Virulente charge de Trump contre l’Allemagne au sommet de l’OTAN

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L'Allemagne est dépendante de la Russie sur le plan énergétique et dépendante des États-Unis sur le plan militaire

Donald Trump a lancé mercredi, au premier jour du sommet de l’OTAN, une attaque frontale contre l’Allemagne, accusée d’«enrichir» la Russie et de ne pas contribuer suffisamment aux efforts militaires de l’Alliance.


Très remonté, le président américain est resté sourd aux tentatives d’explications du secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg qu’il a rencontré avant l’ouverture officielle du sommet à Bruxelles.


«L’Allemagne est complètement contrôlée par la Russie (...) elle est prisonnière de la Russie», a-t-il tonné dans une longue diatribe contre la première puissance économique de l’UE.


«Elle paie des milliards de dollars à la Russie pour ses approvisionnements en énergie et nous devons payer pour la protéger contre la Russie. Comment expliquer cela ? Ce n’est pas juste», a-t-il encore asséné.


La Maison-Blanche a ensuite annoncé que M. Trump, qui doit rencontrer lundi à Helsinki son homologue russe Vladimir Poutine, aurait un tête-à-tête mercredi avec la chancelière allemande Angela Merkel.


Le président américain a dénoncé à plusieurs reprises le projet de doublement du gazoduc Nord Stream reliant directement la Russie à l’Allemagne et exige son abandon.


L’attaque lui permet d’enfoncer un coin dans l’unité des Européens, car le projet les divise. La Pologne estime ainsi que l’Europe n’a pas besoin de ce projet.


Nord Stream 2 «est un exemple de pays européens qui fournissent des fonds à la Russie, lui donnent des moyens qui peuvent être utilisés contre la sécurité de la Pologne», a soutenu le chef de la diplomatie polonaise Jacek Czaputowicz à son arrivée au siège de l’OTAN.


Les pays de l’UE importent deux tiers de leurs besoins de consommation. En 2017, ceci a représenté une facture totale de 75 milliards d’euros, selon les statistiques européennes. À ce jour, la moitié du gaz acheté est russe, mais les Européens cherchent à briser cette dépendance.


Les États-Unis sont engagés dans une stratégie de conquête de marchés pour leur gaz naturel. Ils ont exporté 17,2 milliards de m3 en 2017, dont 2,2% par méthaniers vers les terminaux de l’Union européenne.


«Langage très direct»


M. Trump s’en est aussi pris plus généralement aux membres de l’OTAN qui “ne payent pas ce qu’ils devraient” pour leurs dépenses militaires.


Le chef de l’OTAN a reconnu que le président américain avait utilisé un «langage très direct» mais a assuré que les Alliés étaient d’accord sur les dossier cruciaux: la nécessité de renforcer la résilience de l’Organisation, la lutte antiterroriste et le partage plus équitable du fardeau financier.


De fait, les Européens appréhendaient un sommet de l’OTAN acrimonieux et difficile.


Le président des États-Unis avait quitté Washington d’humeur belliqueuse, déclarant, avec le goût de la provocation qui est le sien, que sa rencontre avec le président Russe Vladimir Poutine prévue lundi à Helsinki pourrait être «plus facile» que le sommet de l’OTAN.


Ce comportement exaspère sur le Vieux continent.


Rompant avec le ton policé de ses prédécesseurs, le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, l’a interpelé mardi pour lui dire combien ses critiques presque quotidiennes étaient déplaisantes et l’a invité à «mieux considérer» ses alliés «car l’Amérique n’en a pas tant que ça».


Il lui a également rappelé que l’Europe avait été “la première à réagir” après les attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain.


L’Allemagne doit payer


Les Alliés se sont engagés en 2014 à consacrer 2% de leur PIB à leur défense en 2024, mais une quinzaine d’États membres, dont l’Allemagne, le Canada, l’Italie, la Belgique et l’Espagne sont sous la barre de 1,4% en 2018 et seront incapables de respecter leur parole, ce qui ulcère Donald Trump.


Sa tirade contre Berlin mercredi matin s’est inscrite dans cette logique.


«L’Allemagne est un pays riche. Elle peut augmenter sa contribution dès demain sans problème», a-t-il affirmé.


Les Alliés souhaitent avoir des éclaircissements sur les intentions du président américain avant sa rencontre avec son homologue russe.


«Nous serons en mesure de discuter avec lui pendant le sommet de la relation entre l’OTAN et la Russie. Il est important que l’OTAN reste unie», a plaidé M. Stoltenberg.


Toutes les décisions qui seront souscrites durant le sommet visent à renforcer la capacité de dissuasion de l’Alliance, selon le chef de l’OTAN.


«Les Alliés ne doivent pas augmenter leurs dépenses pour plaire aux États-Unis, mais parce que c’est dans leur intérêt», a-t-il estimé.


Dans le cadre de l’initiative américaine «4x30», les membres de l’OTAN vont s’engager à être en mesure en 2030 de déployer sous 30 jours 30 bataillons mécanisés, 30 escadrilles et 30 navires de combat pour pouvoir faire face à une opération militaire de la Russie, identifiée comme un potentiel agresseur.