Affaire Couillard: Québec est entraîné dans la controverse

Le ministère de la Sécurité a accordé un contrat à une firme fondée par l'ex-conjoint de Julie Couillard

"L'affaire Maxime Bernier"



Québec - Le gouvernement Charest se retrouve entraîné bien malgré lui dans la controverse entourant la démission de Maxime Bernier. Le ministère de la Sécurité publique a accordé en 2006 un contrat de surveillance de détenus à la firme dont l'ex-conjoint de Julie Couillard, Robert Pépin, était un des fondateurs, un homme qui avait un dossier criminel et des liens avec les Hells Angels.
Lors de la période questions à l'Assemblée nationale, le député de Richelieu et porte-parole de l'opposition péquiste pour le Conseil du trésor, Sylvain Simard, a révélé que le ministère de la Sécurité publique a signé avec la firme Agence d'investigation et sécurité D.R.P, de Laval, un contrat d'une valeur de 166 655 $ pour «le gardiennage des personnes incarcérées dans les centres hospitaliers», selon la liste des engagements financiers du ministère. Les déboursés ont été finalement de 158 552 $, selon le ministère.
«Il y a eu un contrat attribué par le ministère de la Sécurité publique à une firme liée au milieu criminel», a accusé M. Simard, qui a dit souhaiter que cette situation soit imputable à du laxisme. «La meilleure des hypothèses, c'est qu'on n'a pas fait attention. La pire hypothèse, c'est: qui a influé pour que ce contrat soit attribué?»
Pris au dépourvu à l'Assemblée nationale, le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, flanqué de son sous-ministre, Paul Girard, a tenu un point de presse en fin de journée après avoir vérifié les faits. «C'est un pétard mouillé», a soutenu le ministre. La firme D.R.P détenait un permis conforme pour des activités de gardiennage. La Sûreté du Québec a réalisé en 2004 une enquête de sécurité avant d'accorder un permis. Des enquêtes de sécurité ont été faites à l'endroit du père de Robert Pépin, Denis Pépin, un policier à la retraite de la Ville de Montréal, «représentant et seul actionnaire et administrateur» de D.R.P., selon le communiqué diffusé hier par le ministère. Denis Pépin n'a pas de dossier criminel.
Or Gestion Robert Pépin, une firme que contrôlait Robert Pépin, est à l'origine de la firme D.R.P, fondée en novembre 2003, dont les initiales signifient Denis et Robert Pépin. En outre, selon le registre des entreprises, Denis Pépin n'est pas l'actionnaire unique de D.R.P. mais son actionnaire majoritaire. Le sous-ministre Paul Girard a indiqué que la SQ s'était fiée à une déclaration écrite produite par Denis Pépin.
La firme D.R.P. n'a obtenu ce contrat de gardiennage que pour un an, d'avril 2006 à en mars 2007. C'est le directeur de l'Établissement de détention de Saint-Jérôme qui a attribué le contrat par voie d'un appel d'offres dans lequel D.R.P. fut le seul soumissionnaire jugé conforme. En mai 2007, Robert Pépin qui, selon La Presse, devait environ un million de dollars à divers créanciers, dont un shylock lié aux Hells Angels, s'est pendu dans les locaux de la firme D.R.P. La firme est inactive depuis ce temps et n'a pas obtenu d'autres contrats du gouvernement.
Jacques Dupuis s'est voulu rassurant hier. Il a souligné que l'agence D.R.P. ne s'occupait pas du transport des détenus. Le représentant de la firme, Denis Pépin, détenait un permis, tout comme les agents de sécurité, employés par D.R.P., qui étaient chargés de surveiller les détenus pendant leurs séjours à l'hôpital. Aucune évasion ni autre incident n'a été rapporté.
En 2004, Julie Couillard a vécu avec Robert Pépin et a été vice-présidente et actionnaire de D.R.P., a rapporté La Presse. Mme Couillard a rompu avec M. Pépin au début de 2005.
En décembre 2007, l'Agence d'investigation et de sécurité D.R.P. a été impliquée dans des opérations illégales menées par l'ancien pasteur Rocco Di Stefano, qui poursuivait des activités de courtier en valeurs mobilières sans en avoir le droit. À la suite d'une enquête, l'Autorité des marchés financiers (AMF) a frappé d'interdiction M. Di Stefano et sa firme Zema Finances tout en lui imposant des amendes relatives à 46 chefs d'accusation et totalisant plus de 400 000 $. Le ministère de la Sécurité publique n'était pas au courant de l'implication de D.R.P. dans cette affaire.


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