Cancre ou premier de classe?

L'INM invite les Québécois à débattre de la place et du futur de leur culture

INM - Institut du Nouveau Monde

Certains se pressent au chevet de la culture québécoise, la mine basse et résignée, pendant que d'autres célèbrent sa résilience et sa créativité. Qui a tort, qui a raison? C'est ce que tentera de départager l'Institut du Nouveau Monde (INM) en conviant les Québécois à un important forum sur leur culture, un événement rassembleur qui s'inscrit en faux contre le pessimisme et le jovialisme ambiants pour plonger au coeur des préoccupations citoyennes.
Ces rencontres s'inscrivent dans le cadre des Rendez-vous stratégiques sur la culture, le troisième événement du genre organisé par l'INM, après ceux sur la santé et l'économie. «La culture québécoise est-elle particulièrement vulnérable face à la mondialisation et au pluralisme ou est-elle plutôt devenue plus forte et résistante que d'autres [...] Voilà la question fondamentale que l'INM veut soumettre au débat public», résume le directeur général de l'INM, Michel Venne.
Pour sonder le pouls de tout un chacun, l'INM reprendra la formule «S'informer, débattre, proposer» qui l'a fait voyager jusqu'en Europe et dans les coulisses des organisations internationales. «On veut donner la parole aux citoyens, mais pas n'importe comment. On veut qu'ils aient le temps de s'informer, de débattre et de réfléchir de manière à éviter les idées-minute, les idées reçues et les clichés», explique la coprésidente du rendez-vous, la sociologue Céline Saint-Pierre.
Mme Saint-Pierre a travaillé de pair avec Gérard Bouchard, qui met beaucoup d'espoir dans ce grand rendez-vous. Sans parler de crise culturelle à proprement dit, le sociologue et historien évoque une période de transition au cours de laquelle le Québec a fait le choix du pluralisme, de la continuité culturelle et de l'immersion dans la mondialisation sans prendre le temps de renégocier son rapport à la culture. «Les problèmes sont réels, mais ils sont récupérables. Il faut se garder d'une panique qui est très mauvaise conseillère.»
Le rendez-vous en trois temps se déroulera simultanément dans neuf villes pour se conclure à Montréal, en avril prochain. Près d'une centaine de personnalités de différents horizons et de différents points de vue ont accepté d'y participer, dont la présidente-directrice générale des Journées de la culture, Louise Sicuro, qui se réjouit de pouvoir ainsi entrer en dialogue direct avec les Québécois. «Le citoyen a envie d'être autre chose qu'un consommateur de culture; il veut aussi se mêler à ces questions et prendre part aux décisions.»
Réglé comme du papier à musique, le programme des Rendez-vous s'articulera autour du thème «Que devient la culture québécoise? Que voulons-nous qu'elle devienne?» tout en abordant des questions plus pointues, comme la présence des cultures émergentes, l'impact du pluralisme religieux ou l'apport des régionalismes. Deux rencontres auront lieu simultanément dans chaque région du Québec les 2 et 3 février ainsi que les 16 et 17 mars prochains. Une rencontre nationale viendra rassembler le tout à Montréal les 27 et 28 avril.
Chacun est invité à participer aux trois rendez-vous de manière à prendre le temps de peaufiner sa réflexion. Tous auront accès à une riche documentation rassemblée par le comité directeur, qui compte une quinzaine d'experts. «Il faut un lieu pour que les citoyens puissent échanger parce que la vérité naît toujours de la délibération. Notre démarche vise à faire ce qu'il faut pour que la délibération se fasse dans des conditions idéales, avec du temps et de la documentation pertinente», explique Michel Venne.
Le dialogue avec les experts viendra s'ajouter aux dialogues intergénérationnel, interrégional et interculturel qui font la signature de l'institut. En espérant que tous seront au rendez-vous, anglophones et allophones y compris. «Depuis 10 à 15 ans, les francophones ont pris l'initiative des projets, mais on sait peu ce qu'en pensent les néo-Québécois. Quelle est leur sensibilité à l'égard de ces projets? Il faudra les entendre», a lancé M. Bouchard.
Les premières conclusions de ce brassage d'idées seront dévoilées au Rendez-vous de novembre 2007 organisé autour de Montréal, métropole culturelle, et prévu l'automne prochain à Montréal. Un rapport suivra peu de temps après. Fondé en 2003, l'INM est un organisme non partisan et indépendant qui se décrit comme une «boîte à idées» vouée au renouvellement des idées et à l'animation des débats publics au Québec.


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