S'il y a un domaine où la victoire des libéraux, il y a deux ans, avait suscité des attentes, c'est bien celui de l'économie.
Le court règne de Pauline Marois n'avait pas été très heureux à ce chapitre. Philippe Couillard et son équipe ont donc cru que le simple fait de renverser les péquistes et de reprendre le pouvoir suffirait à remettre l'économie sur ses rails, à relancer l'emploi, la croissance et les investissements. C'est ce qu'ils ont appelé, en campagne électorale, l'effet libéral.
Et bien, ce n'est pas arrivé. L'effet libéral n'a pas joué. L'emploi a repris une progression raisonnable, quoique modeste, mais reste bien loin du rythme de 50 000 par année imprudemment promis en campagne. La croissance a été anémique en 2015, elle sera faible en 2016, et il semble qu'elle le restera dans les années à venir.
Entendons-nous. Ce n'est pas la catastrophe. Ça ne va pas vraiment mal.
Le taux de chômage est bas, les investissements reprennent. Mais l'économie québécoise n'est pas très performante et manque de dynamisme. Et c'est comme ça depuis des décennies. Ce qu'on peut reprocher au gouvernement Couillard, c'est de ne pas être capable, pas plus que ses prédécesseurs, de secouer cette torpeur.
Avant d'aller plus loin, il faut rappeler que ce ne sont pas les gouvernements qui produisent la richesse, qui investissent, qui créent les emplois. En outre, la santé de l'économie dépend très souvent de facteurs sur lesquels ils n'ont aucun contrôle, comme, cette année, le ralentissement mondial ou l'effondrement des prix du pétrole. Ce que le gouvernement peut faire, par contre, c'est de créer des conditions qui favoriseront la croissance, qui augmenteront le potentiel de succès de l'économie québécoise.
Il faut aussi dire que les libéraux, à leur arrivée au pouvoir, ont été confrontés à une impasse financière plus profonde que ce que l'on pouvait imaginer. La lutte contre le déficit est devenue la grande priorité du gouvernement Couillard. Elle a drainé les énergies, réduit les ressources disponibles pour le développement économique et certainement ralenti l'économie.
Mais cela n'explique pas tout. Il manque quelque chose. Par exemple, le troisième budget Leitao, en principe celui qui devait marquer l'entrée dans une nouvelle phase de l'action gouvernementale après deux ans d'austérité, n'avait pas l'énergie et l'effervescence auxquelles on s'attend lorsqu'on annonce un nouveau départ. Et ce n'est pas seulement parce que le gouvernement libéral n'a pas encore de marge de manoeuvre.
Ce qui manque, c'est d'abord un sens des priorités et ensuite du leadership. Le gouvernement Couillard, s'éloignant de la tradition libérale, n'a pas fait de l'économie sa grande priorité.
Pas seulement les bulldozers et le béton, mais les bons réflexes pour mesurer les impacts économiques des décisions que l'on prend. Par exemple, un gouvernement vraiment préoccupé par l'économie n'aurait jamais fait de coupes dans les dépenses d'éducation quand on sait à quel point c'est un ingrédient essentiel du succès économique.
L'autre faiblesse, liée à la première, c'est l'absence au sein du gouvernement d'une voix économique forte capable d'exercer un leadership dans le domaine. Depuis des décennies, la plupart des gouvernements, à Québec comme à Ottawa, ont pu compter sur un ministre économique très fort, qui jouit de la confiance du premier ministre. Jacques Parizeau a joué ce rôle, comme Bernard Landry ou Raymond Bachand, ou encore Paul Martin.
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