Bons baisers de Pékin: l’ingérence chinoise au Canada

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C'est la présence de plus en plus grande de binationaux chinois qui cause problème


Avant la dernière campagne électorale fédérale, les médias ont fait grand cas des possibles ingérences russes, alors que c’est la Chine qui semble mener ici les opérations d’influence et d’intrusion les plus importantes.  


Commençons par parler d’une curieuse manifestation publique du multiculturalisme canadien. Des immigrants ont formé en Ontario une association de vétérans. Pas des Forces armées canadiennes, de l’Armée populaire de libération chinoise. Selon le National Post, la Canada Chinese Veteran's Society a organisé récemment un spectacle avec des chanteuses en uniforme de l’Armée rouge pour lui rendre hommage. Oui, oui, c’est bien celle qui a écrasé les manifestations de la place Tian'anmen en 1989, étouffant la démocratie naissante dans la dictature communiste. Les estimations au sujet du nombre de manifestants tués à l’arme automatique varient de plusieurs centaines à des milliers. Elle se prépare maintenant à écraser les opposants de Hong Kong.  


Voilà des militaires immigrants qui n’en ont manifestement rien à cirer des valeurs canadiennes et qui sont fiers des valeurs qui leur ont été inculquées par le régime communiste chinois. Ils s’exercent d’ailleurs aussi à marcher en formation, à chanter des chansons martiales chinoises et à saluer le drapeau de la République populaire de Chine.   


L’accroissement des manifestations d’appui de la diaspora au régime chinois n’est pas fortuit. Les services secrets chinois sont très actifs au Canada. Pékin espère que les Sino-Canadiens vont faire pression sur les libéraux fédéraux dans les différends qui opposent actuellement Ottawa et Pékin. Les agents d’influence chinois infiltrent aussi depuis des années les organes politiques canadiens, tant au niveau fédéral que provincial. Ils visent aussi à s’emparer de nos secrets scientifiques, commerciaux, industriels et militaires.  


Déjà, en 2010, le patron du SCRS Richard Fadden avait laissé entendre que des hauts fonctionnaires fédéraux, des ministres de deux provinces et des élus municipaux en Colombie-Britannique étaient sous influence étrangère, indiquant clairement que la Chine était l’un des pays impliqués.   


Par la Loi sur l'accès à l’information, la Presse canadienne a obtenu une copie fortement censurée du rapport sur lequel se basait Fadden. Le chef des services secrets allait encore plus loin que ses déclarations publiques. Il y affirmait que des agents de puissances étrangères finançaient les campagnes électorales de politiciens. Fadden concluait que la « manipulation du gouvernement du Canada et des communautés ethnoculturelles à travers l’ingérence étrangère constitue une menace permanente pour notre souveraineté et notre sécurité nationale ».  


L’année dernière, le patron actuel du SCRS, David Vigneault, a de nouveau identifié la Chine parmi les pays qui espionnent le Canada et tentent d'infiltrer ses institutions de recherches.   


Le géant des télécoms chinois Huawei avait cru bon d'assurer que rien de secret ne se passait dans son centre de recherche montréalais alors que les États-Unis accusaient l’entreprise d’espionnage en rapport avec le standard de téléphonie mobile 5G.  


Il y a aussi le cas mystérieux de Qing Quentin Huang, un ingénieur de Hamilton en Ontario accusé d’avoir « offert de fournir des secrets militaires canadiens » au gouvernement chinois. Étrangement, sa cause est devant les tribunaux depuis maintenant près de six ans. Ottawa multiplie les recours judiciaires pour limiter l’accès de ses avocats aux méthodes de surveillance clandestines du contre-espionnage canadien.  


Et en plus de voler nos secrets, des gouvernements étrangers tentent donc d’influencer, par des moyens occultes, la politique canadienne. La Chine, bien sûr, mais aussi l’Inde, le Pakistan et la Russie, pour ne nommer que les plus évidents.  


Certains pays peuvent compter sur l’appui d’importantes et influentes communautés qui leur sont acquises par les liens du sang et de l’histoire. Jusqu’ici au Canada, la question de la double allégeance et de la double loyauté dans des affaires d’espionnage ne s’est guère présentée. Aux États-Unis, elle a été au cœur de plusieurs dossiers concernant la Chine et de l’affaire Jonathan Pollard, condamné à la perpétuité pour espionnage au profit d’Israël. Libéré en 2015 après avoir fait 30 ans de prison, il a reçu la citoyenneté israélienne pour service rendu, alors qu’il était incarcéré aux États-Unis.  


Pour les Chinois, c’est avant tout le patriotisme qui les motive à aider leur pays d’origine. Mais le chantage, les menaces contre des membres de la famille restés au pays ou l’appât du gain sont utilisés pour convaincre de trahir le Canada.




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