de la marijuana va entrer en vigueur à toute vapeur malgré une multitude d’inconnues. Des incertitudes majeures dans des domaines aussi sensibles que la sécurité publique, la santé et la prudence sur les routes.
Le gouvernement Trudeau a imposé un échéancier serré, acceptant du même coup que les réponses aux questions complexes, eh bien on les découvrira sur le tas, au fur et à mesure que cette expérimentation va se mettre en place.
L’impression qui me reste au sortir de cette consultation, c’est que nous serons des cobayes et le Canada sera un immense laboratoire. On y découvrira les effets de la légalisation complète à l’échelle d’un pays. En fonction des résultats, des erreurs commises et des conséquences mesurées, le reste de la planète fera son évaluation de l’expérimentation sur les cobayes canadiens.
Pot plus fort
Les derniers jours de commission ont été particulièrement fertiles en questions lourdes. Les psychiatres ont répété leurs inquiétudes concernant le développement du cerveau des jeunes.
Ils ont ajouté une alarme concernant le niveau de THC dans la marijuana d’aujourd’hui. Le pot est pas mal plus fort en 2018 qu’à l’époque Woodstock. La légalisation et la vente par le gouvernement de marijuana à teneur élevée en THC vont-elles accroître les problèmes de santé mentale chez les jeunes adultes ? On verra.
Les pharmaciens se sont rendu compte qu’on ne savait plus trop où sera vendu le cannabis à des fins médicales. En fait, ils craignent même que des gens qui ont des douleurs ne se prescrivent eux-mêmes un soulagement à la marijuana en allant en acheter en vente libre.
Les propriétaires de PME ont exprimé de vives inquiétudes concernant la marijuana en milieu de travail. Cela aussi, on le découvrira au fur et à mesure. La ministre québécoise s’en remet au sens des responsabilités des travailleurs pour éviter les problèmes. Belle naïveté.
Les policiers ne savent toujours pas comment sera gérée la conduite avec les facultés affaiblies. On verra.
Locataires incommodés
Les propriétaires d’appartements craignent que l’odeur très forte de la marijuana ne cause des désagréments aux autres résidents d’un immeuble. Plusieurs entendent inscrire dans le bail de location une interdiction de consommer du cannabis. Une interdiction difficilement applicable. Bon, on verra.
Les organisations qui luttent contre le tabagisme s’inquiètent de voir la lutte contre le tabagisme reculer avec une consommation élargie de cannabis. Les messages paraissent pour le moins contradictoires. Pourtant, nos gouvernements ont investi des centaines de millions dans la lutte contre le tabac.
Un rapport sur la légalisation de la marijuana au Colorado a été publié cette semaine. Le bilan routier se détériore et la consommation chez les jeunes a augmenté de 12 %.
Vivra-t-on la même chose au Canada ? On verra.