Conseil de la fédération - Chacun son rôle

Crise mondiale — crise financière

Le premier ministre Jean Charest a convoqué ses homologues du Conseil de la fédération à une rencontre pour discuter d'économie, lundi, à Montréal. Il faut applaudir cette initiative qui précédera une autre rencontre promise par le premier ministre Harper et dont la date est inconnue. Dans la conjoncture actuelle, les provinces doivent faire front commun.
Les pressions seront fortes au cours des prochains mois pour que les provinces ouvrent les vannes bien au-delà de leurs prévisions actuelles de dépenses. Or, compte tenu de leur situation financière, peu d'entre elles sont en mesure de laisser leur dette grimper de façon importante pendant quelques années.
Dans le passé, les provinces ont toujours voulu jouer le même rôle qu'Ottawa en matière de politique économique. Malgré cela, l'impact est resté limité, pour ne pas dire à peu près nul. En fait, les provinces n'ont pas les outils économiques nécessaires pour jouer un rôle macroéconomique d'importance, encore moins depuis l'intégration au grand tout américain.
Ces outils sont entre les mains d'Ottawa, qui contrôle à la fois la politique monétaire et la politique fiscale. La décision récente du ministre Flaherty d'utiliser la SCHL pour fournir 25 milliards de liquidités aux banques, par exemple, ou celle, prévisible, de la Banque du Canada de réduire les taux d'intérêt la semaine prochaine, illustrent ces pouvoirs extraordinaires du gouvernement central.
Dans une fédération à pouvoirs partagés comme le Canada, on attend des provinces qu'elles rendent les services directs à la population, notamment en santé et en éducation, et qu'elles investissent dans les infrastructures qui relèvent de leurs compétences. Or, à cause du ralentissement qui s'annonce, les provinces devront résoudre la quadrature du cercle pour continuer à offrir tous les services publics essentiels sans devoir sabrer les programmes. Il sera sans doute inévitable d'inscrire un déficit si les revenus ne sont pas au rendez-vous.
En revanche, il ne sert à rien d'en faire plus pour épater la galerie, les effets positifs à court terme étant très limités et aussitôt annulés par les conséquences désastreuses d'une explosion de la dette, dont les intérêts réduisent la part des revenus disponible pour les programmes.
La stratégie sur laquelle les provinces devraient s'entendre, lundi, c'est de convaincre Ottawa de jouer pleinement son rôle de régulateur de la conjoncture, d'abord en maintenant ses transferts et ses dépenses aux niveaux prévus, ensuite en créant des programmes de soutien du revenu des ménages touchés par la crise et de stimulation de l'activité économique.
Réussir cette opération serait déjà beaucoup, compte tenu de l'entêtement idéologique d'un gouvernement conservateur qui a promis d'équilibrer les comptes malgré les prévisions qui parlent d'un déficit d'au moins 10 milliards l'an prochain à Ottawa.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->