Bombardier: de l'aide pour un avion construit en Ontario

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C'est la même entreprise, mais ce n'est pas la même province. C'est l'ontario qui y gagne

On savait que le gouvernement Trudeau cherchait une façon originale de donner un coup de pouce à Bombardier. Mais bien peu de gens avaient prédit qu'Ottawa élaborerait son aide de façon à financer surtout le développement d'un jet d'affaires de grand luxe construit à Toronto, le Global 7000.
De passage dans le centre de finition des appareils Global à Dorval, hier soir, le ministre fédéral de l'Innovation, Navdeep Bains, a annoncé l'attribution à Bombardier d'un prêt sans intérêt remboursable de 372,5 millions qui sera déboursé sur quatre ans dans le cadre d'un programme existant. La décision avait été entérinée quelques heures plus tôt lors d'une réunion du Conseil des ministres.
« Il s'agit d'un engagement historique, c'est la plus importante contribution jamais versée [à une entreprise] par le gouvernement fédéral », a tenu à préciser M. Bains, aux côtés de trois de ses collègues du cabinet.
« Oui, cela a pris un certain temps, a convenu le ministre des Transports, Marc Garneau. Mais c'est parce que nous avons négocié soigneusement au nom de tous les contribuables. »
Les deux tiers du prêt, soit 248 millions, doivent servir au développement du Global 7000 et le tiers, soit 124 millions, à la gamme d'avions commerciaux C Series, lesquels sont assemblés à Mirabel. Le Global 7000 a réalisé son premier vol en novembre à Toronto et doit entrer en service en 2018, alors que la C Series est entrée en service en juillet. Aucun plancher d'emploi n'est associé au prêt, mais Bombardier s'est engagé à maintenir ses installations de Toronto et de la région de Montréal, qui emploient quelque 4000 personnes actuellement pour la C Series et le Global 7000.
Navdeep Bains n'a pas répondu directement lorsqu'on lui a demandé si la structure du prêt visait à faire taire les nombreux détracteurs de Bombardier au Canada anglais.
« En toute franchise, l'aérospatiale est importante pour Bombardier, pour Montréal et pour le Québec, mais aussi pour le Canada. » - Navdeep Bains
À Québec, la subtilité n'a pas échappé au gouvernement Couillard. « Politiquement, Ottawa voulait dire oui à l'Ontario en même temps », a constaté hier soir une source libérale.
Il faut dire qu'en 2005, le gouvernement fédéral a investi 350 millions dans la C Series, mais qu'il n'avait pas encore apporté de contribution au Global 7000, un projet lancé en 2010, alors qu'il avait participé au financement de la première génération des appareils Global, dans les années 90.
« FLEXIBILITÉ »
« Quelle belle journée pour Bombardier ! », s'est exclamé le PDG Alain Bellemare, en remerciant le ministre Bains de sa « confiance ». « L'annonce d'aujourd'hui envoie un message fort : le Canada chérit son industrie aéronautique. »
Le dirigeant a laissé entendre que les fonds d'Ottawa pourraient notamment permettre à Bombardier d'éponger de nouveaux dépassements de coûts.
« Le soutien du gouvernement nous donne la flexibilité additionnelle que nous recherchions de façon à répondre aux défis qui surviennent quand vous repoussez les frontières de la technologie, à tenir le coup dans l'éventualité de difficultés à court terme dans le marché et à commencer à examiner de nouveaux programmes. » - Alain Bellemare
M. Bellemare a toutefois convenu que les 124 millions d'Ottawa réservés pour la C Series seront bien insuffisants pour lancer le CS500, une version de 160 à 180 sièges de la famille d'avions dont le développement pourrait coûter 1 milliard US. L'argent fédéral servira à « continuer d'améliorer » la C Series, a-t-il indiqué.
Ottawa et Bombardier s'étaient évidemment mis d'accord sur les raisons pour expliquer l'écart substantiel entre le prêt consenti hier et la demande présentée par Bombardier à l'automne 2015, qui se chiffrait à 1 milliard US (1,3 milliard CAN) : Québec et la Caisse de dépôt ont déjà injecté 2,5 milliards US dans Bombardier, Air Canada et Delta Air Lines ont commandé 120 avions C Series, la situation financière de l'entreprise s'est assainie (grâce notamment aux 14 500 licenciements annoncés) et le cours de l'action s'est nettement raffermi.
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