Le spectacle offert par le Parti libéral du Québec, dans le dossier de la Charte, est si affligeant qu'il est peut-être en train de compromettre ses chances de reprendre le pouvoir.
Le spectacle offert par le Parti libéral du Québec, dans le dossier de la Charte, est si affligeant qu'il est peut-être en train de compromettre ses chances de reprendre le pouvoir.
Jamais n'a-t-on vu un parti représentant l'opposition officielle aussi mal préparé sur un enjeu aussi important.
Il y a plus de six mois qu'on discute de la Charte et plus d'un an qu'on la voit venir. Tout le monde a une opinion sur la question - tout le monde, sauf le PLQ!
De ce côté, on ne compte plus les virages et les tergiversations.
Un jour, c'est Philippe Couillard qui proclame solennellement qu'il faudra lui «passer sur le corps» pour retirer à quiconque le droit d'afficher un signe religieux.
Et puis voilà le porte-parole du parti, Marc Tanguay, qui s'accroche dans les plis du tchador, un vêtement iranien dont il n'avait jamais été question auparavant et qu'on ne voit pas à Montréal.
Fidèle au principe préalablement mentionné par M. Couillard - l'obligation de garder le visage découvert - M. Tanguay répond candidement à la question piège d'une journaliste: oui, il accepterait une députée en tchador puisque ce vêtement ne cache pas le visage.
Crise de la députée Houda-Pépin. Le chef du parti, qu'un rien semble suffire à déstabiliser, contredit M. Tanguay et fait tomber la règle du «visage découvert»: non, il n'y aura pas de candidate libérale en tchador... On est en plein surréalisme: comment croire qu'une femme en tchador voudrait devenir députée... et serait élue?! Un vrai leader aurait refusé d'épiloguer sur cet absurde scénario.
Volte-face encore plus spectaculaire, le chef libéral accepte finalement de se faire «passer sur le corps» ! Il est maintenant prêt à interdire les signes religieux aux agents incarnant un pouvoir coercitif.
Dans les feux croisés de la commission parlementaire, un comité du caucus libéral s'affaire encore à définir une position officielle, dans une ambiance tendue, le responsable du comité, Gilles Ouimet, étant à couteaux tirés avec Mme Houda-Pépin, qui considère qu'en tant que Marocaine d'origine, elle doit avoir la main haute sur le dossier.
Elle-même serait à concocter un projet assez brumeux contre l'intégrisme, un faux-fuyant qui n'a rien à voir avec la Charte.
Suit une nouvelle volte-face: M. Tanguay affirme maintenant qu'une femme en tchador ne pourra être enseignante ou éducatrice. Ah bon? On bannit le tchador, mais pas le niqab? Est-ce à dire qu'on ouvre la porte à l'interdiction des signes religieux dans l'enseignement? Apparemment pas, car cela se ferait, dixit M. Tanguay, «au cas par cas».
Non, mais y a-t-il un patron dans la salle? Le chef du parti sera-t-il capable de trancher quand ses députés se chamaillent, lui qui fut invisible et inaudible pendant tout l'automne, alors que le débat public battait son plein et que le PLQ nageait dans la confusion?
Une réunion des parlementaires libéraux est prévue pour lundi... Mais même si M. Couillard réussit à prendre le contrôle de la situation et à articuler une position claire et cohérente, l'improvisation et les cafouillages qui ont marqué ces derniers mois auront semé de sérieux doutes sur ses capacités de leadership.
Le pire, c'est que le dossier de la Charte était en principe fait sur mesure pour le chef libéral: cela aurait pu lui donner l'occasion rêvée d'affirmer les valeurs du libéralisme, c'était aussi un enjeu de nature philosophique auquel un intellectuel comme lui aurait pu brillamment s'attaquer.
Hélas, sous sa gouverne, l'opposition officielle a failli à son devoir. Heureusement que des organismes sérieux - le Barreau, la Commission des droits de la personne, les universités, combien d'autres - ont pris le relais.
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