En lançant sa nouvelle revue Front populaire, Michel Onfray entendait dépasser les vieux clivages devenus obsolètes. Il a oublié qu'il y en a un qui reste indépassable : la connerie. Abel Mestre et Lucie Soullier du Monde le lui ont rappelé. Journalistes en service commandé, adeptes des enquêtes bâclées, ils ont consulté la liste des abonnés. Le Monde vient de lui accrocher un énième complot rouge-brun. Décryptage de notre expert en complot rouge-brun.
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- Pascal Eysseric
- 22 mai 2020
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Comme la recette du « cake d’amour » de Catherine Deneuve dans Peau d’âne, celle du complot rouge-brun répond à des critères bien précis, depuis le 12 janvier 1991, date du premier complot rouge-brun répertorié dans les annales de la cuisine politicienne française. À savoir la manifestation anti-guerre du Golfe, au cours de laquelle Alain de Benoist se retrouva au premier rang, bras dessus, bras dessous avec Henri Krasucki, patron de la CGT à sa droite, et Alain Krivine, chef de la Ligue communiste révolutionnaire à sa gauche. À l’époque, même ténu et circonscrit à une manifestation d’un jour, les journalistes s’appuyaient-ils encore sur un fait et sur un journal L’Idiot international où Jean-Edern Hallier avait réuni tous les anticonformistes du moment. Plus besoin des faits aujourd’hui. Abel Mestre et Lucie Soullier du Monde viennent d’inventer une nouvelle recette du complot rouge-brun… Le complot à l’abonnement à la revue de Michel Onfray !
Déroulons la recette du complot rouge-brun
– Prendre deux rubricards du Monde en panne d’idées (ici Abel Mestre et Lucie Soullier, à l’époque Alain Rollat).
– Choisir la personnalité (ici Michel Onfray, à l’époque la succession de Georges Marchais) dont le succès à gauche peut gêner quelques ambitions présidentielles (ici Jean-Luc Mélenchon, à l’époque Robert Hue).
– Éplucher la liste des abonnés de la revue de Michel Onfray Front populaire qui n’a encore rien publié mais qui compte près de 17 000 souscripteurs, signe tout de même d’un certain succès.
– Sélectionner 7 noms sur 17 000 dans une liste d’abonnés qui vont dans le sens de la thèse de départ.
– Y apposer avec la vigueur qui convient l’étiquette infamante « d’extrême droite ».
Ajouter une pincée de soufre
– En interroger certains mais surtout ne pas publier les réponses en entier qui pourraient faire retomber le soufflet.
– Ajouter une pincée de soufre. Demander à Alain de Benoist, grand complotiste en chef, s’il s’est abonné à Front populaire. Etant donné que notre éditorialiste est abonné à près d’une centaine de revues dans le monde au bas mot, il y a peu de risques de se tromper.
– Bien agiter le spectre du GRECE (la Nouvelle Droite) devenue au fil du temps – et sous la plume des journalistes qui n’ont jamais assisté au moindre colloque ni lu la moindre ligne émanant du GRECE* pour 99,9 % d’entre eux–, une structure maléfique et « antidémocratique » qui voulait manger les petits enfants.
– Ne pas hésiter à utiliser avec force moulinet un fouet pour faire monter la mousse. Exemple : donner la parole à Stéphane François, « expert » en climatologie nazie et en soucoupes volantes.
Si la mousse ne monte pas assez haut…
– Appeler en urgence un comparse de Libération pour qui « l’extrême droite » se camoufle en brun et vert » et qui jettera un zeste de complot vert sur le brouet rouge-brun.
– Si la mousse ne monte pas encore assez haut : ajouter un soupçon d’antisémitisme et citer Henry Coston pour en faire un précurseur de l’écologie (qui doit se retourner dans sa tombe).
Plus c’est gros, plus ça passe : le lecteur du Monde, de Libération et l’auditeur de France Inter peuvent goûter au cake du complot rouge-brun. Il a pourtant comme un sale goût de déjà-vu. Mais c’est ainsi que Michel Onfray, après avoir été la coqueluche de Daech se retrouve être la coqueluche de l’extrême droite…
* Et pour cause : nous commençons à peine le colossal chantier du numérisation de l’ensemble des archives du GRECE, dont quelques-unes seulement sont disponibles.