(Québec) De 550 000 à 600 000 emplois ont été perdus au Québec jusqu’ici en raison de la crise de la COVID-19, estime le gouvernement Legault, qui annonce un programme de 100 millions dans l’espoir de maintenir des travailleurs en emploi.
Les pertes d’emploi, « ça augmente de jour en jour. Est-ce qu’en date de ce jour, on est à 550 000, 600 000 emplois perdus au Québec ? Je vous dirais que c’est approximativement le nombre d’emplois perdus. Mais, encore une fois, c’est une estimation », a affirmé le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, en conférence de presse lundi.
Il a rappelé que Statistique Canada publiera cette semaine son étude sur la population active, ce qui permettra d’avoir « un portrait beaucoup plus clair de la situation de l’emploi au Québec ».
Il a annoncé un nouveau programme de 100 millions de dollars afin de « permettre aux entreprises de garder leurs employés plus longtemps, retourner les travailleurs en emploi dès que possible et optimiser le fonctionnement des entreprises ».
Ce nouveau « Programme actions concertées pour le maintien en emploi » (PACME) vise à subventionner les entreprises afin de couvrir les coûts d’activités de formation et de financer la réorganisation du travail en vue de la reprise des activités. Rappelons que Québec a prolongé la fermeture des commerces et des entreprises non essentiels jusqu’au 4 mai.
« Je veux encourager tous les employeurs et entrepreneurs du Québec à profiter de ce ralentissement pour augmenter en qualité les compétences de leurs employés et préparer leur retour en prévision de la relance économique », a-t-il affirmé. « Nous souhaitons que les entreprises puissent se préparer à la relance et éviter au maximum toute perte d’emploi. »
Québec rembourse 100 % des dépenses admissibles, jusqu’à concurrence de 100 000 $. Parmi ces dépenses, on compte par exemple les honoraires du formateur, l’achat de matériel et les frais de gestion des ressources humaines.
Au surplus, Québec finance le salaire des travailleurs en formation jusqu’à un maximum de 25 $ l’heure, pour 25 % à 100 % des heures totales rémunérées. Ce sera modulé en fonction du programme d’urgence sur les subventions salariales annoncé par Ottawa.
« Ce qui est important, c’est de travailler de façon à ce que nos programmes soient complémentaires, s’imbriquent bien avec les programmes fédéraux, notamment les subventions salariales. Si une entreprise a une baisse de revenus de 30 % et bénéficie d’une subvention salariale de 75 %, notre offre de formation, les heures rémunérées en formation seront jusqu’à concurrence de 25 % des heures rémunérées. Donc, on veut s’assurer qu’il y ait une symbiose complète et éviter les dédoublements », a expliqué M. Boulet.
Toutes les entreprises sont admissibles, peu importe leur taille, qu’elles fassent partie ou non des services essentiels. Elles peuvent soumettre les demandes jusqu’au 30 septembre auprès de Services Québec.
« Les formations admissibles peuvent viser les compétences numériques, la communication organisationnelle, les langues, le télétravail, le marketing, le commerce en ligne, le développement des affaires ou toute formation qui vise fondamentalement à rehausser le savoir-faire des employés », a énuméré M. Boulet.
Il a donné des exemples concrets : « Un restaurateur qui doit réduire le nombre d’heures de ses travailleurs puisqu’il ne prépare que des commandes pour l’heure du lunch, il pourrait donc compenser la réduction de salaire de ses employés en leur offrant une formation pour perfectionner leurs techniques culinaires. Le travailleur pourrait ainsi augmenter ses compétences, continuer de recevoir son salaire malgré une diminution de ses heures de travail. Ou encore un fabricant de portes et fenêtres pourrait offrir une formation de design ou de commercialisation à ses travailleurs pour augmenter leur productivité et ainsi bénéficier d’une subvention des salaires pour les heures de formation rémunérées. »
On favorise évidemment les formations en ligne ou à distance, et les entreprises doivent respecter les règles sanitaires du gouvernement.
Le PACME a été élaboré en collaboration avec la Commission des partenaires du marché du travail, où siègent le patronat, les syndicats et le milieu de l’éducation, entre autres. Le Conseil du patronat du Québec, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante et la Fédération des chambres de commerce du Québec ont salué l’annonce.
Jean Boulet chiffre à environ 1 milliard de dollars les sommes qu’il a annoncées sous forme d’aides de toutes sortes depuis le début de la crise.