2018 en 4 R

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Rupture, redécouverte, remémoration et reconquête

Le temps des bilans est presque terminé, celui des prévisions ou des souhaits de la nouvelle année est arrivé. Que pouvons-nous espérer pour 2018 ?


Il faut dire que les dernières années ont été particulièrement pénibles. La société québécoise semble en voie de décomposition, comme si elle programmait son propre suicide tranquille.


Elle ne croit plus en elle-même, non plus qu’en son avenir. Mais on peut se dire qu’après avoir touché le fond, elle rebondira. On lui prescrira donc, pour cette année électorale qui pourrait lui donner un nouvel élan, un traitement en quatre R.


Québec


Le premier R, c’est la rupture. Avec quoi devons-nous rompre ? Avec le sentiment d’impuissance écrasant qui s’est abattu sur le Québec depuis une vingtaine d’années – depuis l’échec référendaire de 1995, en fait.


Si les Québécois, individuellement, sentent qu’ils peuvent réussir et que le monde est à leur portée, comme peuple, ils ne se croient plus capables de grand-chose.


Collectivement, ils se laissent aller. Ils veulent seulement être bien gérés et se contenter de leur vie ordinaire, à laquelle ils vouent un culte. C’est avec cette dépression masquée par notre culture pseudo-festive qu’il faut rompre.


Le deuxième R, c’est la redécouverte de la liberté d’expression. C’est une tâche vitale.


En 2017, on l’a bien senti, les nouveaux curés qui surveillent la morale publique ont rajouté quelques couches au politiquement correct.


Il nous faudra redécouvrir le droit de parler en nous fichant de leurs sermons idéologiques et de leur prétention à distribuer ou retirer des permis de parole publique.


Les Québécois devraient avoir le droit de débattre collectivement sans qu’on hurle sans cesse au « dérapage » ou au propos scandaleux.


Le troisième R, c’est la remémoration. Nous sommes dans la société du présent perpétuel.


Le passé ne nous intéresse plus, sinon l’accuser de tous les torts possibles, comme si nous trouvions une grande satisfaction morale à mépriser nos ancêtres.


Pourtant, en méditant sur notre histoire, nous pourrions jeter un regard original sur notre présent. Notre peuple a déjà traversé des années difficiles. Il pourrait en tirer quelques leçons. Nos grands historiens comme François-Xavier Garneau, Lionel Groulx, Maurice Séguin ou Fernand Dumont, ont encore des choses à nous dire.


La connaissance de l’histoire est essentielle à la réflexion politique.


Demain


Rebâtir, enfin : c’est le dernier R. Je parle ici aux souverainistes. Longtemps, ils étaient la force culturelle et intellectuelle dominante au Québec. Ils canalisaient l’énergie québécoise.


Aujourd’hui, ils sont en déclin. Même si par miracle, ils remportaient les élections en 2018, ils ne seraient pas capables de tenir un référendum. Si la tendance se maintient, ils seront battus en octobre.


Il faudra ensuite rebâtir le mouvement souverainiste, car le peuple québécois ne peut pas écarter complètement la possibilité de l’indépendance sans s’enfermer pour de bon dans le Canada comme dans une prison.


Rebâtir, cela veut dire renouer avec les raisons fortes, réveiller la conscience nationale de la jeunesse, affronter les interdits idéologiques, rassembler les bonnes volontés.


En gros, les Québécois ont du boulot ! Bonne année 2018 !