Dans un entretien accordé à La Presse hier, Gérard Bouchard, certainement le théoricien le plus important du multiculturalisme québécois, même s’il s’entête à l’appeler interculturalisme, a fait un plaidoyer pour une politique massive de quotas à l’embauche en faveur des immigrés, qu’il croit exclus de notre société.
Immigration
Pour Bouchard, les nouveaux arrivants doivent bénéficier de la discrimination positive. Entre un Québécois non immigré et un immigré, il faut préférer le second à l’embauche pour favoriser son insertion sociale, économique et culturelle.
En gros, le Québécois « de souche » sera exclu formellement de certains postes à cause de son origine, et l’immigré sera favorisé pour les obtenir à cause de la sienne.
Bouchard sait qu’une telle politique heurtera ceux qui s’opposent à toute forme de discrimination basée sur l’ethnie ou le sexe. Alors, il précise : « Mais il faudrait que ce soit enveloppé dans un discours politique qui rend la chose acceptable à l’ensemble de la population. Autrement, ça va passer pour une injustice, pour des privilèges aux immigrants ».
Autrement dit, Bouchard souhaite qu’on enrobe sa politique discriminatoire contre les non-immigrés dans une propagande mielleuse qui la rendra plus digeste. Au moins, il est honnête dans la méthode.
On voit là par ailleurs la grande contradiction du discours immigrationniste.
D’un côté, on en appelle à des seuils d’immigration toujours plus élevés au nom des besoins du marché du travail.
De l’autre, on constate que les immigrés peinent à s’intégrer économiquement.
Racisme
Devant ce constat, la seule esquive possible pour nos multiculturalistes, c’est d’accuser la société québécoise de racisme systémique : nous rejetterions les gens dont nous aurions besoin.
Il faudrait conséquemment qu’on nous rééduque pour nous délivrer de nos travers et mieux servir nos intérêts.
La réalité est autre : nous n’avons pas besoin d’immigration massive et nous ne sommes pas racistes. Mais dire cela, médiatiquement, c’est courir après le scandale.