Durant ses neuf années auprès de Stephen Harper (dont cinq au bureau du premier ministre), Dimitri Soudas a eu de nombreux accrochages avec les médias, mais au moins il était capable de s'exprimer dans les deux langues officielles, ce qui devrait être, après tout, un préalable pour le porte-parole du premier ministre d'un pays officiellement bilingue.
Il maniait parfois le sarcasme envers les médias et laissait à l'occasion la colère teinter des courriels peu élogieux envoyés avant même que le journaliste visé n'ait eu le temps de finir son premier café, mais jamais, au grand jamais, ne l'a-t-on entendu tenir des propos désobligeants sur le Québec ou à propos des francophones.
Il faut dire que M. Soudas est montréalais d'origine, bilingue (trilingue, si on ajoute le grec, la langue de ses parents) et qu'il connaît bien le Québec. On ne peut pas, visiblement, en dire autant de son successeur, Angelo Persichilli.
Question, donc: pourquoi Dimitri Soudas (et ses collègues) ont-ils laissé un candidat comme M. Persichilli se faufiler au poste de directeur des communications du premier ministre?
Personne ne me fera croire que le bureau du PM n'était pas au courant des propos de l'ancien chroniqueur. Le Toronto Star n'est tout de même pas une feuille de chou confidentielle lue en cachette dans les milieux underground de Toronto, et le Hill Times, journal hebdomadaire gratuit consacré aux affaires politiques et parlementaires, est immanquable sur la colline.
Les propos méprisants de M. Persichilli à l'endroit du Québec (une province qui se lamente contre le reste du pays qui paye ses factures) et des francophones (trop nombreux à Ottawa! Celle-là, c'est la meilleure !) ainsi que sa méconnaissance du français auraient dû le disqualifier pour un poste aussi délicat. Toutefois, le premier ministre semble penser que la connaissance intime des médias ethniques acquise par son nouveau directeur des communications supplante largement les inconvénients d'une telle nomination au Québec.
Autrement dit, le potentiel de croissance des conservateurs n'est pas au Québec, mais plutôt auprès des communautés culturelles du reste du pays.
À la lumière des résultats du 2 mai, Stephen Harper a sans doute raison, mais en nommant Angelo Persichilli, il banalise et cautionne même dans une certaine mesure l'idée qu'il ne sert à rien de vouloir «contenter le Québec» et qu'il y a trop de francophones à Ottawa.
Les voyages de la GG
Loin de moi l'idée d'excuser les nombreux voyages en avion de l'ex-gouverneure générale Michaëlle Jean aux frais des contribuables. En tant qu'ancienne journaliste, elle aurait dû sentir l'air du temps un peu mieux et savoir que la population a la mèche courte pour ce genre de choses ces années-ci. D'autant que Son Excellence a effectué ces vols au moment où sortaient, à Québec, les histoires de dépenses somptueuses de sa subalterne, Lise Thibault.
Manque de retenue et de jugement, certes, mais à ce que je sache, ce n'est pas Mme Jean qui exigeait de voler à grands frais dans des avions gouvernementaux.
Rideau Hall possède un terrain immense, mais il n'y a pas d'aérodrome privé derrière la résidence du gouverneur général et celui-ci ne se pose pas en hélicoptère devant sa porte après sa journée de travail, comme le fait le président des États-Unis. Quelqu'un, quelque part, dans la machine gouvernementale, a autorisé ces vols, au mépris des saines règles de gestion des fonds publics.
Fallait-il absolument aller chercher Michaëlle Jean en France, en 2007 (et l'y ramener) à prix d'or pour qu'elle préside la cérémonie du remaniement ministériel (mineur en plus)?
Non, évidemment. Le protocole prévoit la liste des remplaçants par ordre hiérarchique en cas d'absence. Par contre, si le gouverneur général n'est pas présent à ce genre d'événement, on dira qu'il ne sert à rien. On tourne en rond.
La morale de cette histoire, c'est que tant que l'on traînera cette coûteuse relique monarchique qu'est le poste de GG, il faudra bien payer pour ce genre de largesses.
En plus, on pourra bientôt transporter Son Excellence dans des avions de la Royal Canadian Air Force.
Pauline Marois «sauvée»?
Affaiblie par les démissions et les critiques, Pauline Marois a survécu à un caucus crucial, cette semaine. Elle peut maintenant se préparer plus sereinement à la rentrée.
Cela ne veut toutefois pas dire qu'elle soit sortie de l'auberge. En fait, elle est tranquille jusqu'aux prochains sondages.
L'ouverture aux votes libres des députés à l'Assemblée nationale sera perçue comme un pas dans la bonne direction par les électeurs, mais les souverainistes «pressés» retiendront surtout de ce caucus que Mme Marois tient mordicus à son approche de «gouvernance souverainiste».
Les états généraux souhaités par la chef péquiste risquent donc de se transformer en une séance de défoulement collectif plutôt qu'en un grand rassemblement d'unité retrouvée.
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