C'est une conséquence directe du rétablissement des sanctions par Washington contre Téhéran : les entreprises ayant des activités en Iran vont devoir y mettre un terme rapidement. Cela concerne quelques géants français, qui s'y sont réimplantés.
La décision du président Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien a pour conséquence le rétablissement des sanctions concernant les entreprises américaines mais aussi les sociétés européennes qui avaient recommencé à commercer avec Téhéran, et notamment quelques géants français.
Les responsables américains ont en effet insisté pour que les entreprises européennes se conforment elles aussi au rétablissement des sanctions. Le conseiller à la sécurité nationale John Bolton a d'ailleurs fait savoir que le rétablissement des sanctions américaines était effectif immédiatement pour les nouveaux contrats, précisant que les entreprises déjà engagées en Iran auraient quelques mois pour en sortir. Un délai qui ira selon le Trésor américain de 90 à 180 jours.
Total, Airbus, Renault, PSA sous la menace
Outre l'avionneur européen Airbus – tout comme l'américain Boeing – les constructeurs automobiles français Renault-Nissan et PSA pourraient ainsi être touchés, ainsi que le pétrolier Total.
Airbus a enregistré des commandes de compagnies aériennes iraniennes (Iran Air Tour, Zagros Airlines) pour 100 avions au total, dont des A320neo, valorisées à près de 10 milliards de dollars. L'avionneur européen possède des usines aux Etats-Unis, et un nombre important de pièces comprises dans ses appareils sont fabriquées sur le sol américain, ce qui le soumet automatiquement aux sanctions américaines.
Renault, qui a vendu plus de 160 000 voitures en Iran l'an dernier, pourrait aussi être touché en raison de la présence aux Etats-Unis de Nissan, à qui il est associé. Son compatriote PSA est quant à lui déjà bien implanté en Iran, où il a une part de marché de 30%. Absent des Etats-Unis depuis 1991, PSA a indiqué en janvier songer à lancer un service d'autopartage dans une ou deux villes américaines auquel il pourrait devoir renoncer.
La major pétrolière Total, associée au groupe chinois CNPC, a signé un accord portant sur un investissement de 5 milliards de dollars pour exploiter le gisement South Pars mais avait prévenu que le maintien de cet accord dépendait de la position de Washington sur le nucléaire iranien.
La présidence s'engage à défendre les intérêts des entreprises européennes
La présidence française a réagi à ces injonctions, estimant que les modalités pratiques de ces sanctions n'étaient pour l'instant «pas très précises». Elle a en outre assuré qu'elles feraient «l'objet de discussions très serrées avec l'administration américaine», afin de défendre les intérêts des entreprises européennes.
«Nous allons tout faire, en lien avec nos entreprises, pour défendre et protéger leurs intérêts et maintenir les effets incitatifs de l'accord. Nous allons traiter avec les Etats-Unis au niveau de l’Union européenne, pour des raisons politiques, pratiques et juridiques», a ainsi soutenu l'Elysée.
Interrogés notamment sur l'avenir des ventes d'Airbus à l'Iran, les conseillers d'Emmanuel Macron ont répondu que «les choses avaient déjà commencé à se gripper» dans l'attente de la décision de Donald Trump. «Il y a d'une part les contrats, d’autre part les décisions américaines. Nous avons besoin d'un peu de temps pour avoir ce dialogue [avec l'UE, les Etats-Unis et les entreprises]», ont-ils expliqué.
Notant lors d'un entretien à France Culture que la France avait multiplié par trois son excédent commercial avec l'Iran sur les deux dernières années, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire craint que ces mesures aient des «conséquences» pour les entreprises françaises. Il a par ailleurs jugé «inacceptable» que les Etats-Unis se placent en «gendarme économique de la planète», déclarant lui aussi qu'il allait échanger avec ses homologues européens pour voir quelle réaction adopter face à ces sanctions.