Victoire pour Boris Johnson : les élus britanniques de la Chambre des communes ont voté, mardi 22 octobre, le principe de travailler à un projet de loi sur l’accord de retrait (Withdrawal Agreement Bill) qui précise toutes les modalités d’application dans la loi britannique de cet accord obtenu, le 17 octobre, à Bruxelles.
Malgré les écueils qui parfois semblent le renforcer, mais après une série de succès : le formidable congrès des conservateurs de Manchester, le discours de la reine aux accents électoraux, l’accord de Brexit arraché à l’Union européenne la semaine dernière à Bruxelles, BoJo a encore marqué, hier, à Londres, un point supplémentaire.
Certes, ce n’est pas le meaningful vote, c’est-à-dire la ratification de l’accord prévu samedi dernier, mais même Le Monde, qui veut en finir avec ce « mauvais feuilleton », admet que « ce “oui” de principe, entériné à 329 voix contre 299, laisse entrevoir la possibilité d’une majorité pour voter in fine l’accord, mais pas à la date initialement prévue du 31 octobre. C’est la première fois que le Parlement britannique approuve un texte lié au Brexit, voté en juin 2016 par 52 % des Britanniques. “Il est bienvenu, heureux même, que, pour la première fois dans cette longue saga, cette Chambre ait pris ses responsabilités, se soit rassemblée et ait adopté un accord”, s’est réjoui le Premier ministre, tout en exprimant sa “déception” que les députés se soient prononcés contre le calendrier proposé. »
En effet, une partie des mêmes députés ont estimé trop court le délai proposé par le gouvernement, qui souhaitait mettre aux voix, dès jeudi, cet accord de 110 pages (sans compter les annexes). Résultat : Boris Johnson a déclaré qu’il suspendait l’examen du texte en attendant une décision des Européens sur un éventuel report de la date de sortie.
Le gouvernement français a annoncé être prêt à un report « technique » de « quelques jours » afin que la procédure parlementaire puisse s’achever, mais s’opposera à une prolongation destinée à « rediscuter de l’accord ».
Néanmoins, dans la perspective du 31 octobre, Boris Johnson a annoncé qu’il accélérait les préparatifs dans le cas d’une sortie sans accord de l’Union européenne. Un Brexit dur verrait la mise en place d’un « Singapour-sur-Tamise », craint Angela Merkel – c’est ainsi que son esprit bureaucrate hérité de la défunte RDA interprète les propos récurrents de Boris Johnson, qui déclare vouloir créer une Grande-Bretagne avec une faible imposition, des lois souples et une déréglementation poussée.
Quoi qu’il en soit, malgré les fanfaronnades des journalistes eurolâtres qui ont longtemps fait mine de craindre le pire pour ces pauvres Britanniques, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne aura surtout pour conséquence la naissance d’un nouveau concurrent économique de taille.
Sinon, rappelons que l’accord, comme on peut le lire partout, dit que l’Irlande du Nord devrait former avec l’Union européenne une zone réglementaire, alignée sur les normes européennes fixées dans le cadre du marché intérieur communautaire. En revanche, elle fera partie de l’union douanière britannique. Les contrôles douaniers ou réglementaires se feront entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne. Il n’y aura donc pas de retour de la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, membre de l’Union européenne. Le Parlement d’Irlande du Nord qui aura un droit de veto sera consulté tous les quatre ans.
Pas de taxe sur les produits de consommation immédiate qui restent sur le marché britannique.Les autres produits subiront les droits de douane qui s’appliquent aux pays tiers de l’Union européenne.
Enfin, la déclaration politique qui accompagne l’accord de Brexit évoque la relation future entre les deux entités. Les Britanniques devraient s’aligner sur certains standards européens en vue d’un accord de libre-échange.