L'élection d'un nouveau président à l'Assemblée nationale a failli tourner au drame cette semaine, alors que les libéraux s'attendaient à faire élire leur candidat, Yvon Vallières, en prenant appui sur la division du vote de l'opposition. Or, coup de théâtre, cinq minutes avant l'heure limite pour les mises en candidature, lundi, voilà que l'adéquiste Marc Picard annonce qu'il retire sa candidature au profit du péquiste François Gendron.
Furieux d'un tel revirement après des semaines de tractations -- infructueuses, il faut le préciser --, le leader du gouvernement, Jean-Marc Fournier, s'est empressé de dénoncer cette «manoeuvre faite pour tromper», ajoutant sur un ton péremptoire qu'il s'agissait d'une «rupture de la cohabitation» entre le gouvernement et l'opposition.
Hier, à l'ouverture des travaux, les députés ont tenu un vote secret qui a conduit, comme prévu, à l'élection de M. Gendron. Pour la première fois en 100 ans, ce sera donc un député de l'opposition qui présidera l'Assemblée nationale.
Après avoir refusé d'accompagner le nouveau président jusqu'à son siège comme le veut la tradition, le premier ministre Charest a profité de son discours d'introduction pour dénoncer à son tour ce qu'il a qualifié de «subterfuge» du nouveau président pour se faire élire sans que le gouvernement ait été consulté. Il y a là «bris de confiance», le «contraire de la coopération», de conclure M. Charest.
Quel mélodrame! L'opposition n'a pas consulté le gouvernement, c'est vrai, et il faut le déplorer. Le parlementarisme britannique est régi par des textes écrits, mais aussi par la tradition.
Cela dit, M. Charest et son équipe savaient depuis le début que l'opposition adéquiste ne voulait rien entendre de la candidature d'Yvon Vallières qu'elle accuse d'être l'auteur des charges les plus mesquines à son endroit. Un président des débats doit être objectif, et celui-là ne l'aurait pas été, affirme Mario Dumont. C'est donc la présence d'un gouvernement minoritaire qui lui a fourni les munitions pour faire élire... un péquiste.
Même minoritaires, les libéraux avaient fait le pari que leur candidat profiterait de la division du vote entre les candidats des deux partis d'opposition. Ils ont donc refusé de tenir compte des doléances de l'ADQ et maintenu, jusqu'à la fin, leur décision de présenter Yvon Vallières au lieu d'un député plus neutre. Ce fut leur erreur.
Certaines rumeurs veulent que M. Charest utilise ce «bris de confiance» comme prétexte pour déclencher des élections hâtives. C'est son droit. Mais en cette période de crise financière aiguë, il lui sera difficile d'expliquer que la tenue d'élections générales est urgente parce que l'opposition majoritaire a préféré le député Gendron au député Vallières pour présider l'Assemblée nationale. Pas fort comme prétexte!
Assemblée nationale - Que les travaux débutent !
Pas fort comme prétexte!
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