Non à l'accommodement provincial
4 avril 2007
Je suis 200% d'accord avec votre analyse de l'élection du 26 mars dernier. Malheureusement, les vrai(e)s indépendantistes parmi le dernier contingent de candidat(e)s du Parti Québécois qu'André Boisclair a envoyé(e)s à l'abattoir ont tou(te)s été battu(e)s. J'en ai été témoin dans L'Assomption. L'écoeurement des électeurs était tel qu'on a préféré élire des "pancartes" de Mario Dumont (les candidat(e)s étaient souvent à la fois inconnu(e)s de la population et invisibles sur le terrain). À titre d'exemple, mon propre patron, résident de St-Jean-sur-Richelieu, m'a livré le même témoignage. Également, Daniel Fournier, candidat libéral arrivé troisième dans le comté de Pointe-aux-Trembles, a confié au journal local L'Avenir que le candidat adéquiste (qui a fini au deuxième rang après André Boisclair) ne s'était à peu près jamais pointé dans le comté pendant la campagne!
De ce que j'ai jugé à partir du pointage téléphonique, je dirais que les "sympathisant(e)s" péquistes ont voté, en moyenne, à 80% pour le parti, 15% pour le candidat (Jean-Claude St-André était apprécié pour sa grande franchise, sa ténacité et son attachement aux gens du comté) et à peine 5% pour le chef. Certains "indécis" nous ont avoué demeurer près du parti, mais la plupart ne nous ont pas caché leur extrême déception envers le chef et le Parti Québécois lui-même au point de refuser de changer d'avis, même en citant les divergences d'opinion de leur député avec la "ligne de parti". Il n'y avait absolument rien à faire. La nouvelle de la défaite de Jean-Claude et du quasi-balayage adéquiste dans les régions de Lanaudière et des Laurentides a été une terrible douche froide pour tout le monde.
Mon pronostic sombre de la semaine précédant la rencontre d'André Boisclair avec les président(e)s de comté s'est ainsi réalisé. Je prévoyais, en effet, que le PQ allait même perdre son titre d'opposition officielle.
Après avoir dû, à contrecoeur finalement, se ranger derrière le chef et réprimer nos critiques (au point d'en perdre toute crédibilité lorsque Boisclair a déliré au point de promettre SON référendum même dans un contexte de gouvernement minoritaire), ce sera indiscutablement le chef et ses conseillers qui devront rendre des comptes aux membres du parti. En fait, le poids de la défaite incombe également aux prédécesseurs d'André Boisclair, Bernard Landry et Lucien Bouchard ayant aliéné les souverainistes à la cause et au parti la défendant à cause des décisions radicales et improvisées (mise à la retraite de milliers de médecins et d'infirmières, coupures aveugles pour atteindre le déficit zéro, fusions municipales forcées, réforme de l'enseignement, etc.) qu'ils n'ont jamais cherché à excuser ni justifier de manière cohérente avec la raison d'être du parti.
Donc, si le parti refuse de revenir essentiellement à sa mission fondamentale (faire l'indépendance du Québec) et, encore plus, omet de revoir sa stratégie pour, enfin, revenir à l'approche élective et aux "gestes de rupture", je considère que nous nous devrons de fonder rapidement un nouveau parti politique prônant un tel programme (que nous pourrions nommer "Parti National" ou tout simplement "Ralliement pour l'indépendance nationale" par respect pour les d'Allemagne, Chaloult et Bourgault) et refusant par principe toute gouverne provinciale. Le parti, comme certains l'ont proposé, devrait même prévoir sa propre dissolution au lendemain de la réalisation de son objectif, pour signifier implicitement la nécessité du réalignement politique des partis lors de la construction du nouveau pays du Québec.