Anglicisation rapide de Montréal - St-Pierre juge l'étude du PQ «alarmiste»

La ministre reconnaît que la situation du français sera toujours une préoccupation

Anglicisation du Québec

Selon l’étude du Parti québécois, d’ici 2016, le poids des francophones à Montréal perdra 6,8 points et se situera à 43 %.

Photo : Jacques Grenier - Le Devoir

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Robert Dutrisac - Québec — La ministre responsable de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre, qualifie d'«alarmiste» une étude du Parti québécois qui conclut à l'anglicisation rapide de la grande région de Montréal, et en particulier de l'île de Montréal.
Intitulée Le Grand Montréal s'anglicise: esquisse du vrai visage du français au Québec, l'étude, préparée pour le député de Borduas, Pierre Curzi, porte-parole de l'opposition officielle en matière de langue, conclut que l'anglais a un pouvoir d'attraction cinq fois plus grand que le français sur l'île de Montréal. Dans la couronne de Montréal, la situation n'est guère mieux: même si les francophones y sont 11 fois plus nombreux que les anglophones, il y a presque autant de personnes dont la langue maternelle n'est pas l'anglais et qui adoptent cette langue comme langue d'usage qu'il y a de personnes dont le français n'est pas la langue maternelle et qui adoptent le français comme langue d'usage. En matière de transfert linguistique, l'avantage est donc clairement à l'anglais, constate cette étude.
On savait depuis l'étude du démographe Marc Termote, qui s'est basée sur le recensement de 2006, que le nombre de personnes de langue maternelle française sur l'île de Montréal était passé sous la barre des 50 %, soit à 49,8 %, en baisse de 3,4 points de pourcentage en cinq ans. À ce rythme, d'ici 2016, le poids des francophones perdra 6,8 points et se situera à 43 %, relève l'étude du PQ. Quant à la proportion de personnes dont la langue d'usage est le français, elle a reculé de 56,4 % à 54,2 % entre 2001 et 2006 sur l'île de Montréal. Selon une projection citée dans cette étude, il n'y aura plus en 2031 que 43 % des montréalais dont le français sera la langue d'usage.
Dans un entretien accordé au Devoir, Christine St-Pierre a souligné, hier, que bien que le nombre de personnes qui parlent français à la maison ait baissé sur l'île de Montréal, la place du français dans les milieux de travail est stable. Bien des francophones ont quitté l'île pour la couronne, ce qui s'est traduit sur l'île par une hausse de la proportion d'allophones qui parlent leur langue à la maison. Dans ce cas, c'est la langue d'usage public qui compte, estime Mme St-Pierre.
La ministre a toutefois reconnu que la situation du français est «fragile» en Amérique du Nord. «La situation du français à Montréal, ce sera toujours une préoccupation pour le parti qui sera au pouvoir parce qu'il y a une forte attraction de l'anglais», a-t-elle dit. Mme St-Pierre a affirmé que le PQ «n'a pas le monopole» de la protection de la langue. «Le PQ, on le sait, c'est leur fonds de commerce, la langue. M. Curzi essaie par tous les moyens de faire lever ce dossier-là», a-t-elle accusé.
«On semble bien se diriger vers une situation de bilinguisme sur l'île de Montréal», s'inquiète Pierre Curzi. Il a cité l'exemple de la région de l'Outaouais, où le bilinguisme qui y règne avantage l'anglais.
Le député n'a pas joint à l'étude les recommandations qui en découlent afin qu'elles soient débattues au préalable dans les instances du parti. Mais il est clair qu'à ses yeux, des modifications à la Charte de la langue française, bien que nécessaires, ne seront pas suffisantes.


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