Brûler le Coran est devenu un blasphème en Suède

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Triomphe du délit de blasphème pour les djihadistes occidentaux

Il se passe en ce moment en Scandinavie des choses qui devraient nous intéresser. Brûler le Coran est devenu un blasphème.


En janvier dernier, des manifestants ont brûlé le Coran lors d’une manifestation devant l’ambassade de Turquie à Stockholm. Le dictateur turc, l’islamiste Recep Tayyip Erdogan, a réagi en menaçant d’empêcher la Suède d’entrer dans l’OTAN. Des Suédois ont donc décidé de retourner devant l’ambassade et de brûler à nouveau le livre sacré de l’islam. 


Al-Qaïda et l'État islamique


La controverse s’est étendue ensuite à la Hollande, au Danemark, à la Norvège et à la Finlande, où des protestataires ont promis de faire la même chose. Al-Qaïda et l’État islamique ont promis des représailles. 


C’est ici qu’arrive le coup de théâtre. En février, les autorités policières suédoises ont refusé d’autoriser cette manifestation où l’on devait brûler le Coran à nouveau, citant des raisons de sécurité. Des décisions semblables ont été prises en Finlande et en Norvège. L’enjeu ne s’applique pas à la Bible ou à la Torah, seul l’islam bénéficie de ce qui est, de facto, un nouveau délit de blasphème. 


La décision a suscité un tollé et une contestation judiciaire. Le premier ministre suédois, Ulf Kristersson, a réagi. Brûler le Coran est une très mauvaise idée selon lui. Il comprend que des musulmans soient offensés. Il a maintenu l’interdiction tout en se disant un défenseur de la liberté d’expression.


La réaction de Kristersson m’a fait penser à celle de Justin Trudeau au moment de l’assassinat de Samuel Paty en France en 2020, décapité parce qu’il avait montré des caricatures de Mahomet dans sa salle de cours. Tout en condamnant cet attentat terroriste, notre premier ministre avait sous-entendu que Paty avait jeté de l’huile sur le feu, une mauvaise idée à ses yeux. 


Le fleurdelysé et le Coran


Dans ce genre de situation, tempérer n’est pas une option. La seule position possible est une défense totale et entière du droit de critiquer toutes les idéologies. Je me souviendrai toute ma vie des manifestants canadiens-anglais qui, au moment de l’accord du lac Meech, marchaient sur le drapeau du Québec. J’avais été profondément outré par ce geste provocateur et méprisant. Je n’ai jamais réclamé pour autant l’interdiction de s’essuyer les pieds sur le fleurdelysé. Le droit de profaner et de choquer constitue une partie intégrante de notre liberté d’expression... même quand ça verse dans la stupidité. Cela vaut pour notre drapeau et pour le Coran.


Les intégristes menacent par ailleurs nos libertés ici aussi. Récemment, le Canadian Muslim Public Affairs Council a réclamé la levée de l’immunité parlementaire de nos élus quand ils discutent d’organisations musulmanes. Cette règle empêche les poursuites judiciaires pour des propos tenus en chambre. 


Pour prendre un autre exemple, en Alberta, l’ancien patron de la Commission des droits de la personne, Collin May, a été renvoyé à la suite d'une campagne de dénigrement menée par le Conseil national des musulmans canadiens et le NPD. Son crime? Il a écrit en 2009 une recension de lecture d’un livre qui critique l’islam. 


De tels événements vont se multiplier avec l’arrivée en poste d’Amira Elghawaby. Cette fonctionnaire fédérale gérant un budget de 5 millions de dollars est chargée de combattre «l’islamophobie». 


Aujourd’hui, le crime de blasphème est rétabli en Suède. Demain, ce sera chez nous.

 


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Frédéric Bastien167 articles

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Titulaire d'un doctorat en relations internationales de l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, Frédéric Bastien se spécialise dans l'histoire et la politique internationale. Chargé de cours au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal, il est l'auteur de Relations particulières, la France face au Québec après de Gaulle et collabore avec plusieurs médias tels que l'Agence France Presse, L'actualité, Le Devoir et La Presse à titre de journaliste. Depuis 2004, il poursuit aussi des recherches sur le développement des relations internationales de la Ville de Montréal en plus d'être chercheur affilié à la Chaire Hector-Fabre en histoire du Québec.