Action démocratique du Québec - À droite toute

L'Action démocratique ne pourra s'imposer que marginalement en s'attaquant ainsi au rôle de l'État.

Élection Québec - 8 décembre 2008

Arrivée deuxième lors de l'élection de 2007, l'Action démocratique pourrait terminer la présente campagne électorale en troisième place, avec un nombre de sièges à l'Assemblée nationale considérablement réduit. Pour éviter le pire, Mario Dumont tire dans toutes les directions, mais surtout à droite. C'est là qu'il peut marquer des points.
Partant défavorisé, le chef adéquiste a tout de même la chance dans cette élection de voir le Parti libéral de Jean Charest se déplacer vers le centre de l'échiquier. Ce parti est devenu tout ce qu'il n'était pas aux deux élections précédentes. Il est progressiste, voire parfois
social-démocrate. Il est nationaliste et, s'il le faut, défenseur de l'autonomie du Québec.
Les libéraux étant maintenant partisans de l'extrême centre, Mario Dumont a pour lui seul la partie droite de l'échiquier où il peut évoluer à sa guise. Et il ne s'en prive pas. Il reprend ainsi à son compte l'idée de la réingénierie de l'État, dont Jean Charest se faisait le champion en d'autres temps. Un gouvernement de l'ADQ reverrait le «modèle québécois». L'État prendrait une forme plus moderne, plus flexible et plus simple. D'entrée de jeu, il réduirait les dépenses gouvernementales de deux milliards, dont un milliard de subventions aux entreprises, et il abolirait les programmes et les ministères jugés non performants. Une plus grande place serait faite au privé, à commencer dans la propriété d'Hydro-Québec, dont une partie serait privatisée.
S'il le faut, Mario Dumont n'hésite pas aussi à renouer avec ses vieux discours de 2007 où il flattait les réflexes xénophobes sur le thème des accommodements raisonnables. Habile à exploiter les malaises sociaux, il a repris des mains de la Coalition pour la liberté en éducation le flambeau du retour de l'enseignement religieux à l'école pour attaquer avec force , dimanche, le cours Éthique et culture religieuse. Il décrit ce cours, conçu par ceux-là «qui se battent par toutes sortes de moyens détournés pour qu'il n'y ait plus d'arbres de Noël dans les classes», comme la négation de l'identité québécoise dont on gomme tous les repères.
Sa dénonciation ne vise rien d'autre que de rallier les parents catholiques, ou ultracatholiques comme les Bérets blancs, réunis au sein de cette coalition qui, depuis des mois, est en campagne contre ce cours avec l'appui de l'archevêque ultramontain de Québec, le cardinal Marc Ouellet. Mario Dumont dit ne pas vouloir le retour des cours de catéchèse, mais ce que réclame cette coalition est le retour des cours de religion à l'école. La différence est mince.
La campagne électorale ne fait que commencer. Il y aura d'autres occasions où le chef adéquiste cherchera à exploiter les sentiments des électeurs contre le pouvoir de l'État. Son slogan, «Donnez-vous le pouvoir», est une invitation à se rebeller contre ce qu'il appelle la «social-bureaucratie». Sauf que ce slogan est a contrario dans un contexte de crise économique où l'on attend de l'État qu'il soit davantage présent.
L'Action démocratique ne pourra s'imposer que marginalement en s'attaquant ainsi au rôle de l'État. Ce n'est pas sans raison que le premier ministre Jean Charest a repositionné son parti au centre, où se trouve la majorité. N'ayant ni programme cohérent ni équipe de candidats prête à assumer le pouvoir, le chef adéquiste n'a d'autre choix que de faire du mieux qu'il peut sur le terrain qu'il connaît le mieux. Peut-être saura-t-il ainsi préserver une partie des 41 sièges obtenus au scrutin du 26 mars 2007.
bdescoteaux@ledevoir.com


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