Beaver club

Un rayon de soleil fulgurant a percé les nuages

Dérives démocratiques - la société confrontée à sa propre impuissance


On parle beaucoup de culture, ces temps-ci. Comment le méchant gouvernement Harper sabre dans la culture à grands coups de machette, comment les artistes ne pourront plus organiser de tournées à l'étranger, etc.
À lire ces reportages, on a l'impression que la culture canadienne se porte extrêmement mal.
Or, chers amis, le ciel n'est pas aussi gris qu'on nous le dit.
UNE BONNE NOUVELLE !
En effet, la semaine dernière, un rayon de soleil fulgurant a percé les nuages qui s'accumulent au-dessus de notre beau pays.
On a appris qu'un producteur de films pornos basé à Edmonton a reçu le feu vert du gouvernement fédéral pour mettre en ondes un canal spécialisé (appelé Northern Peaks) qui diffusera des films de cul vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours par semaine.
Et devinez quoi ? Grâce au CRTC, qui veille toujours sur les intérêts du Canada, 50 % du contenu de la programmation diffusée par ce nouveau canal sera canadien ! C'est pas beau, ça ?
Après avoir tiré le diable par la queue, la culture canadienne s'est dit : «Pourquoi seulement le diable ?»
LE BRAS CANADIEN
Grâce à ce nouveau canal spécialisé, les danseuses et les comédiennes qui auront de la difficulté à vivre de leur art à cause des récentes coupes du gouvernement Harper pourront boucler leur fin de mois en «élargissant leur palette».
«Il y a une grande demande pour des produits locaux dans la porno, a expliqué le grand patron de Northern Peaks, qui possède la plus grande collection de films cochons made in Canada (un peu plus de 200). Il n'y a rien de plus excitant que de voir un film porno mettant en vedette des gens qu'on pourrait croiser à l'épicerie...»
Ce grand patriote a raison (quoique ça dépend des épiceries...).
On a beau être un citoyen du monde et aimer les autres cultures, regarder Debbie Does Dallas, c'est pas comme regarder Debbie Does Calgary. Il n'y a rien de mieux pour faire lever un drapeau canadien que de voir une petite rousse monter un gros boeuf de l'Ouest au son d'un rigodon de Stompin Tom Connors.
Comme on dit, ça fait monter la sève dans la feuille d'érable !
DU RACISME ANTI-FRANÇAIS !
Je vous entends demander : «Et les francophones, eux ? Qu'est-ce qu'ils pourront regarder ?»
(Après tout, comme les vrais connaisseurs le savent, on ne visionne pas des films pornos seulement pour le sexe. Il y a l'histoire, les dialogues, le jeu des comédiens...)
Eh bien, nous aurons notre propre réseau 100 % cul : Vanessa, propriété de l'entreprise Sex Shop Television. Mais il n'y aura que 20 % de contenu local.
Imaginez : nous avons les plus belles filles du pays, pour ne pas dire du monde, mais nous ne les verrons que 20 % du temps, alors que les jambons de Saskatoon, eux, pourront baiser jusqu'à plus soif ! Si ce n'est pas du racisme, je me demande ce que c'est... Où est le Bloc quand on a besoin de lui ?
Au lieu de critiquer la venue de Sir Paul McCartney, qui a tant fait pour l'industrie québécoise de la fausse fourrure, Pierre Curzi devrait plutôt défendre les porn stars de Gatineau et de Rivière-du-Loup. Il en va de notre honneur et de notre fierté.


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