Une autre bavure policière imputable à la DPJ

Brutalité policière le 21 février : Que s'est-il passé ?

Par Nanci Maryon

Tribune libre

(Publié sur Vigile.net avec la permission de l'auteure)
Brutalité policière le 21 février : Que s'est-il passé ?
par Nanci Maryon, jeudi 24 février 2011, 11:13
Je vous avais promis mon histoire... La voici.


Le 21 février 2011, vers 18:20, j’étais couchée en pyjama léger et je tentais de me reposer suite à une forte montée de mes troubles anxieux. J’ai entendu frapper à la porte et j’ai demandé à mon conjoint d’aller ouvrir. Par la fenêtre de la porte, avant d’ouvrir, mon conjoint a vu trois véhicules de la Sûreté du Québec de Sorel-Tracy, les « flashs » allumés. Trois policiers sont entrés, les policiers C. et M. et la policière C.. Mon conjoint a dit aux policiers que j’étais calme et que je me reposais. Je me suis levée du lit à ce moment-là. Le policier M. a tassé physiquement mon conjoint de son chemin pour venir dans ma chambre à coucher. Il exhibait une bombonne.

À la porte de ma chambre, le policier M. m’a dit brutalement que je devais le suivre parce qu’il avait reçu un appel de la DPJ Mauricie-Centre-du-Québec qui ont compris que j’allais me suicider dans la soirée, alors que je leur ai dit : « Je suis fatiguée à soir » avant de raccrocher.

Voici la conversation qui a eu lieu entre l’agent M. et moi :
Le policier M.:
- On nous a appelés pour un P-38.
Nanci Maryon :
- OK. Mais là je vais mieux, vous pouvez partir.
Le policier M.:
- C’est pas de même que ça marche. Tu vas nous suivre de gré ou de force.
Nanci Maryon :
- Pas sûre, mais bon… Est-ce qu’on peut aller à St-Hyacinthe, SVP. J’ai failli mourir à Sorel dans la nuit du 10 janvier à cause d’une erreur médicale. Le Commissaire aux plaintes s’en charge actuellement, mais je suis encore traumatisée de ce qui est arrivé.
Le policier M.:
- Je m’en crisse, pis de toute façon, ce n’est pas dans notre juridiction. Tu vas à Sorel que tu veuilles ou pas.
Nanci Maryon :
- OK d’abord. Je vais m’habiller et je vous suis.
Le policier M.:
- Pas question, tu y vas comme ça, pis ça va aller mal si tu ne collabores pas.
Nanci Maryon :
- Je suis pratiquement toute nue ! Je veux juste m’habiller, SVP, il fait froid dehors.
Le policier M.:
- Pas question, t’es assez grosse, t’as de quoi pour te couvrir en masse.

Le policier M. a voulu m’empêcher de fermer la porte de ma chambre pour que je puisse m’habiller. J’ai réussi à la fermer et à la barrer. Il l’a alors ouverte, en l’abîmant.
Nanci Maryon :
- Tu viens de briser la porte ! C’est moi qui devrai payer ça à mon propriétaire.
Le policier M.:
- Je le connais bien ton propriétaire.
Nanci Maryon :
- Ben, tu vas y payer !
Le policier M.:
- Penses-tu, connasse ?

Voyant qu’il insistait pour que je le suive, j’ai été dans mon walk in, pour m’habiller. C’est alors qu’il a vidé sa bonbonne en ma direction et qu’il a crié, fier de son coup : « Je l’ai gazé… Je l’ai gazé, la maudite folle. » Je suis tombée sur le sol de mon walk in, il m’a menotté avec l’aide de la policière C. et ils m’ont traîné sur le sol, sur une distance d’environ 20 pieds, bousculant mes effets personnels et mon lit. C’est alors que j’ai vu que mes lunettes étaient tombées sur le sol, une monture d’une marque griffée d’une valeur de plus de 600$. J’ai donné un léger coup de pied sur la monture afin de les faire glisser sous la tête de mon lit, loin des pieds du policier M., qui a cru que je voulais le frapper, alors il s’est agenouillé et écrasé sur ma hanche gauche. Il me tenait en « contention latérale » disait-il, parce que, selon ses dires, je ne me calmais pas. En réalité, il appuyait tout son poids sur moi et était presque assis sur ma hanche malade. À plusieurs reprises, il m’a appelée « La folle ».

Le policier M. a ouvert la fenêtre afin de dissiper les vapeurs du poivre de Cayenne. Je lui ai dit : «Je suis en petit pyjama, j’ai froid, ferme ça, SVP. » Il m’a répondu « Pantoute. Ça va peut-être te refroidir les idées pis te calmer. T’as juste à fermer ta crisse de gueule, la folle. »

Pendant ce temps, la policière C. me tenait obstinément la tête collée au sol et me faisait très mal. Comme j’ai une hernie hiatale, je produis beaucoup de salive. J’ai réussi à la cracher pour ne pas m’étouffer. J’ai craché en direction de mon lit, sur le sol. En accentuant la pression sur ma hanche blessée, en s’y assoyant davantage, le policier M. a crié : « Arrête de me cracher dessus, la folle, ça va être pire pour toi. ». La policière C. m’a aussitôt renvoyé le front au sol violemment, ce qui a causé une large prune.

Mon conjoint a avisé les policiers que j’étais handicapée, que j’avais mal partout, de ne pas mettre tout leur poids, mais le policier M. lui a dit qu’il était à peine appuyé, ce qui était faux… je le savais, je le sentais, j’étouffais sous tout son poids. Mon conjoint a été menacé d’être arrêté et amené au poste pour entrave. Ce que les policiers M. et C. lui ont répété plusieurs fois en trente minutes. La policière C. n’a rien dit à mon conjoint.

Le dos me piquait, je tentais donc de me gratter. Mais j’ai accroché le policier M. sans faire exprès. Il m’a accusé de vouloir le griffer. C’est à ce moment que j’ai reçu un coup derrière la tête. J’ai alors dit au policier M., complètement stupéfaite et en choc de ce qui se passait : « Tires-moi donc une balle, un coup parti ! Ça l’air que vous êtes fort pour tirer sur le monde à Sorel.»

Comme j’étais en pyjama, un de mes seins et mon ventre sont ressortis de mon haut. J’ai demandé à la policière C. de me couvrir le sein et le ventre. Elle ne l’a fait qu’environ cinq minutes plus tard, quand je lui ai demandé une troisième fois, complètement excédée.

À chaque fois que mon conjoint arrivait pour me parler, me dire que ça irait, de ne pas m’en faire et de les laisser faire pour le moment, qu’au pire on porterait plainte plus tard, le policier M. lui disait que c’était mieux pour lui de ne pas rester là, qu’il n’avait pas à se mêler de ce qu’ils voulaient me faire sinon il pourrait être incarcéré et que si on voulait, on aurait juste à porter plainte, il nous ferait passer pour deux menteurs.

Lorsque les ambulanciers sont arrivés, le policier C. a discuté avec l’un des ambulanciers. Ils ont vu, sur ma table de cuisine, la médication que je dois prendre tous les jours pour mes diverses maladies et mes douleurs. J’ai entendu, de la chambre, le policier C. affirmer que j’étais une « ostie » de droguée.

J’ai eu beaucoup de difficulté à me lever car le policier M. et la policière C. tiraient sur moi de façon inégale et me charriait, me causant de fortes douleurs dans les bras et me déchirant les poignets, à cause de menottes. Je leur ai demandé de mettre mon manteau. Ils ont attrapé ma cape et l’ont mis par dessus les menottes.

J’ai été littéralement lancée sur une civière à l’extérieur, devant tous les voisins, en pyjama léger, avec une cape qui glissait de mes épaules, les seins et le ventre pratiquement à l’air et en souliers d’été. Évidemment, les ambulanciers n’ont pas voulu me donner quoi que ce soit pour me couvrir. J’ai dit aux ambulanciers de faire attention à mon véhicule et à celui de mon conjoint, mais ils ont ignoré ma demande. Mon conjoint attrapé mes choses, barré la porte de l’appartement et a pris la direction de l’hôpital pour m’y rejoindre.

Durant le transport, les ambulanciers se foutaient de ma gueule, de mon poids, de ce qui s’était passé… et moi, pour cesser de les entendre, je me répétais sans cesse : « Ce n’est pas une vie, ce n’est pas une vie, ce n’est pas une vie… », mais jamais je n’ai pensé à mourir.

À l’hôpital, pendant le triage, un des ambulanciers a laissé croire à l’infirmière qu’ils ne pouvaient pas m’amener à Drummondville car personne ne voulait m’y voir ce qui, après vérification de ma part avec l’hôpital le lendemain, est complètement faux. Il a menti à mon sujet, ce qui me permet d’affirmer qu’il a porté atteinte à ma réputation.

Les infirmiers m’ont transféré sur une civière. Voyant que j’étais calme et en mesure de faire le transfert moi-même, un des infirmiers a annulé le code blanc et a demandé à la policière C. de me retirer les menottes. Elle les a retirés d’un air contrarié au bout de deux minutes de ce qui a semblé être une réflexion.

Après le départ des ambulanciers et des policiers, le docteur m’a fait passer plusieurs radiographies au crâne, à la main gauche et à la hanche gauche. Les résultats n’ont révélé que des contusions. Il m’a alors donné mon congé, d’autant plus qu’il a jugé que je n’étais pas en danger, ni un danger. Avant de quitter ma chambre, il m’a dit : « Tu as fait une crise de panique, mais eux aussi ont fait toute une crise. » Je suis rentrée chez moi, traumatisée.
J’ai appelé Monsieur Claude Poirier, en arrivant à la maison. Je l’ai rappelé le lendemain. Je devais passer à son émission, hier, le 23 février, afin de raconter mon histoire. Finalement, j’ai passé ce matin, 24 février, en dernière entrevue, il restait peu de temps. L’émission achevait, je devais me dépêcher. J’ai pédalé, j’ai semblé désorganisée et je demande pardon au « vrai négociateur ». Comme je n’ai pas pu raconter mon histoire, par manque de temps, je la diffuse sur Facebook en souhaitant qu’elle se rende dans les différents médias. Il y a bien quelqu’un, quelque part, qui va prendre le temps de m’écouter et de m’aider réalistement !

Je suis à très faible revenu, j’ai besoin d’un avocat pour m’aider à porter plainte en déontologie policière et au Protecteur du Citoyen. Je veux changer d’air, déménager, partir le plus loin possible de Massueville, puisque le policier qui m’a battu connaît mon propriétaire. Le problème, c’est que je n’ai pas les sous. J’ai peur. J’angoisse. Je regarde mes fenêtres et ma porte à peu près vingt fois par jour, pour m’assurer que tout est barré correctement. J’ai attrapé la grippe à cause de ce policier qui a ouvert la fenêtre de ma chambre, alors que j’étais retenue au sol, en pyjama léger. Je suis traumatisée. J’ai peur. Je pleure. Au 811, l’intervenante d’Info-Social me dit de changer les meubles de ma chambre de place, de changer le décor de ma chambre au complet – « au minimum, changez de douillette », afin de me réapproprier cet espace, qui était mon espace de repos. Je n’ai même pas les moyens d’acheter une douillette, encore moins de changer les bureaux, la peinture, les rideaux. De toute façon, avec mon handicap, je serais incapable de faire le travail. J’ai de la difficulté à changer une ampoule.

Pour ceux qui se demandent de quels maux je suis atteinte et quelle est ma médication, en voici la liste.

Maladies et handicaps :
Fibromyalgie
Arthrite
Asthme
Hernie hiatal
Stéatose
Migraine récurrentes
Séquelles permanentes au dos et aux hanches suite à un accident d’auto le 3 juin 2003
Choc post-trauma permanent suite à divers épisodes traumatisants en 2003
Troubles Anxieux
Trouble de la personnalité limite (Borderline)

Médication :

Matin:
Wellbutrin
Synthroïd
Micardis

Trois fois par jour :
Dompéridone

Au besoin :
Pompes – Ventolin, Advair
Ibuprofène
Amerge (migraines)
Statex (douleurs)

Soir :
Lectopan
Rivotril
Singulair
Prevacid

J’ai besoin d’aide. Y a-t-il quelqu’un, quelque part, qui va m’aider ou si je suis toute seule ? Me suis-je fait battre par les policiers parce que je me porte à la défense des parents victimes de la DPJ ? Je suis traumatisée, je suis en choc post-trauma. Cette fois-ci, c'est moi qui appelle à l'aide.





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1 commentaire

  • Éric Messier Répondre

    26 février 2011

    Madame,
    Je suis bouleversé par votre témoignage, d'autant plus que vous n'êtes pas la seule victime de ce genre.
    Je respecte le travail des policiers mais force est de constater qu'encore trop d'entre eux ne sont pas assez cultivés, surtout en matière de psychologie humaine, d'autant plus que leur première mission est de protéger les citoyens.
    Il vous faut un avocat. Contactez le Barreau du Québec, et ou l'Aide juridique du Québec puisque vous êtes à faible revenu. Je vous souhaite du courage.