Aller simple pour l’enfer

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L'armement nucléaire a tout changé à la géopolitique mondiale

Demain, on soulignera avec un éclat particulier le 100e anniversaire de l’armistice qui mit fin à la guerre de 1914-1918.


Cette boucherie fit près de 19 millions de morts et un nombre effarant d’estropiés.


Beaucoup d’historiens font de cette guerre le cas type du conflit que personne ne voulait vraiment, ou du conflit qui aurait pu n’être que régional, mais qui a fait escalade.


Alliances


Comment est survenue cette plongée collective dans l’abîme ?


En juin 1914, le prince héritier de l’Empire austro-hongrois et sa femme sont assassinés par un nationaliste serbe à Sarajevo.


L’Autriche-Hongrie déclare donc la guerre à la Serbie, mais un traité la lie à l’Allemagne, puis à l’Empire ottoman.


La Russie veut soutenir la Serbie, mais elle aussi est liée par traité à la France et à la Grande-Bretagne.


Quand votre allié est attaqué, vous l’êtes aussi. Tous sont entraînés. Les autres pays doivent ensuite choisir leur camp.


La guerre aurait donc résulté d’une combinaison de traités rigides, de mauvaises communications et d’erreurs de lecture des intentions de l’autre.


Cette interprétation, celle d’une Barbara Tuchman ou d’un A.J.P. Taylor, longtemps dominante, est critiquée par des historiens, comme Dale Copeland, qui pensent que l’Allemagne voulait la guerre et que l’assassinat en Serbie servit de prétexte.


L’Allemagne a encouragé l’Autriche-Hongrie à « punir » la Serbie, sachant que cela entraînerait l’implication de la Russie, ce qui la justifierait de lancer une guerre préventive pour, supposément, « contenir » l’agressivité des autres.


Une question surgit : est-ce que cela pourrait se reproduire aujourd’hui ?


C’est une question cruciale parce que chaque époque a la prétention idiote de croire qu’elle est plus futée que la précédente.


Roger Cohen suggérait que les ambitions de la Russie de Poutine vis-à-vis de l’Ukraine ou des États baltes pourraient forcer d’autres puissances à s’en mêler.


Gideon Rachman pointait du doigt le potentiel de dérapage des tensions entre la Chine et le Japon pour la mainmise sur des archipels dans cette partie du Pacifique.


Et il y a toujours le Moyen-Orient.


Par contre, Stephen Walt, professeur à Harvard, soutient que la Chine a décidé d’asseoir son hégémonie sur sa puissance économique.


Elle travaille à convaincre les alliés traditionnels des États-Unis qu’elle serait une partenaire plus fiable.


Il est donc difficile de croire que la Chine utiliserait ses capacités militaires face à un Japon soutenu par les États-Unis.


Il pourrait certes y avoir des affrontements armés pour des morceaux de territoires éloignés et peu stratégiques, mais on n’attaquerait pas frontalement le cœur d’un autre pays.


Dissuasion


Quelle est la différence fondamentale entre aujourd’hui et il y a 100 ans ?


Que cela plaise ou pas, c’est la dissuasion par l’arme nucléaire qui, indéniablement, a le plus contribué à ce que les conflits, pour atroces qu’ils soient tous, restent locaux ou régionaux.


Celui qui attaquerait avec l’arme nucléaire serait lui-même détruit.