Avouez qu'il faut avoir un esprit assez tordu ou des talents de mauvaise comédienne, pour affirmer comme l'a fait il y a quelques jours Françoise David, qu'elle est patiente, qu'elle n'est pas pressée de voir ses idées triompher. Je dis mauvaise comédienne parce qu'une telle déclaration est pitoyable et peu crédible, malgré tout. Elle cache un autre jeu.
Cette même personne qui en 1980 votait NON au premier référendum sur la souveraineté du Québec, parce que, selon l'organisation maoïste dans laquelle elle militait, le mouvement indépendantiste divisait les forces de la classe ouvrière canadienne - un concept inexistant, soi-dit en passant, sauf dans la tête de gens complètement déconnectés de la réalité, de gens qui veulent adapter la réalité têtue à leurs théories -, donc cette personne, Françoise David, coporte-parole de Québec solidaire, affirme le plus candidement du monde que la souveraineté du Québec peut attendre et que la clef du succès passe d'abord par un vote pour sa formation politique. Elle est fidèle, en cela, à ses vieilles prises de position des années soixante-dix, en reléguant le mouvement indépendantiste au second plan, et en militant pour une unité impossible non pas entre les forces souverainistes, ce qui serait noble en soi, mais bien entre les progressistes du Québec, du Canada et pourquoi pas des États-Unis, tant qu'à faire. Avancez en arrière! Bienvenue dans le monde des chimères.
Et comme pour ne pas être en reste, l'autre dirigeant de QS, Amir Khadir, en a rajouté une couche, comme on dit, en reprenant les propos diffamatoires de l'émission Enquête de Radio-Canada concernant Pierre Karl Péladeau, qu'il tente, lui aussi, de diaboliser et de salir salement, je dirais. Il accuse PKP de «déloyauté» à l'égard du Québec, en se vantant, lui, de se faire un honneur et un devoir de payer ses impôts. En êtes-vous bien certain, M. Khadir?
Ce Monsieur Propre a déjà essayé, au moins une fois, de ne payer les taxes sur les biens et services (TPS et TVQ). C'était lors d'une campagne électorale municipale où sa femme se présentait comme conseillère dans un arrondissement de Montréal. Monsieur Net en personne s'était présenté au commerce d'Ameublement Elvis, rue Papineau, afin d'y louer un petit frigo pour le local que sa femme avait loué pour la durée de la campagne électorale. Et il avait proposé à mon ami Elvis de ne pas payer les deux taxes pour faire baisser le prix, en payant comptant, bien entendu. Ni vu ni connu.
Heureusement, Daniel, le propriétaire de ce magasin, a refusé sa proposition malhonnête, parce que lui, il se fait vraiment un devoir et un honneur de payer son dû au gouvernement. S'il a fait cette proposition malhonnête une fois, on peut facilement supposer qu'il l'a fait à d'autres reprises. Mais ce ne sont que des suppositions, bien entendu. Tout de même, je me garderais une petite gêne pour ce qui est de la loyauté. Je vois mal Pierre-Karl Péladeau faire la même proposition malhonnête à un petit commerçant de quartier.
Mais, en fin de compte, il s'agit de faire la souveraineté dans les meilleurs délais, en rassemblant toutes les forces qui y croient. Ça presse. Et moi, je n'ai pas honte de dire que je suis pressé et que je suis impatient. Je ne veux pas attendre que Québec solidaire prenne le pouvoir pour voir un jour le Québec accéder au rang de pays. Parce que ce parti ne prendra jamais le pouvoir et nous allons continuer, pendant tout ce temps, de voir nos droits bafoués et ridiculisés. En raison de la baisse de notre poids démographique, nous allons petit à petit être déclassés au sein du Canada. Avec un premier ministre comme Couillard à Québec et un Trudeau junior à Ottawa, qui ne jurent tous les deux que par le multiculturalisme, l'identité du Québec est sérieusement menacée à court terme.
Je trouve l'attitude de Françoise David démobilisatrice et dangereuse. Des phrases comme : «Je pense que les Québécois, tranquillement, vont être mûrs pour ça [joindre les rangs de QS]», sont des tue-espoir. Et c'est sans doute ce qu'elle veut, la dirigeante de QS, comme aux bons vieux jours des groupes maoïstes: Tuer tout espoir de voir un jour le Québec accéder au rang des nations souveraines.