L’année qui se termine a été marquée par des défaites majeures pour les acteurs de l’industrie pétrolière et gazière au Québec, mais aussi par des dossiers fauniques qui interpellent notre capacité à protéger les milieux naturels. Coup d’oeil sur des dossiers environnementaux qui ont marqué la dernière année.
La fin du très controversé pipeline Énergie Est.
1er août 2013. TransCanada annonce son intention de construire un pipeline, Énergie Est, qui doit traverser le Québec sur 625 kilomètres. Trois semaines après la tragédie de Lac-Mégantic, l’entreprise insiste sur la sécurité des pipelines par rapport aux trains. L’argument de la pétrolière sera d’ailleurs repris par les élus, dont Philippe Couillard et Justin Trudeau.
Le projet de TransCanada suscite toutefois de multiples controverses : port de Cacouna, traversées de dizaines de cours d’eau majeurs, passages sur des terres agricoles, refus de l’entreprise de respecter les lois environnementales du Québec, etc. Sans oublier le débat sur les émissions de gaz à effet de serre imputables au pétrole qui devait circuler dans le plus gros pipeline en Amérique du Nord.
Le projet, qui n’a pourtant jamais été rejeté par les gouvernements du Québec et du Canada, a finalement été abandonné en octobre. Il n’aura jamais franchi l’étape de l’évaluation environnementale.
Les écologistes ont crié victoire. Mais selon des analystes du secteur énergétique, sa construction n’était plus nécessaire. Bref, la logique d’affaires a tué ce pipeline de la controverse. D’ailleurs, on n’entrevoit aucune multiplication des convois pétroliers ferroviaires, contrairement à ce que prédisaient les partisans du projet en cas d’abandon d’Énergie Est.
Anticosti : de la saga pétrolière au patrimoine mondial.
L’année 2017 s’est terminée par la décision du gouvernement fédéral d’inscrire l’île d’Anticosti sur sa liste des sites du patrimoine mondial au Canada. Tout un revirement de situation pour cette île sise en plein coeur du golfe du Saint-Laurent, mais aussi au coeur d’une saga pétrolière pendant plus de six ans.
Dès 2011, les révélations concernant un hypothétique pactole pétrolier ont en effet attisé les convoitises, surtout dans la classe politique québécoise. Pourtant, aucun gros joueur international du secteur pétrolier ne s’est montré désireux d’investir dans l’exploration sur Anticosti.
Il aura fallu attendre que le Parti québécois injecte 115 millions de dollars en 2014 pour que les travaux soient lancés. Mais à Paris, en décembre 2015, Philippe Couillard a choisi de prendre ses distances par rapport au projet. Après un affrontement avec ses partenaires, dont Pétrolia, le gouvernement a mis fin au contrat l’été dernier, avant de dédommager les entreprises impliquées.
Est-ce que Québec aura maintenant de l’argent pour aider Anticosti à assurer la survie, mais aussi le développement de sa petite communauté insulaire ?
Les caribous de Val-d’Or déménagés au zoo ?
21 avril 2017. Le Devoir révèle que le gouvernement Couillard a décidé d’envoyer les derniers caribous forestiers de la région de Val-d’Or au Zoo de Saint-Félicien. Ils ne sont plus qu’une quinzaine dans cette région, à vivre dans un habitat de plus en plus perturbé par l’industrie forestière et les projets miniers.
Auparavant, au début de 2017, le gouvernement a autorisé l’entreprise EACOM à construire un chemin forestier au coeur du territoire protégé de ces caribous, malgré l’avis défavorable de ses propres experts de la faune. Un projet de mine d’or à ciel ouvert doit aussi voir le jour dans leur habitat.
La décision sans précédent du gouvernement, qui ne s’appuie sur aucune étude scientifique, a soulevé une vive controverse. Le Zoo de Saint-Félicien a finalement décidé de se retirer du projet.
Les caribous de Val-d’Or, eux, sont visiblement condamnés à disparaître. Et le déclin de cette espèce menacée se poursuit au Québec tandis que les mesures de protection de l’habitat sont toujours insuffisantes, selon Environnement Canada.
Mortalité inquiétante de baleines noires dans le golfe du Saint-Laurent.
Il y a d’abord eu un cas, puis un autre, puis six cas de baleines noires de l’Atlantique Nord retrouvées mortes dans le golfe du Saint-Laurent. Au bout du compte, elles ont été pas moins de 12 à mourir dans les eaux canadiennes cette année. Une situation sans précédent pour cette espèce en voie de disparition, dont la population se résume à environ 450 individus.
Il faut dire que ces cétacés sont de plus en plus présents dans le golfe, alors que leur habitat estival traditionnel se situait davantage dans la baie de Fundy et le long de la côte est américaine. Pourquoi une telle mortalité dans le golfe ? Les nécropsies réalisées sur certaines carcasses ont démontré que des collisions avec les navires seraient en cause.
Dans l’urgence, le fédéral a donc annoncé, le 11 août, l’imposition d’une limite de vitesse dans une vaste zone du golfe. Une mesure qui a eu des impacts économiques sur l’industrie maritime. Que se passera-t-il en 2018 ? On ne sait toujours pas si la limite de vitesse sera maintenue ni si des mesures de protection particulières seront mises en place. Les autorités américaines, qui ont investi des millions de dollars pour sauver l’espèce, auront le Canada à l’oeil.
Des enjeux environnementaux à surveillerUne Loi sur les hydrocarbures, finalement.
Le gouvernement Couillard doit publier rapidement la version définitive des règlements de mise en oeuvre de la première Loi sur les hydrocarbures. La fracturation hydraulique devrait être au menu. Mais est-ce que les forages seront autorisés près des milieux habités ou des territoires protégés ? Chose certaine, la controverse sera au rendez-vous.
Électrifier les transports, et vite.
La ministre de l’Environnement, Isabelle Melançon, promet que la nouvelle norme « véhicules zéro émission » permettra d’atteindre l’objectif de 100 000 véhicules électriques ou hybrides au Québec en 2020. Avec environ 20 000 véhicules actuellement, nous sommes loin du compte. Est-ce que Québec ajoutera d’autres mesures, comme le souhaitent les écologistes ?
Vers la création d’une aire marine protégée ?
Le gouvernement fédéral et celui du Québec ont promis d’annoncer, au début de 2018, la création d’une aire marine protégée de 1000 km2 à la pointe de la Gaspésie, le banc des Américains. Mais pour le moment, les projets censés augmenter la protection des eaux du Saint-Laurent et de sa biodiversité tardent à se concrétiser. La décision du fédéral de protéger finalement l’habitat critique du béluga pourrait changer la donne.
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