Air Canada et Transat A.T. ont indiqué jeudi matin avoir signé une entente d’exclusivité qui permettrait ultimement à Air Canada d’acquérir le transporteur et voyagiste québécois.
Dans le cadre de cette entente, Air Canada offre 13 $ par action de Transat, sur une base diluée, soit environ 520 millions de dollars au total.
L’entente d’exclusivité prévoit une période de négociation de 30 jours entre les parties, au terme de laquelle la transaction serait conclue.
Les deux parties assurent que « des fonctions-clés » seraient ainsi maintenues au siège social à Montréal et que la transaction permettrait de « conserver des emplois de grande qualité au sein de la direction générale ».
Travailleurs inquiets
L’un des syndicats qui représentent quelques milliers d’employés chez les deux transporteurs, à savoir les mécaniciens, employés qui travaillent au cargo et sur la rampe, soit l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale, admet « une certaine inquiétude » pour les emplois.
« Toutes les fois qu’il y a quelque chose comme ça qui se passe, c’est sûr que les gens se posent des questions à savoir ce qui va arriver. Malheureusement, pour le moment, on a beaucoup plus de questions que de réponses », a commenté en entrevue Dave Chartrand, coordonnateur québécois du syndicat AIMTA, affilié à la FTQ.
« On a fait la demande à l’employeur Air Canada d’avoir des rencontres avec le syndicat dans les semaines à venir pour nous donner des informations, nous laisser savoir quelles sont les intentions et vers où on se dirige avec cette transaction-là », a précisé M. Chartrand.
« La priorité numéro un pour nous, c’est le maintien des emplois, le maintien des conditions de travail des gens, dans les deux entreprises et s’organiser pour qu’on n’ait pas de coupures, pas de réduction ou quoi que ce soit », a ajouté M. Chartrand.
Un autre syndicat affilié à la FTQ, le Syndicat canadien de la fonction publique, représente les agents de bord au sein des deux transporteurs aériens.
Transaction
Air Canada a précisé qu’elle n’aurait pas besoin d’avoir recours à du financement pour procéder à la transaction, le cas échéant. La société dispose déjà en effet de tous les fonds nécessaires.
La transaction est toutefois sujette à l’approbation par les autorités réglementaires, par les actionnaires, ainsi qu’aux compléments de vérifications.
Les deux transporteurs n’ont pas voulu accorder d’entrevue. Mais dans un communiqué, le président et chef de la direction de Transat, Jean-Marc Eustache, a qualifié cette entente exclusive avec Air Canada de « bonne nouvelle pour Transat ».
« C’est l’occasion de s’adosser à une grande entreprise qui connaît et comprend notre métier et qui a un succès incontestable dans le voyage. Ceci représente la meilleure perspective non seulement de maintien, mais de croissance à long terme de l’activité et des emplois que Transat a développés au Québec et ailleurs, depuis plus de 30 ans », a souligné M. Eustache.
De son côté, le président et chef de la direction d’Air Canada, Calin Ravinescu, a décrit l’éventuelle transaction comme « une excellente occasion pour les parties prenantes des deux sociétés », puisque celles-ci « profiteront d’une sécurité d’emploi et de perspectives de croissance améliorées ». Il y voit également un avantage pour les voyageurs canadiens, « qui profiteront de la capacité accrue de la société fusionnée ».
Transat a fait savoir que son conseil d’administration avait accepté l’entente d’exclusivité avec Air Canada en se basant sur la recommandation unanime d’un comité spécial formé d’administrateurs indépendants, avec l’aide de conseillers financiers et juridiques.
Le conseil d’administration de Transat souligne que le prix proposé de 13 $ par action représente une prime de 148,5 % par rapport au cours moyen pondéré de l’action en fonction du volume pour les 20 jours qui ont précédé la date du 30 avril dernier, lorsque Transat a annoncé des discussions avec différents groupes pouvant mener à son acquisition.
Air Canada dessert 11 aéroports au Québec. Il est parmi les 20 plus importantes sociétés aériennes au monde. Il a desservi 51 millions de clients en 2018. Les actions de Transat ont clôturé à 10,58 $ à la Bourse de Toronto mercredi.
Transat A.T. est une entreprise intégrée dans le voyage vacances, qui compte 5000 employés.
Québec voit d’un bon oeil l’entente intervenue entre Transat et Air Canada
L’entente qui est intervenue entre Transat et Air Canada est une « bonne nouvelle », selon le premier ministre François Legault.
En mêlée de presse jeudi, M. Legault s’est réjoui du fait que le siège social d’Air Canada soit à Montréal. Il est certain pour lui que si Air Canada achète Transat, le Québec se retrouvera avec un siège social « solide qui va pouvoir continuer de se développer ».
Il souhaite par ailleurs qu’un plus grand nombre d’administrateurs d’Air Canada soient localisés au Québec. « Ce que j’aimerais c’est qu’il y ait 100 % de la haute direction d’Air Canada qui soit à Montréal, donc on va avoir des discussions. »
M. Legault a profité de l’occasion pour réitérer ses inquiétudes quant aux vols domestiques offerts par Air Canada. Il avait déjà demandé au transporteur d’instaurer des prix maximums pour certaines régions au Québec.
Selon le premier ministre, à l’heure actuelle, « il y a de l’abus parce qu’il y a un monopole sur certains vols domestiques. C’est ma plus grande préoccupation », a-t-il dit.Caroline Plante