Pas de répit pour les ministres des Finances et les hauts responsables de l'Europe cet été. Leurs vacances, s'ils en prennent, seront troublées par les difficultés de la zone euro.
On l'a vu au cours de la dernière semaine. La zone euro est comme un barrage fragilisé en trop d'endroits. Le pire est à peine évité qu'une nouvelle faille se déclare, attirant l'attention sur d'autres encore et ravivant les craintes d'une réaction en chaîne.
Les sorties contre les agences de notation montrent à quel point la situation est tendue. S'il est vrai que les récents avis de Moody's et de Standard&Poor's ne facilitent en rien les interventions, on n'a jamais grand crédibilité à accuser le messager.
Insinuer, comme l'a fait le président de la Commission européenne, que les agences sont biaisées parce qu'elles ne sont pas européennes, est aussi ridicule que désespéré. C'est d'ailleurs oublier un peu vite que la troisième en importance, Fitch, est contrôlée par une firme française, et que l'un de ses deux sièges sociaux est à Londres.
Et suggérer, comme plusieurs, que l'Europe règle le problème en créant sa propre agence de notation n'est guère mieux. Quelle espèce de crédibilité aurait une firme contrôlée par les États dont elle évalue la solvabilité? Si la crise financière ne nous a pas fait comprendre le danger des cotes insuffisamment critiques, nous n'apprendrons jamais.
Cela dit, le timing de Moody's sur le Portugal n'est pas très élégant non plus. En abaissant la note à long terme du pays au niveau spéculatif juste après que les ministres des Finances de la zone euro se furent entendus pour soutenir la Grèce, l'agence a l'air de jouer les zélateurs. Dire que le Portugal pourrait avoir besoin d'un autre plan de sauvetage n'est pas excessif. Mais en le disant à ce moment précis, qui lui garantissait un maximum de visibilité, Moody's a surtout donné l'impression de servir sa propre image, en cherchant à faire oublier la réputation de complaisance héritée de la crise financière.
Le président du Conseil européen a convoqué une nouvelle réunion d'urgence à Bruxelles aujourd'hui. Officiellement, il y sera seulement question de l'aide à la Grèce. Mais selon des sources citées par Reuters, la situation italienne sera également au menu. L'écart de rendement entre ses titres de dette et ceux de l'Allemagne, qui a atteint vendredi son plus haut niveau depuis la création de l'euro, a de quoi rendre nerveux. La taille de l'économie italienne, nettement plus importante que celles de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal combinées, rend un sauvetage difficilement envisageable. L'Europe ne peut pas se permettre une fissure à cet endroit.
«Nous sommes au début de la crise européenne, nous n'en avons pas encore vu 30%», a affirmé récemment un gestionnaire de fonds spéculatif à Bloomberg. Autant se faire à l'idée: l'été européen sera chaud, mais pas reposant.
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