Au micro de l’une des stations françaises l’ayant dépeint comme un «xénophobe» d’«extrême droite» au lendemain de son élection, le premier ministre désigné, François Legault, a eu l’occasion, jeudi, de remettre les pendules à l’heure.
«Vous avez mauvaise presse ici, chez nous en France. On vous décrit d’extrême droite, populiste, xénophobe, le Trump ou le Salvani québécois. Marine Le Pen vous soutient. Est-ce que vous vous reconnaissez déjà dans ces portraits ou ils vous blessent?», a d’entrée de jeu questionné Marc-Olivier Fogiel, l’animateur de l’Entretien du jour diffusé à RTL.
«Ils me blessent. D’abord, je rejette toute forme d’association avec Mme Le Pen, avec les groupes d’extrême droite. Je pense, au Québec, de toute façon qu’il n’y a pas de politicien d’extrême droite. Tout le monde souhaite l’immigration. Tout le monde souhaite un vivre ensemble», a soutenu M. Legault.
Immigration
«On lit partout quand même que vous êtes anti-immigration d’où le tweet de Marine Le Pen [...] votre politique, avec un pragmatisme économique c’est finalement d’en accueillir moins d’immigrants», a rétorqué l’animateur.
François Legault a alors expliqué que le nombre d’immigrants reçus par le Québec a considérablement augmenté depuis 2003, passant de 40 000 à 50 000.
«Nous on veut le ramener à 40 000. Et il faut comprendre qu’à 40 000 par an, le Québec va accueillir plus d’immigrants, toutes proportions gardées, que la France ou les États-Unis», a-t-il nuancé.
L’animateur l’a aussi interpellé sur les tests des valeurs québécoises et de français que le premier ministre souhaite faire passer aux immigrants, de même que son combat pour la laïcité.
«Vous soutenez l’interdiction du port du burkini au Québec. C’est ce qui fait que vu d’ici, on se dit: “bien tiens! Il ressemble quand même beaucoup aux nationalistes qui aujourd’hui prennent le pouvoir”», a-t-il lancé.
Le premier ministre a assuré qu’il n’avait pas l’intention d’interdire le burkini.
«Pour ce qui est des signes religieux, on va beaucoup moins loin que d’autres pays. Ce qu’on veut c’est interdire les signes religieux pour les personnes en position d’autorité. C’est pas mal moins extrême que certains ont voulu le dire, entre autres, en France», a-t-il plaidé.
Concernant les tests de Français, François Legault parle d’«une question de survie» de la langue en Amérique du Nord.
Donald Trump
François Legault a aussi eu à se défendre de ressembler à Donald Trump et a préféré être comparé au président français, Emmanuel Macron.
Le président français Emmanuel Macron et le premier ministre désigné, François Legault
«Je suis vraiment, comme monsieur Macron, un pragmatique qui regarde les dossiers un par un», dit-il.
«C’est vrai qu’on avait une image un peu brouillée de vous. On vous découvre autrement ce soir», a admis l’animateur en fin d’entrevue.