Arrêtons cette marche inexorable qui jette des Nations dans l'oubli

Chronique de Marie-Hélène Morot-Sir

Est-ce que Ouhgo me permettra de chipoter un tantinet son dernier texte, ["Des nations meurent dans l'indifférence, malgré leur rêve" ->30509]? afin de souligner deux ou trois points précis :
- La France est arrivée sur les rives du Saint Laurent bien avant la Révolution française de 1789, les premiers Français sont venus poussés par le désir d'un roi,le roi Henri IV et le but de cette première alliance passée avec tous les Attichawata n'était pas la colonisation, même pas d'ailleurs le commerce,ce dernier se pratiquait déjà bien avant l'arrivée des Français(pêche ou pelleteries) mais c'était de pouvoir prendre pied sur ce continent, dans l'unique but de trouver " la mer Vermeille" celle qui les conduirait en Chine !.
Tous pensaient que la Chine recelait des richesses infinies...Et pendant des années et des années, nous l'observerons encore avec Cavelier de la Salle, puisque ce dernier voulait atteindre le golfe du Mexique par le Mississipi ( écrit à la Française avec un seul "P" de son nom Amérindien Metsi Sipi ") parce qu'il recherchait lui aussi à atteindre cette mer, qui allait ouvrir le passage vers cet autre continent tant espéré..
Par la suite les Français se sont tournés effectivement vers le commerce des fourrures, parce que c'était un moyen de vivre et de survivre, et bien sûr, pour certains un moyen de même arriver à s'enrichir.. y compris pour les Jésuites, ou certains gouverneurs et principalement on le verra, pour la compagnie des Cent Associés.. Plus tard des plans de grande ampleur commerciale seront mis en place, tels la C.N.O ( Compagnie du Nord Ouest) et plus tard avec les Anglais la C.B.H (Compagnie de la Baie d'Hudson)
- Pourquoi la France n'a-t-elle pas réussi à occuper le territoire ? Parce qu'il n'y a pas eu un désir de colonisation, les Français n'ont jamais voulu ni assimiler ni acculturer les Amérindiens, ils ne les ont pas non plus obligés à apprendre le Français, ce sont les Français qui au contraire ont appris les langues amérindiennes...
Les Français, dont Champlain le premier, avaient fait venir des missionnaires parce qu'ils pensaient que leur religion permettrait d'adoucir les moeurs de ces hommes, qui vivaient dans les bois une vie si rude, cela a été une des raisons principales qui a attiré les femmes amérindiennes, elles ont été les premières à vouloir être baptisées par ces prêtres, qui leur apportaient toutes les paroles d'Amour du Prochain, contenues dans leur Evangile.
Il n'était donc pas dans l'idée de ce roi fin 16ème et début 17ème siècle de coloniser, ce n'est que petit à petit que les Français se sont installés. Certainement si cela avait été dans un esprit de colonisation, les moyens pour en faire une colonie auraient été autrement importants, comme il a été facile de l'observer dans les colonies de la Nouvelle Angleterre, qui ont compté très vite six colonies puis assez rapidement sont arrivés jusuqu'à treize.
- La façon des missionnaires de supporter et d'accepter les terrifiantes et si inhumaines tortures, ne servaient pas à en mettre plein les yeux aux Amérindiens, les prêtres étaient réellement fiers de devenir des martyrs pensant par là, absolument sincèrement, monter tout droit dans leur Paradis des croyants.. ils y croyaient de toute leur âme, tant leur instruction au sein de l'ordre des jésuites leur avait apporté cette certitude profonde, nous dirions aujourd'hui qu'ils avaient été totalement formatés, et rien n'aurait pu les en détourner .. Le Père Jogues après ce qu'il avait subi en 1642 à Ossernenon, avait pu rentrer en France, mais non seulement il est revenu en Nouvelle France, mais il est retourné, et ce malgré sa peur, chez les Annierronnons (Agniers/Mohawks)qui l'avaient une première fois amené aux portes de la mort, dans des souffrances indescriptibles, accompagné cette fois de Jean de la Lande. A croire qu'il recherchait ce coup de tomahawk fatal ce 18 octobre 1646 !
- Enfin n'est-il pas temps encore que la jeunesse fasse enfin la différence entre l'Histoire et la Légende? N'est-il pas plus qu'urgent qu'ils soient tous fiers de votre incroyable Passé ? Fiers de vos ancêtres qui ont bâti un pays avec aussi peu de moyens, en partant de si peu, dans un pays aux hivers si rudes, tout en étant si peu nombreux, une si petite poignée seulement au départ de votre Histoire !..Tant de peuples seraient tellement heureux et ne se prendraient pas pour rien, de posséder un tel Passé sur lequel s'appuyer !
Le temps ne vous est-il pas en effet plus que compté, afin d'arrêter la marche inexorable, qui entraîne des Nations entières dans l'oubli, de mettre un grand coup de frein à l'hégémonie de ceux qui tentent d'effacer votre prestigieux Passé ?

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Marie-Hélène Morot-Sir151 articles

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Auteur de livres historiques : 1608-2008 Quatre cents hivers, autant d’étés ; Le lys, la rose et la feuille d’érable ; Au cœur de la Nouvelle France - tome I - De Champlain à la grand paix de Montréal ; Au cœur de la Nouvelle France - tome II - Des bords du Saint Laurent au golfe du Mexique ; Au cœur de la Nouvelle France - tome III - Les Amérindiens, ce peuple libre autrefois, qu'est-il devenu? ; Le Canada de A à Z au temps de la Nouvelle France ; De lettres en lettres, année 1912 ; De lettres en lettres, année 1925 ; Un vent étranger souffla sur le Nistakinan août 2018. "Les Femmes à l'ombre del'Histoire" janvier 2020   lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=evnVbdtlyYA

 

 

 





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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 septembre 2010

    Cette étude envisage la part prise par les historiens canadiens dans la construction de
    l'identité québécoise au cours des cent cinquante dernières années, à travers leur
    perception de l'influence amérindienne sur la société en Nouvelle-France. Elle
    distingue trois phases successives : 1) les années « maigres » (1840-1880), qui
    s'interrogent peu sur l'influence des cultures autochtones ; 2) les années de la
    « négation » (1880-1960) qui voient les historiens canadiens-français démentir
    vigoureusement tout métissage ; 3) les années « fastes » (depuis 1960), au cours
    desquelles chercheurs francophones et anglophones notent une très forte influence
    amérindienne. L'étude s’interroge enfin sur les facteurs ayant pu intervenir dans cette
    évolution.
    Pour en savoir plus consulter cette étude au lien suivant;
    http://jfmouhot.free.fr/prive/documents/globe.pdf
    Soldat Sanspareil
    2ème bataillon du régiment de la Sarre
    Vive le Roy!
    http://www.regimentdelasarre.ca
    http://www.tagtele.com/videos/voir/46581
    http://www.ameriquebec.net/actualites/2009/08/03-rapatriement-des-armoiries-royales-de-france.qc
    François Mitterrand
    Un peuple qui n'enseigne pas son histoire est un peuple qui perd son identité

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    17 septembre 2010

    En effet, Marie-Hélène,
    "Le temps ne vous est-il pas en effet plus que compté, afin d’arrêter la marche inexorable, qui entraîne des Nations entières dans l’oubli,"
    ...dans l'année qui vient de passer, des rassemblements massifs de la population au Québec nous ont donné espoir et déception, à l'égard de nos générations montantes. Or, voici qu'une nouvelle chance est offerte aux Québécois de toute tendance de démontrer leur volonté de vivre en français. Centre Pierre-Charbonneau rue Viau MOntréal, samedi 18 sept (demain!) 19.30 hres Le nombre fera foi de la vitalité de cette nation en voie d'extinction.
    Ouhgo

  • Archives de Vigile Répondre

    16 septembre 2010

    Ces paroles ont étés prononcés le 28 avril 1760, l'année 2010 marquera le 250ème anniversaire de la bataille de Ste-Foy.
    En espérant que ces paroles du Chevalier de Lévis ne tombe dans l’oubli , je souhaite que ceux-ci résonnent de nouveau sur les plaines. Qui sera le porte voie?
    Citation du chevalier de Lévis lors de la bataille de Ste-Foy 1760..
    La seconde bataille des plaines d’Abraham !
    Chevalier de Lévis
    « Nos espoirs sont élevés. Notre foi dans les gens est grande. Notre courage est fort. Et nos rêves pour ce magnifique pays ne mourront jamais. »
    Soldat Sanspareil
    2ème bataillon du régiment de la Sarre
    Vive le Roy!
    http://www.regimentdelasarre.ca
    http://www.tagtele.com/videos/voir/46581
    http://www.ameriquebec.net/actualites/2009/08/03-rapatriement-des-armoiries-royales-de-france.qc
    François Mitterrand
    Un peuple qui n'enseigne pas son histoire est un peuple qui perd son identité

  • Archives de Vigile Répondre

    16 septembre 2010

    L'instruction à Québec sous le régime français.
    Un très beau texte rendant hommage à nos ancêtres, pour plus de détails consulter le lien suivant page 169 et 170:
    http://www.ourroots.ca/page.aspx?id=375866&qryID=34c00311-7455-410d-9083-c586357aeacb
    Honneur à nos Héros!
    Soldat Sanspareil
    2ème bataillon du régiment de la Sarre
    Vive le Roy!
    http://www.regimentdelasarre.ca
    http://www.tagtele.com/videos/voir/46581
    http://www.ameriquebec.net/actualites/2009/08/03-rapatriement-des-armoiries-royales-de-france.qc
    François Mitterrand
    Un peuple qui n'enseigne pas son histoire est un peuple qui perd son identité

  • Archives de Vigile Répondre

    16 septembre 2010

    A tout lecteur de comprendre et d'agir à sa manière :
    « Tous les hommes qui dans l'histoire, ont eu une action réelle sur l'avenir, avaient les yeux fixés sur le passé.»
    Gilbert Keith Chesterton

    Extrait de Ce qui cloche dans le monde

  • Archives de Vigile Répondre

    16 septembre 2010

    Madame Morot-Sir,
    Quelqu’un peut faire erreur sur l’Histoire, sur notre Histoire, mais que font donc les historiens patentés qui, eux, sont payés pour noter et diffuser cette histoire qui est la nôtre? Quand je lis vos annotations historiques Mme. Morot-sir, avec beaucoup de tact et de respect, vous replacez dans leur contexte de petites ou grandes erreurs qui ont pu se glisser dans la pensée et les écritures de personnes dûment honnêtes et bien intentionnées. Cette façon de faire vous honore et je dois dire que je lis toujours avec délectation vos propos finement exprimés.
    Nous, Québécois, trouvons en vous une grande amie comme nous aimerions aussi en avoir sur notre propre territoire. À quand l’entraide réelle parmi nous, prémices à notre maturité politique ?
    Ivan Parent

  • Archives de Vigile Répondre

    16 septembre 2010


    Oh ! que si il nous est plus que compté — le temps, chère Marie-Hélène. Vous le savez, je tente de le dire de toutes les façons... au risque de me faire lapider en ligne.
    Merci infiniment de ce rappel historique. Quand on a une Histoire comme la nôtre, et surtout quand on la connaît un tant soi peu, on ne peut s'empêcher de vouloir de toute son âme que tout ce qui a été fait par nos valeureux ancêtres ne se perde pas dans les brumes du temps, ou chez les marchands de miroirs du boulevard Tachereau.
    «... Et si vous n'avez pas, dès ce jour
    le sentiment relatif de votre durée
    alors il est inutile de vous transmettre
    il est inutile de regarder devant
    car devant, c'est derrière
    la nuit, c'est le jour...
    Et pourtant... la solitude...» — Ferré
    André Vincent