Castrer : verbe transitif. Pratiquer l’ablation ou la destruction d’un organe nécessaire à la reproduction.
Cet organe, c'est le système d'éducation.
Lorsque je prends connaissance des coupures annoncées depuis plusieurs semaines,c’est le premier mot qui me vient en tête. Même si certains me reprocheront la vulgarité, c’est le mot le plus approprié. On assiste depuis plusieurs années à la dévalorisation de l’éducation de part et d’autre : le manque de financement, l’état des écoles, le manque de valorisation de la profession enseignante, l’intégration sauvage des enfants à besoin particulier dans les classes régulières, l’accès difficile aux spécialistes, etc. Cela empêche le système de se renouveler, d’être innovateur et d’offrir aux élèves les services nécessaires à leur épanouissement et leur réussite. Bref, de donner naissance à de meilleurs résultats. C’est directement aux jeunes générations qu’on s’attaque lorsqu’on coupe dans les services éducatifs.
Le budget Leitao, qui ne prévoit que 0,6 % de croissance des dépenses en éducation, alors que nos écoles crient famine. Je sais, le Québec est dans le rouge. Je sais, tous doivent participer à l’effort collectif. Par contre, qu’envoie comme message un gouvernement qui méprise autant son système d’éducation ainsi que toutes les ressources qui tentent de le tenir à bout de bras, alors qu’il s’étiole de jour en jour ?
On sait très bien que répéter tel un mantra « que les services aux élèves ne seront pas touchés » est un grossier mensonge. Certains y croient-ils vraiment ? Hier, on annonçait dans le journal Métro que les enfants ne maîtrisant pas le français compteraient maintenant pour un seul élève dans le ratio. Que vaut un système d’éducation qui ne veille même pas à ce qu’un enfant nouvellement arrivé au Québec soit assuré d’apprendre le français adéquatement, langue dans laquelle il terminera sa formation primaire et secondaire ? Langue instrument, langue outil, mais surtout langue d’intégration ? C’est l’école qui est la porte d’entrée dans la culture commune, et la langue en fait partie intégrante.
Même chose annoncée pour les enfants à besoin spéciaux plus tôt cet hiver. C’est-à-dire qu’ils n’auront pas le soutien auquel ils avaient droit et les enseignants auront plus d’enfants à charge, dont davantage d’enfants ayant besoin d’un plan d’intervention et donc d’enseignement adapté. Évidemment, il faut adapter notre enseignement, mais aucun enseignant n’est en mesure de planifier une dizaine de cursus différents dans la même classe, ça n’a pas de sens : on ne peut pas être simultanément enseignant d’accueil, enseignant d’adaptation scolaire, orthopédagogue et enseignant régulier. C’est pourtant ce que ceux qui réfléchissent à ces inepties croient. À force de s’éparpiller, un enseignant est nécessairement moins efficace, malgré tout son bon vouloir.
On annonçait aussi que plusieurs postes de directeurs adjoints seraient supprimés, eux qui pourtant font un travail essentiel dans nos écoles primaires, secondaires ou d’enseignement des adultes. Lorsqu’il y a 489 élèves dans une école, le directeur a nécessairement besoin d’un bras droit pour l’appuyer. Ce n’est pas en coupant ces postes qu’on rendra les directeurs d’école plus efficaces, au contraire. Ce n’est pas dans les écoles qu’on doit couper, mais plus haut dans les structures: quelles sont les coupes annoncées au ministère de l’Éducation directement ? On ne comprend pas que «couper dans le gras» dans les structures n’aurait jamais autant de répercussions dans les écoles ?
Certains semblent croire qu’investir en éducation ne rapporterait pas assez, que l’éducation de nos jeunes n’est pas assez lucrative. C’est le cas de le dire, on préfère lui envoyer littéralement des bombes lacrymogènes en plein visage.
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