Barrette, Habermas et l'éthique de la discussion

Tribune libre

Le grand philosophe allemand Jürgen Habermas, né en 1929, a décrit de façon éclairante les conditions d’un dialogue social fructueux. Premièrement, il faut que les interlocuteurs soient disposés dès le départ à changer d’opinion à la suite de l’échange. Deuxièmement, les interlocuteurs doivent avoir la capacité et le désir de se mettre dans la peau de l’autre, de voir les conséquences de leurs propres opinions sur l’autre. C’est ce qu’il appelle l’éthique de la discussion.

Malheureusement, avec le ministre Barrette, ce dialogue social s’avère systématiquement infructueux. Le ministre est sûr d’avoir toujours raison. Par exemple, à la Commission parlementaire sur le projet de loi 10 concernant les méga-fusions, il n’a pas pris en compte le contenu de 95 % des mémoires soumis. On a de plus en plus l’impression qu’il est inutile de faire des représentations auprès du ministre puisque son idée est déjà faite et qu’il n’en changera pas. Les temps sont durs pour l’éthique de la discussion, sous le ministre Barrette.

Qu’arrivera-t-il au ministre si, un jour, il devient en perte d’autonomie et est hébergé en centre spécialisé ? Rassurez-vous : il disposera des services d’un centre privé haut de gamme, avec beaucoup de personnel. Mais sera-t-il heureux pour autant ? Selon la littérature scientifique, que le ministre consulte peu, il risque d’être malheureux à cause de ses attitudes.

Certaines recherches, dont celle de Claire Soucy, travailleuse sociale (UQAM, novembre 2007) http://www.archipel.uqam.ca/830/1/M10095.pdf , font ressortir que le grand âge, avec ses pertes et ses limites, peut être encore une période de croissance de la personne, à la condition que la personne en perte d’autonomie ait développé une certaine approche de la vie. On rapporte le cas d’une dame hébergée en ressource intermédiaire qui, au lieu de se plaindre de ses malaises, a un rapport empathique avec le personnel, s’inquiète de la santé des préposées, de la santé de leurs enfants. Sur son étage, le personnel est unanime à dire que cette bénéficiaire semble la plus heureuse : elle est tournée vers les autres, et non vers ses propres petits bobos.

Au grand âge, pour certaines personnes, la vie ne devient plus une course au pouvoir, ou aux objets matériels, mais une belle acceptation, philosophique, de leur destin, de leurs limites, de leurs pertes, dans une optique de grande connaissance de soi, de maturation, de lâcher-prise (une attitude active, à ne pas confondre avec la résignation, une attitude passive), de sagesse, de plénitude de sens, de croissance, de sérénité et de détachement, ce qui rejoint la simplicité volontaire.

On ne reconnait pas Gaétan Barrette dans ce portrait. Il vieillira comme il a vécu, toujours en quête de pouvoir et de symboles de richesse. Là où le ministre Barrette passe, la compassion ne repousse pas.

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Jacques Fournier98 articles

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Organisateur communautaire dans le réseau de la santé et des services sociaux





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2 commentaires

  • Pierre Grandchamp Répondre

    8 avril 2016

    Barrette a instauré un système, à la soviétique, hyper centralisé. Du haut de son ministère, il fait de la micro gestion: il contrôle TOUT! Qui dit hyper centralisé dit loin des bénéficiaires. J'ai vécu 2 expériences récemment dans le système qui m'ont convaincu.
    Les cadres doivent obéir au doigt et à l'oeil. Ça tombe comme des mouches en congé maladie. Dans mon CLSC, la responsable est en burn out pis sa remplaçante itou.
    Malheur à celui ou celle qui osera émettre une opinion autre que celle du cheuf!

  • Serge Jean Répondre

    7 avril 2016

    «Au grand âge, pour certaines personnes, la vie ne devient plus une course au pouvoir, ou aux objets matériels, mais une belle acceptation, philosophique, de leur destin, de leurs limites, de leurs pertes, dans une optique de grande connaissance de soi, de maturation, de lâcher-prise (une attitude active, à ne pas confondre avec la résignation, une attitude passive), de sagesse, de plénitude de sens, de croissance, de sérénité et de détachement, ce qui rejoint la simplicité volontaire.»
    Encore faut-il que les environnements propices à ce genre de «sortie de vie » idéale, existent réellement pour tous. Au contraire, ce que l'on voit ce sont des poulaillers, gérés par des syndicats et des conseils d'administration avec «leurs besoins d'abord» des horaires rigides, des couvre-feu, de la médication forcée de type répression des besoins réels comme les somnifères et sédatifs, et de la nourriture très ordinaire le pain blanc cheap entre autre, de la télévision omniprésente et abrutissante, des chaises berceuses, pas d'internet et cetera, et cetera.
    Pour couronner le tout, la visite surprise de monsieur le Bailli Barette couché sur son brancard royal les dimanche après-midi.
    Où est la belle sérénité là-dedans? Je ne la vois pas.