Voici ma dernière chronique avant de prendre quelques jours de repos.
Pourquoi ne pas y aller, comme le veut la tradition, maintenant que la session parlementaire est terminée, du proverbial bilan politique sur la scène québécoise ?
Le gouvernement Legault atteint des niveaux de popularité qu’on n’avait pas vus depuis des décennies.
Cette popularité tient autant à ses mérites qu’à des circonstances favorables.
Pourquoi ?
Il y a certes la classique lune de miel. Mais on a vu des lunes de miel qui n’ont pas dépassé la nuit de noces tellement l’amant est décevant.
Pas ici. De plus, la lune de miel est accentuée par l’effet de nouveauté d’avoir le premier gouvernement ni libéral ni péquiste depuis 1970.
L’économie du Québec roule à plein régime. Le taux de chômage est au plus bas depuis des décennies.
Quand l’économie va bien, le gouvernement en place en profite... même s’il n’y est pas pour grand-chose.
Quand l’économie va mal, il reçoit des tomates... même s’il n’y est pas pour grand-chose.
C’est irrationnel, mais c’est ainsi.
Le gouvernement bénéficie aussi des finances publiques laissées en bon ordre par le gouvernement libéral, même si le prix à payer pour cela fut considérable.
François Legault est modéré, sans arrogance, et a des priorités qui collent à celles des Québécois.
Il profite également de la faiblesse de ses adversaires.
Le PLQ et le PQ n’ont pas de chefs permanents. QS parle surtout à sa base.
Ces trois partis ont aussi, de toute évidence, des problèmes qui ne sont pas que conjoncturels.
Le PLQ a tourné le dos à son passé nationaliste pour ne garder de ses valeurs de base que la défense des libertés individuelles.
Mais il porte celle-ci à un niveau si extrême qu’il se coupe de la majorité francophone, en plus de lui faire la morale.
Pourquoi voter pour lui si on a déjà Justin Trudeau à Ottawa qui véhicule la même idéologie ?
Le PLQ est maintenant tenu en otage par des minorités ethnolinguistiques allergiques aux positions qu’il lui faudrait adopter pour reprendre pied hors de Montréal.
Le PQ, lui, a laissé les nationalistes modérés et conservateurs partir à la CAQ.
Pire, en faisant la cour à QS, il l’a crédibilisé, alors qu’on en riait jusque-là dès qu’on s’éloignait du centre-ville de Montréal.
À court terme, le seul espace qui reste au PQ, c’est celui de l’indépendantisme nationaliste pleinement assumé.
QS, aussi opportuniste que les vieux partis qu’il dénonce, se cherche un positionnement pour faire parler de lui autrement que par les niaiseries de Catherine Dorion.
Ce sera l’environnement, semble-t-il. Si ça ne marche pas, il essaiera autre chose.
Espace
La question de la laïcité a soudé les francophones comme la langue le faisait jadis.
Plus les attaques contre la laïcité à la québécoise se multiplieront, plus ces francophones feront bloc autour de leur gouvernement national.
Mettez tout ça ensemble et la CAQ, si elle joue bien ses cartes, a un terrain dégagé devant elle.
Cette chronique reprendra le 23 juillet.