Paris -- «Je ne suis pas venu en France quêter quoi que ce soit et je ne suis venu chercher la bénédiction de personne», a affirmé André Boisclair, qui dressait hier à Paris un bilan positif de sa première visite en France à titre de chef de l'opposition officielle. Plongé malgré lui «au coeur de la vie politique française» après le commentaire controversé de Ségolène Royal sur les «valeurs qui nous sont communes, c'est-à-dire la souveraineté et la liberté du Québec», André Boisclair se félicite de ne pas avoir commenté cette déclaration. «Quand on regarde les mots, a-t-il dit, on peut comprendre bien des choses.»
À ceux qui lui reprochent d'avoir quitté le Québec à quelques semaines du déclenchement des élections, il répond: «Je ne serais pas venu que ces mêmes éditorialistes me reprocheraient de ne pas faire ma job». Durant ces quatre jours, il s'agissait, a-t-il dit, de «perpétuer une tradition qui va au-delà de la politique partisane».
Au cours de cette visite, le chef du Parti québécois aura rencontré quelques-unes des personnalités les plus importantes de la vie politique française, du premier ministre Dominique de Villepin aux deux principaux candidats de l'élection présidentielle, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. De retour de Bordeaux, où il a notamment visité une entreprise de recyclage, le leader souverainiste a achevé son séjour en rencontrant hier plusieurs personnalités françaises et québécoises du monde de l'économie.
Image moderne
André Boisclair dit avoir d'abord voulu présenter une image moderne du Québec. «La relation que le Québec entretient avec la France est une relation moderne qui n'est pas inspirée que par une histoire commune.» Avant tout à cause de la protestation du gouvernement canadien adressée à Ségolène Royal, tous les journaux français ont relaté sa visite. Le quotidien Libération publiait hier [un texte de sa main expliquant sa conception de la nation québécoise->3966].
André Boisclair a aussi parlé de souveraineté en France. Il rentre de Paris convaincu que la position de la France à l'égard du Québec «est toujours la même». Elle n'a pas changé, a-t-il dit, depuis que Valéry Giscard d'Estaing avait déclaré en 1977 que la France «accompagnera» le Québec dans ses choix.
Devant la presse québécoise, le chef de l'opposition semblait déjà en mode électoral. Il a reproché à Jean Charest et au premier ministre Stephen Harper de tenter de créer un «effet concerté» pour «faire baisser la barre» dans le dossier du déséquilibre fiscal. Les récentes fuites dans les médias relèvent, selon lui, d'une «tentative délibérée de faire baisser la barre et de conditionner l'opinion». «Va-t-on former au Québec une nouvelle génération politique dont le seul objectif sera d'aller quémander un peu plus d'argent à Ottawa? C'est pas ça, le destin du Québec.»
Devant la grogne de certains membres de la gauche du Parti québécois qui lui reprochent ses déclarations sur la distance que le parti devrait maintenir avec les syndicats, il dit vouloir «réfléchir avec les membres du PQ sur une nouvelle social-démocratie qui permettra d'actualiser notre programme». Il dénonce une «croissance anémique» et «un revenu disponible par habitant qui croît moins vite au Québec que dans le reste du Canada». Plus tard, André Boisclair n'a pas caché son admiration pour le type de social-démocratie mis en avant par le premier ministre britannique Tony Blair.
Le chef de l'opposition s'est dit heureux d'apprendre que le directeur général des élections publiera son rapport sur Option Canada quel que soit le contexte électoral. André Boisclair a aussi félicité la délégation générale du Québec à Paris pour l'organisation de ce voyage très chargé. Selon le délégué général, Guy Licari, le premier ministre Jean Charest lui-même avait souhaité que ce voyage soit fructueux.
Correspondant du Devoir à Paris
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