J’ai écrit plusieurs fois concernant la prudence financière du gouvernement libéral. Ce qui fut qualifié d’austérité en début de mandat consistait à garder sous contrôle la croissance des dépenses. L’opération fut un succès grâce à une combinaison de discipline gouvernementale et de croissance économique favorable.
Il fallait s’attendre à ce que le gouvernement délie les cordons de la bourse cette année. D’abord parce qu’il en a la marge de manœuvre, mais aussi parce que les élections approchent et il est de bon aloi, semble-t-il, de faire goûter à la population les fruits de la saine gestion.
Suis-je le seul à trouver que le gouvernement y va assez allègrement ? Il me semble qu’on roule à un rythme d’environ un milliard par semaine ces temps-ci. Baisses de taxes ou hausses de dépenses, nous n’avons pas fini d’analyser une bonne nouvelle au coût de quelques centaines de millions qu’une autre nous arrive.
Les milliards pleuvent
Nous avons eu les réductions d’impôt, le chèque annuel de 100 $ pour le matériel scolaire, des réinvestissements en santé et en éducation, puis une substantielle baisse des taxes scolaires au coût de 600 millions. Puis le week-end dernier, trois autres milliards sur cinq ans consacrés à la lutte à la pauvreté.
Prises individuellement, ces mesures servent toutes des causes louables et se justifient très bien. Mais le portrait d’ensemble nous renvoie l’image d’un gouvernement qui dépense comme un marin soûl. Nous sommes loin de la rigueur qui régnait en début de mandat.
On dirait que Justin Trudeau s’est immiscé à la cachette dans les réunions du cabinet Couillard. Durant ces trois semaines, le gouvernement a dépassé l’attente naturelle de la population d’un accroissement de ses dépenses en année électorale. Il en a mis plus que le client en demandait.
Philippe Couillard promet un nouveau Québec. Je tiens à lui rappeler qu’un Québec au gouvernement dépensier, c’est tout sauf nouveau. Un Québec qui vit au-dessus de ses moyens, ce n’est pas exactement nouveau non plus.
Dangers
Il y a des dangers bien réels à changer aussi abruptement son message. D’abord, dans toute l’administration publique, si le message général devient feu vert à la dépense, le gouvernement Couillard va se réveiller avec de mauvaises surprises. Cette immense machine à dépenser qu’est l’État s’emballe vite dès qu’on allonge sa laisse.
L’autre danger, c’est qu’un tel accroissement des dépenses pour l’année en cours et les suivantes exige que l’économie continue à bien rouler. Malheureusement, les ralentissements économiques sont cycliques. Ils reviennent.
L’une des raisons pour lesquelles j’appréciais la prudence budgétaire du début de mandat, c’est que le Québec solidifiait ses assises pour faire face aux intempéries. Ce serait malheureux de compromettre cela dans une frénésie électorale.
Le Parti libéral pose tous ces gestes pour regagner la faveur de l’électorat. Il me semble pourtant que cette équipe fut à son sommet lorsque les politiques de rigueur budgétaires étaient en application. Il faut convaincre les électeurs, pas les acheter.
Pour mettre fin aux annonces coûteuses... VITE LES VACANCES !