15 ans après, le 1er mai 2017 entérine un virage dans le paysage politique français

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Et un autre virage s'annonce pour très bientôt


Alors qu'en 2002 le pays vivait un raz-de-marée anti-FN avant le second tour, la situation a fondamentalement changé 15 ans plus tard. Les syndicats sont divisés, la mobilisation faible, et les slogans autant contre le FN que contre son adversaire.

A moins d'une semaine du second tour de la présidentielle, la journée du 1er mai 2017 marque un tournant dans la vie politique française. Là où 15 ans plus tôt, la mobilisation des Français avait été énorme en réaction à la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, celle de sa fille Marine Le Pen semble désormais être un événement politique plus acceptable et accepté.

En effet, au delà des chiffres de la mobilisation qui ne sont pas comparables (dix fois moindre selon le ministère de l'Intérieur), son adversaire Emmanuel Macron concentre autant les critiques qu'elle. Si ce qui avait caractérisé le 1er mai 2002 est le nombre de manifestants, 2017 a pour sa part été marqué par la forte tension qui règne dans la rue.

1er mai 2002 : 1,3 millions de Français contre Jean-Marie Le Pen 

1er mai 2002, à l'aube d'un second tour entre Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac, la France descend dans la rue à l'appel unanime des syndicats. La CGT, la CFDT, FO, la FSU et l’Unsa veulent d'une même voix «faire barrage» au dirigeant du Front national. Selon le ministère de l'Intérieur, c'est 1,3 millions de Français dont 400 000 à Paris qui se rassemblent dans les rues du pays pour montrer leur mécontentement.

1er mai 2017 : 142 000 Français contre l'affiche du second tour

En ce 1er mai 2017, le Front national est de nouveau au second tour, pour la deuxième fois de son histoire. Mais cette fois-ci, les syndicats ont célébré la fête des travailleurs en ordre dispersé. Le mot d'ordre n'est en effet plus le même pour tous. Si la CFDT et l'Unsa appellent clairement à voter pour Emmanuel Macron, la CGT insiste pour sa part dans un communiqué sur la nécessité de «rupture avec les politiques libérales», tout en réaffirmant «son combat contre l'extrême droite et la nécessité de lui faire barrage en toutes circonstances». La différence – notable – est partagée par FO, Solidaires et la FSU qui ont défilé à ses côtés.

«On n’est plus en 2002. Avec la CFDT, il y a une différence d’appréciation de fond sur l’analyse des raisons qui amènent le FN», a d'ailleurs déclaré le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.

Un constat qui explique en partie la faible mobilisation des Français en 2017. Selon le ministère de l'Intérieur, 142 000 personnes ont défilé dans toute la France (deux fois plus selon la CGT), soit dix fois moins qu'il y a quinze ans. Ils étaient 30 000 à Paris (80 000 selon la CGT), et si les slogans contre le FN étaient toujours bien présents dans les cortèges, Emmanuel Macron, l'éminence grise de loi travail, a tout autant cristallisé l'attention des mécontents.

1er mai 2002 : aucun incident à déplorer

Auteur: Ina Politique

Le 1er 2002, malgré une mobilisation gigantesque, aucun incident notable n'avait été à déplorer. Les Français avaient battu le pavé dans le calme, comme l'avait noté le préfet de police de Paris de l'époque Jean-Paul Proust. Dans une interview sur France 3 il confiait que la police faisait face à «un problème de masse plus que d'ordre public traditionnel».

1er mai 2017 : la manifestation dégénère et six policiers sont blessés

Auteur: RT France

L'autre différence notable en 2017, c'est qu'avec une mobilisation dix fois moindre, ce 1er mai 2017 a pourtant donné lieu a de nombreux incidents. Outre la casse matérielle (abribus et vitrines endommagées), le cortège a en outre dû s'arrêter à plusieurs reprises, pendant que des individus positionnés à l'avant de la manifestation, faisaient face à des cordons de policiers avec des projectiles et des cocktails Molotov.

Six policiers ont été blessés lors de ces heurts avec les manifestants, ce a qui notamment poussé la candidate du Front national a déclaré qu'elle ne voulait plus voir «cette chienlit et ce laxisme dans [les] rues».


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